Chapitre 9 - Partie 3

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Julia arrive sur le lieu de rendez-vous. Elle aperçoit Matthew au loin. Appuyé sur ce lampadaire, il a l’air détendu et serein. « Étrange » se dit-elle, lui qui paraît tout le temps un peu perdu et timide, là elle découvre un autre garçon. Quand il relève ses lunettes pour les poser sur le dessus de sa tête, elle est éblouie par son sourire. Il commence même à marcher en sa direction. Elle ne l’a jamais trouvé aussi beau et séduisant. Lorsqu’il est assez proche, il la prend carrément dans ses bras. Surprise, elle n’a pas l’occasion de dire quoi que ce soit, il desserre son étreinte et lui prend la main pour l’entraîner avec lui. Il n’a pas décroché un mot. En l’espace de quelques secondes, il a été plus proche d’elle qu’il ne l’a été en 2 mois. Ils entrent dans un café complètement vide. Il l’entraîne à travers la salle pour aller s’installer sur la table la plus éloignée et dans le recoin le plus sombre. Elle est tellement surprise par son attitude, qu’elle n’ose dire un mot. Il s’assoit près d’elle et plonge ses beaux yeux dans les siens. Elle est abasourdie par ce brusque changement.

— Ça va ? lui demande-t-il.

— … oui et toi ?

— Parfait, il se rapproche un peu d’elle, que veux-tu boire ?

— Je… un café noir ce sera très bien.

Il se lève et se dirige lentement vers le comptoir. Même sa démarche n’est plus la même, il est plus décidé et plus sexy aussi. Elle secoue la tête pour se sortir les drôles d’images qui lui traversent l’esprit alors que son regard s’attarde sur le corps du jeune homme. Elle se contente de l’observer, cherchant ce qui a pu lui arriver. Lorsqu’il revient avec deux tasses de café qu’il dépose sur la table, il lui sourit largement et lui fait un clin d’œil. Elle lui rend un sourire timide. Que lui arrive-t-il ?

— Tu as l’air…

— Heureux, finit-il à sa place.

— Différent.

Il boit une gorgée de café, toujours aussi lentement, ne lâchant pas une seule seconde le regard de Julia. Elle se rapproche de lui sans même s’en rendre compte.

— Je suis heureux de pouvoir partager, enfin, un moment en tête à tête avec toi. C’est tout, répond-il en posant sa tasse avant d’entrelacer ses doigts dans ceux de Julia.

Puis tout s’accélère. Elle ne comprend ni pourquoi ni comment, mais il se jette littéralement sur elle pour l’embrasser. Elle a d’abord un mouvement de recul. Puis, sentant la pression des lèvres du jeune homme plus forte, plus chaude, elle commence à se détendre un peu. De plus il s’est rapproché d’elle pour coller son corps brûlant au sien, elle peut sentir sa chaleur à travers ses vêtements. Elle finit par perdre pied et se laisser emporter par ce baiser torride. Elle l’a embrassé des dizaines de fois dans ses pensées, mais c’était toujours tendre et romantique, jamais elle n’aurait cru qu’il pouvait être aussi… bestial. Après plusieurs minutes de pure passion, il cesse de l’embrasser pour de nouveau plonger ses yeux dans les siens, il entoure son visage de ses mains et continue de déposer de doux baisers sur ses lèvres qu’elle lui rend d’ailleurs avec tout autant de douceur. Ce chaud-froid la laisse complètement folle et extatique. Après un dernier baiser aussi léger qu’une caresse, il s’éloigne d’elle juste assez pour qu’elle puisse reprendre ses esprits, mais pas assez pour que leurs corps ne se touchent plus. Elle veut lui dire quelque chose, mais rien ne peut sortir. C’est étrange comme sensation, elle ne l’a jamais ressentie. Elle avait eu plusieurs petits amis, avec qui elle avait vécu des choses extrêmement fortes, mais jamais aussi intenses. Son désir n’avait fait qu’augmenter au fil de leurs baisers et même alors qu’il avait cessé, elle n’avait qu’une envie, qu’il recommence. C’est tellement surprenant cette sensation de désir ardent, tellement nouveau.

— J’en rêvais depuis la seconde où je t’ai vue… susurre-t-il à son oreille.

Elle répond par un petit gémissement.

— Moi aussi… réussit-elle à lui répondre.

Il l’embrasse de nouveau, plus sagement cette fois, mais c’est tout aussi agréable.

— Ça va mieux ?

— Mieux ?

— Oui, tu étais souffrante hier.

— Oh ça… eh bien oui, ça va mieux après une bonne nuit.

Il l’embrasse encore.

— Tu comptes m’embrasser à tout bout de champ ? « Mais quelle idiote tu fais ! Laisse le faire voyons !»

— Ça te déplait ?

— Non bien sûr que non.

— Tant mieux, répond-il, parce que ce n’est qu’un début… il l’embrasse de nouveau et lui sourit.

— Je ne vais pas m’en plaindre.

— Bon alors, raconte-moi.

— Te raconter quoi ?

— Tout. Je veux tout savoir de toi. Dis-moi tout.

— Waw. Houla par où commencer ? « la fin du monde dans 90 jours, la Clé, l’Ange avec qui je partage mon âme ou le Protecteur que je peux apercevoir dans la rue en face du café » pense-t-elle.

— Par le début.

Elle lui sourit bêtement et se met à lui parler, totalement en confiance. Il lui pose des dizaines de questions sur sa vie, ses envies, ses projets. Il veut tout connaître sur sa famille, ses amis, tous ceux qui comptent pour elle. Elle réussit à le faire parler, mais il ne se livre que très peu rebondissant toujours sur une question la concernant. Le temps file à toute vitesse et alors que la nuit commence à tomber, elle décide, à contrecœur, de mettre un terme à ce délicieux moment.

— Il se fait tard, il va falloir que je rentre.

— Je comprends. Il l’aide à enfiler son gilet et la prend tendrement dans ses bras avant de déposer un baiser protecteur sur le haut de son crâne. Je te raccompagne.

Ils préfèrent marcher pour profiter un maximum du temps qu’ils ont encore à passer ensemble. Sous le perron de Julia, il l’embrasse une nouvelle et dernière fois et c’est tout aussi intense que la première fois bien que bien plus tendre et délicat.

— Bonne nuit… lui murmure-t-il dans un ultime baiser.

— À demain. Dors bien.

Lorsqu’elle referme la porte, elle est sur un petit nuage, elle ne se sent pas monter les escaliers ni entrer dans sa chambre, elle est perdue dans les souvenirs de cette soirée parfaite. Pourtant, assise sur son lit, l’attend Anedora, immobile.

— Anedora ? demande-t-elle, étonnée de la voir ici.

Lorsqu’elle relève la tête, elle a du mal à reconnaître son amie. Elle est livide, le teint encore plus blanc que d’ordinaire et le sang qui macule son visage ne laisse rien présager de bon.

— Que t’est-il arrivé ?

Elle se précipite vers son amie.

— Est-ce que ça va ? Anedora ?

— C’est Uriah.

— Ce n’est pas vrai ! Elle se lève et va chercher un gant d’eau froide dans la salle de bains, elle lui tend pour qu’elle essuie le sang de son visage. Que t’a-t-il fait ?

— Il m’a fait boire son sang. C’était horrible, ça me brûlait à l’intérieur et depuis je ressens quelque chose d’étrange que je n’arrive pas à nommer.

— C’est-à-dire ?

— Je n’en sais rien, on dirait que je… change.

— Quoi ?

Anedora fixe Julia de ses grands yeux verts, incrédules. En effet, elle a du mal à expliquer ce qui se passe dans son corps, qui a déjà subi pas mal de changements ces derniers temps. Son être tout entier semble vouloir exploser pour laisser éclater sa rage. Son esprit, tourmenté par des images de mort et de tristesse, brouille ses idées. Le sang agit certainement comme un poison et c’est très angoissant de ne pas savoir à quoi elle doit s’attendre. Anedora se tait puis regarde par la fenêtre.

— Adelan n’est pas avec toi ?

— Non. Enfin, il était au café, je l’ai vu dehors, mais après je ne sais pas. Il ne doit pas être bien loin.

— Il faut que je rentre. Que je questionne les bonnes personnes, dit Anedora en se levant, je voulais m’assurer que tout allait bien pour toi.

Julia se jette dans les bras de l’Ange et elle ressent toute la compassion, toute la générosité et tout l’amour de la jeune fille, ce qui la rassure un peu et lui fait beaucoup de bien.

— J’ai passé une soirée magique, déclare-t-elle en desserrant son étreinte.

— Tant mieux. Ne t’inquiète pas pour moi, tant que toi, tu vas bien, le reste n’a pas d’importance.

— Ça en a pour moi.

Julia lui sourit franchement, au bord des larmes.

— Ne t’inquiète pas.

Anedora déploie ses ailes et s’envole par la fenêtre ne laissant de sa présence qu’un courant d’air frais et bienveillant qui rassure Julia.

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