Chapitre 6 - Partie 3

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Alors que Davia se met en charge de préparer le pendentif protecteur, Julia et Anedora décident de se balader dans la forêt. La réserve de South Mountain est un lieu magnifique, Julia y a passé de nombreux dimanches en famille et parcouru ses sentiers de randonnée des dizaines de fois, elle adore cet endroit. Pourtant, elle n’y a jamais rien vu d’étrange ou de magique. Davia lui a expliqué que les sorcières qui vivent ici ont la capacité de rester cachées aux yeux du monde. Ainsi, leur village, situé près d’Hemlock Falls, une cascade pittoresque, reste invisible au commun des mortels. C’est ainsi qu’aujourd’hui, alors qu’elle passe le long du ruisseau au pied de la cascade et bien qu’elle aperçoive toujours à l’horizon la ville de New York et les arbres à perte de vue, elle voit aussi, des maisons de bois, de la fumée sortir des cheminées, des enfants jouer, des arbres et des fleurs aux mille couleurs. Et cette odeur étrange ! Cela n’a rien à voir avec ce qu’elle connaît, l’odeur des sapins, de la mousse sur les arbres, des champignons, non, c’est encore plus enivrant, reposant, beau. C’est tout simplement l’odeur de la magie. Elle s’émerveille un peu plus à chaque pas. Cette journée a été si riche en émotions et elle a dû assimiler tellement de choses en peu de temps, qu’elle apprécie vraiment ce moment d’intimité et de repos, seule, avec Anedora.

— Ça va ? demande cette dernière.

— Oui. À peu près. Tu sais, ce n’est pas que je ne veux pas vous aider, mais c’est déroutant pour moi et… inattendu. Ce matin, j’étais encore une lycéenne normale qui faisait sa rentrée scolaire et ce soir je me retrouve dans un monde totalement inconnu, irréel et dans lequel je risque ma vie alors… il me faut un peu de temps, même si on n’en a pas beaucoup.

— La Prophétie ne se réalisera pas, je te le promets.

— J’espère.... bredouille la jeune fille.

— Tu dis ça comme si tu savais ce qui aller se passer.

— Je le sais… dit Julia gênée.

— Comment ?

— J’ai fait un rêve étrange et j’ai vu le monde tel qu’il serait dans 90 jours. Enfin c’est ce que m’a dit l’homme que j’ai vu dans ce rêve.

— L’homme ? Comment était-il fait ?

— Grand, de longs cheveux. Je le distinguais assez mal, mais sa voix était claire et apaisante.

— C’était sûrement Gabriel

— Qui est-ce ?

— C’est une longue histoire. Donc tu as vu ce qui nous attend si on échoue ? Je l’ai vu aussi et je n’ai aucune envie de voir les créatures de la nuit s’emparer du monde.

— Oh moi non plus. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir peur.

— C’est légitime.

Elles rejoignent Davia et Adelan en pleine discussion avec plusieurs sorcières.

— Il est prêt, annonce Davia en tendant un magnifique pendentif argenté en forme de croix avec en son centre la fameuse obsidienne noire censée la protéger.

Julia l’enfile, elle remercie chaleureusement Davia ainsi que les sorcières présentes et plus particulièrement Bakène. Sans elle et sa magie, elle serait certainement morte à l’heure qu’il est.

— Allons-y, déclare Adelan écourtant la séance d’au revoir qui s’éternise un peu.

Il attrape la main de la jeune fille et ils disparaissent dans la nuit claire. Davia rassemble ses affaires, salue à son tour les sorcières ainsi que Bakène.

— Merci pour tout.

— Je n’interviendrai plus. Quoi qu’il arrive. Tiens-le-toi pour dit, jeune Davia.

Elle s’incline remerciant une nouvelle fois la Grande Prêtresse et se dirige vers Anedora. Celle-ci la prend dans ses bras, déploie ses ailes et les deux amies s’envolent dans un apaisant silence.

De retour chez elle et après une bonne douche chaude, Julia se glisse sous ses draps avec plaisir. Elle reste immobile durant quelques minutes, les images de cette folle journée défilant déjà dans son esprit. Elle secoue la tête et se redresse.

« Il faut que je me change un peu les idées avant de devenir folle », songe-t-elle. Elle attrape donc son sac pour y chercher son portable. Elle fouille toutes les poches sans succès. Elle se lève et en fait de même dans les poches de son jean. Rien.

— Il y a un problème? demande Adelan, sur le rebord de la fenêtre.

— Je ne trouve pas mon téléphone.

— Il a dû tomber quand Uriah nous a attaqués.

— Sans doute.

— Repose-toi et passe une bonne nuit. J’irai voir demain matin.

— Très bien.

Elle se glisse dans son lit et contre toute attente, s’endort au bout de quelques minutes.

***

Uriah se balade dans la nuit noire. Il a laissé Virna dans sa tanière pour tenter de se calmer. Il éprouve toujours autant de colère envers Adelan, il s’est laissé surprendre, mais cela n’arrivera plus. Le plan de Virna est complètement ridicule, mais elle est une des préférées du Très-Bas, mieux vaut ne pas se la mettre à dos. Il déteste les vampires. Pourtant, il lui doit la vie, alors qu’il était en mauvaise posture avec une bande de vampires hargneux, elle était intervenue et les avait tous tués. Elle ne lui avait jamais donné d’explications quant à son geste, elle lui avait simplement dit « N’oublie pas ce que j’ai fait pour toi ce soir ». C’était il y a presque dix ans maintenant. Depuis, il était son petit joujou pour accomplir les tâches salissantes et pour la satisfaire personnellement. Les vampires sont des êtres infâmes et pervers, mais ce côté de Virna ne le dérange pas, c’est une machine à tuer, c’est tout. Cet échec le rend absolument fou de rage. Cet Adelan sera-t-il donc toujours sur sa route ? Il n’a pas oublié qu’ils avaient été amis, et ses vaines tentatives pour le ramener dans le droit chemin, comme il disait, l’avaient toujours amusé. Mais il n’aurait jamais cru qu’il serait celui qui l’empêcherait d’accomplir sa mission. Quoi qu’il en soit, il allait le payer, et très cher.

Arrivé au pied du plus grand immeuble de WoodFall, il se transporte jusqu’en haut de celui-ci, surplombant ainsi l’immensité de la ville. Il adore cet endroit. Tous ses sens sont en éveil ici, il ressent toutes les odeurs, tous les bruits, toute la chaleur des corps qui émanent des habitants. C’est ici qu’il a repéré ses meilleures proies. Mais cette nuit, il n’est pas là pour ça, d’autant que Virna l’a laissé s’abreuver de sa victime un peu plus tôt. Non, il est là pour réfléchir à la manière dont il s’emparera de la Clé. Le plan de Virna est voué à l’échec, ça ne marchera pas. Il faut qu’il assure ses arrières, elle lui a sûrement sauvé la mise avec le Très-Bas après le fiasco de ce soir, mais elle ne le soutiendra pas une seconde fois. Surplombant la ville, il met les mains dans ses poches et en ressort un téléphone portable. Julia l’a perdu lors de l’accident et il l’a donc emporté avec lui, au cas où. Il n’y pensait plus, aveuglé par sa colère, mais maintenant qu’il tient le petit appareil entre ses mains, il se dit qu’il peut en faire bon usage. Il parcourt longuement le téléphone, lit les messages qui lui en apprennent beaucoup sur Julia et ses amis.

— Je crois que nous allons nous amuser…

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