Chapitre 8 - Partie 2

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Quand Anedora atterrit dans la chambre de Julia, cette dernière est assise sur le sol, les genoux entre les bras, pleurant à chaudes larmes. Elle se précipite vers elle sans réfléchir une seconde.

— Julia… Qu’est-ce qui se passe ?

La jeune fille lève ses yeux apeurés sur elle et se jette dans ses bras.

— Il… il est… il… était… là, sanglote Julia.

— Qui ? Qui était là ? Calme-toi, respire fort, calme-toi… la console l’Ange.

— Uriah ! dit-elle en s’accrochant encore plus fort à Anedora.

— Quoi ? Ici ? Dans ta chambre ?

Elle acquiesce tentant de s’arrêter de pleurer sans succès.

— Où est Adelan ?

— Je… je… il n’était pas là quand je me suis réveillée, dit-elle secouée de sanglots.

— Il ne t’aurait pas laissé sans raison. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

Elle attrape Julia par les épaules.

— Que te voulait Uriah ? Il t’a fait du mal ?

— Non. Il voulait me parler.

— Te parler ? s’étonne Anedora

— Oui, il a essayé de faire fonctionner son truc là, son charme sur moi.

— Ça a marché ?

— Non, j’avais la pierre, assure-t-elle en la serrant dans ses mains, mais j’ai fait semblant pour qu’il croie le contraire.

— Tu as bien fait, c’était une idée brillante. Allez viens, dit-elle en l’amenant sur le lit, explique-moi, dis-moi tout ce qu’il t’a dit.

Julia respire un grand coup, a un gros sanglot bruyant et lui raconte tout ce qu’il s’est passé, tout ce qu’il a fait. Anedora écoute attentivement le récit de la jeune fille se maudissant de ne pas avoir été là pour la protéger. George avait raison, elle ne doit plus la laisser seule.

— À partir d’aujourd’hui, je te suis comme ton ombre, c’est clair ?

Elle serre Julia dans ses bras un long moment pour l’apaiser. Comme toujours, le pouvoir de l’Ange fonctionne immédiatement et Julia se sent beaucoup mieux, bien que toujours effrayée.

Son téléphone se met à vibrer et à sonner. C’est Matthew. Elle n’a pas spécialement envie de lui parler pour l’instant, elle a déjà ignoré son appel la veille. Mais tout est allé tellement vite en si peu de temps qu’elle ne sait plus quoi faire ni comment réagir. Elle hésite et c’est Anedora qui l’incite à répondre.

— Allô ?

Julia ? C’est Matthew. Ça va ?

— Oui et toi ?

Ça va. Euh… tu n’as répondu à aucun de mes textos alors je m’inquiétais.

Évidemment, elle avait perdu son téléphone donc elle n’avait vu aucun de ses fameux textos. Elle est touchée par sa préoccupation se disant que peut-être elle lui plaisait, elle tente donc de trouver une excuse qui tienne à peu près la route.

— Oh. Excuse-moi je les ai survolés, mais j’étais un peu souffrante… hasarde-t-elle peu convaincue, je n’avais pas la tête à écrire. Je suis désolée.

Ce n’est rien. Je comprends. Mais ça va mieux maintenant ?

— Oui oui beaucoup mieux. C’est gentil de demander.

C’est normal. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose.

Elle se sent rougir ce qui fait beaucoup rire Anedora.

Donc ça te dit ?

— Quoi donc ? demande-t-elle réalisant trop tard qu’il devait parler des textos qu’elle était censée avoir lus.

Tu veux bien qu’on aille boire un verre ce soir ?

— Ah ! Ça !!!

Tu es sûre que ça va ? insiste le jeune homme.

— Oui. Excuse-moi, je suis encore un peu… sonnée… mais je serai ravie de boire un verre avec toi Matthew.

Génial ! dit ce dernier enthousiaste, on ira directement après les cours, ça te va ?

— Les cours ? elle avait presque oublié qu’elle était lycéenne l’espace d’une nuit.

Oui, les cours.

— Oui. Oui bien sûr. J’ai vraiment passé une nuit terrible…

Je vois ça. Bon, je te laisse je vais être en retard. À plus tard.

— À plus tard.

Et elle raccroche. Anedora la fixe, attendant les détails de la conversation. Elle se rappela alors ce que c’était de ressentir cette sensation, les premiers émois amoureux. Ces petites choses qui font qu’une relation qui commence est si intense qu’on croirait qu’elle durera toute la vie. Les frissons qui la parcouraient lorsqu’un garçon qui lui plaisait lui parlait, la fierté qu’elle éprouvait alors que le plus populaire du lycée la draguait ouvertement, tous ces petits bonheurs qu’elle ne ressentirait malheureusement plus. C’était tellement humain. Elle était même surprise de se remémorer tout ça, depuis qu’elle était devenue un ange, elle avait quasiment oublié toutes ces sensations humaines, ce devait être dû au lien qui l’unissait à Julia.

— Je peux aller boire un verre avec lui quand même ? demande Julia tirant Anedora de ses pensées.

— Je n’y vois pas d’inconvénient, mais… je ne serai pas loin, je ne te quitte plus je te l’ai dit.

— Oui… je comprends…

Julia commence à préparer son sac de cours quand Adelan apparaît sur le rebord de la fenêtre.

— Adelan ! crie Anedora. Mais où étais-tu ?

— Je suis retourné sur les lieux de l’accident d’hier, Julia avait égaré son portable, j’ai été voir si je le trouvais… Je n’ai rien vu, désolé, dit-il à l’adresse de Julia.

Cette dernière lui montre l’appareil entre ses mains avec un air contrit.

— Tu ne l’avais pas perdu alors ! dit Adelan avec un sourire ravi.

— Si, quelqu’un me la ramené, répond celle-ci d’une voix claire.

Il regarde Anedora.

— Non, reprend Julia, c’est Uriah qui me l’a ramené.

Adelan change complètement de visage et se décompose. Pris de panique, il se perd dans des dizaines de questions, regardant Julia sous toutes les coutures pour voir si elle ne souffre pas. Anedora le rassure, tout va bien, mais son imprudence aurait pu avoir des conséquences désastreuses.

— Je ne pensais pas qu’il pourrait lui arriver quelque chose en si peu de temps, il fait jour, Uriah est une créature de la nuit, ce n’est pas dans ses habitudes d’agir à cette heure, je… je suis désolé, déplore-t-il à l’attention de Julia, il ne t’est rien arrivé ? C’est sûr ?

Il a l’air tellement inquiet qu’elle ne peut lui en vouloir bien longtemps. Anedora non plus d’ailleurs. Elle sait à quel point c’est difficile pour un protecteur lorsque son humain court un danger.

— Il ne lui a rien fait, assure Anedora en s’approchant d’Adelan pour l’apaiser, ne t’inquiète pas. Mais il ne va pas en rester là. Il a tenté d’agir avec son pouvoir, heureusement qu’elle avait son pendentif.

— Il ne l’a pas remarqué ? demande Adelan.

— J’ai fait semblant d’être sous son charme.

— C’était très rusé, lui sourit Adelan.

— Merci, répond cette dernière en endossant son sac. Bon je file en cours…

Elle sort sans plus d’explications. Tout en suivant la jeune fille, Anedora résume leur rencontre avec le fameux George Templeton. Tout se jouerait au centre de la Terre, car d’après lui, toutes les batailles ont été menées là-bas. Malheureusement les révélations du polymorphe n’avaient pas vraiment fait avancer les choses. Anedora dit à Adelan qu’elle devait revoir la vision et qu’elle lui confiait Julia.

— Je vais la surveiller. C’est mon rôle après tout.

— C’est vrai, acquiesce Anedora en lui souriant tendrement, sois vigilant.

— Je n’y manquerai pas… cette fois.

Et Anedora s’envole pour le Paradis.

***

Matthew est assis sur son lit. Il tient toujours son téléphone dans la main. Il l’a fait. Il a invité Julia à boire un verre. Depuis qu’il l’avait vue, il craquait littéralement pour elle, mais sous ses airs de tombeur se cachait un grand timide. Bizarrement, il n’avait pas eu peur de demander à la jeune fille de sortir avec lui. Heureux et satisfait d’avoir accompli cet exploit, il termine de s’habiller et part sur le chemin du lycée. Il marche tranquillement tout en pensant à Julia. Il l’a vraiment dans la peau. Il avait hésité tout l’été à l’inviter, mais il n’en avait pas trouvé le courage. La veille, il ne savait pas pourquoi, il avait ressenti le besoin de le faire, c’était viscéral. Tout comme l’envie de lui parler, de la voir, de la prendre dans ses bras, de l’embrasser. Ce ne serait peut-être pas pour ce soir, Julia n’était pas ce genre de fille, du moins il l’espèrait. Il était si impatient, jamais il n’avait éprouvé cela auparavant.

Il sera bientôt au lycée, il faut qu’il parvienne à s’ôter Julia de la tête sinon il ne tiendra pas jusqu’au soir. Pourtant, quand il l’aperçoit, il ne peut s’empêcher de sourire. Elle est si belle avec sa petite robe à fleurs et ses longs cheveux en cascade sur ses épaules dorées. Elle rit de bon cœur avec son amie, Abigaïl et l’autre garçon, Adaric. À la manière dont il regarde Julia, il est persuadé que lui aussi craque pour elle. Il est alors pris d’une bouffée de jalousie extrême et ressent une furieuse envie de foncer sur Adaric pour lui filer son poing en pleine figure et cela ne s’arrange pas quand celui-ci prend la jeune fille par les épaules en riant. Matthew n’y tient plus, il a chaud, il serre son poing tellement fort autour de la lanière de son sac qu’elle commence à saigner. La respiration saccadée, la sueur coulant de son front, il se dirige d’un pas déterminé vers Adaric, bien décidé à lui faire passer un sale quart d’heure. Pourtant il est stoppé net. Se tient devant lui un homme qu’il ne connaît pas. Il est grand, vêtu de noir. Il est très charismatique et impressionnant. Ce n’est ni un étudiant ni un professeur, il ne l’a jamais vu dans le quartier.

— Qu’est-ce que tu veux ? lance-t-il à l’inconnu.

Ce dernier sourit. Des éclairs rouges traversent ses yeux.

— Mais qu’est-ce que…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase, Uriah lui attrape le bras et s’enfonce dans les entrailles de la terre avec Matthew. Personne ne voit rien.

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