Chapitre 5 - Partie 1

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Bon voici donc un chapitre de plus, je ne sais pas si je mettrais l'oeuvre en entier encore, à voir mais en tout cas, je vous livre encore quelques chapitres. Celui-ci est un chapitre crucial, à vous de me dire si cela vous plaît ^^

***

Gabriel est assis sur un énorme nuage blanc, les pieds dans le vide, pensif. Il observe les anges voler autour de lui, les protecteurs discutent entre eux, les cupidons rient et jouent des tours aux êtres du Paradis. Il a du mal à imaginer que peut-être dans 90 jours tout ceci n’existera plus. L’Enfer est à leurs portes, il ne faut surtout pas que la Prophétie se réalise. Le Bien doit triompher quoiqu’il arrive. Même s’il a quelques milliers d’années à son actif, il s’est attaché à Anedora, elle a quelque chose de spécial. C’est l’Élue, certes, mais elle est bien plus que ça. Il sait qu’il a peut-être fait une erreur en provoquant l’accident, mais il n’avait pas le choix. L’enjeu était trop important et le risque trop élevé. Il faudra qu’il vive les siècles à venir avec ce poids sur ses épaules.

— Tu n’avais pas le choix Gabriel, tu as agi en mon nom, tu n’as rien à te reprocher.

— Je le sais, pourtant…

— Le Très-Bas engrangeait trop de pouvoir, il fallait le stopper.

— J’ai dû tuer cette jeune fille, Père, répond-il, la voix brisée.

— Et je le déplore Gabriel, je le déplore. Mais sans son sacrifice, la Prophétie ne se serait pas déclenchée et les plans du Très-Bas n’auraient pas été déjoués.

— On ne sait pas s’ils ont vraiment été déjoués, aucune preuve ne nous en a été donnée.

— Certes, mais maintenant, le compte à rebours est lancé.

— C’est risqué.

— Nous le savions.

— J’espère qu’elle réussira.

— J’en suis convaincu.

— Gabriel ?

La voix chantante d’Anedora parvient jusqu’à l’Ange Suprême.

— Bonjour.

— J’ai à vous parler.

— Et bien au moins, tu ne perds pas ton temps en palabres inutiles, rétorque Gabriel, un léger sourire étirant ses lèvres.

— Le temps nous est compté.

Gabriel repense à la conversation qu’il vient d’avoir, mais fait comme si de rien n’était. Anedora explique sa rencontre avec Julia et surtout comment cette dernière l’a aussi vue, ce qui était normalement impossible. Gabriel lève un sourcil, étonné. Elle continue son monologue en précisant comment elle a trouvé Adelan chez Julia, sans oublier l’apparition douloureuse de ses ailes.

— D’ailleurs, on aura une autre discussion à ce sujet.

Il lui sourit et elle reprend son récit. Elle lui explique comment leurs taches de naissance se sont retrouvées pour ne faire qu’une.

— Gabriel, il s’est produit une chose extraordinaire, c’était comme si on se connaissait depuis toujours.

— Oh, s'émerveille-t-il. Votre âme s’est réunifiée. Ce devait être fascinant.

— Mieux que ça, c’était comme si tous les ennuis, toutes les peines, toutes les angoisses jusqu’alors ressentis s’étaient envolés et avaient trouvé la paix… Quelle plénitude et quel bonheur…

— Que s’est-il passé ensuite ? demande-t-il, avide de savoir.

— Et bien, après la connexion, elle a vu Adelan.

— Adelan ? Elle a vu son Protecteur ? Il paraît fâché maintenant, mais comment est-ce possible ?

— C’est ce pour quoi je viens vous voir. Déjà, cela nous a semblé étonnant qu’elle me voie moi, mais elle est l’autre partie de moi donc… sans doute normal, mais aussi comment a-t-elle pu voir son Protecteur ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

Il commence à faire les cent pas devant elle, réfléchissant à voix haute et ruminant dans sa barbe. Il semble vraiment troublé, il n’a pas d’explication. Il est vrai que Julia est la Clé et qui plus est, elle partage son âme avec l’Élue, ce qui lui confère des capacités extraordinaires. Toutefois, il paraît inquiet.

— Tu vois, dit-il en englobant de son bras le petit bout de Paradis qu’ils avaient en face d’eux, si tout ça existe, il faut que tu sois consciente qu’il en est tout autant pour l’inverse, en bas.

— L’Enfer.

— L’Enfer et toutes les créatures qui le peuplent. Des démons, des vampires, des loups, des monstres de cauchemars, des sorciers noirs aussi et surtout des anges déchus.

— Ils sont tous dangereux ? veut savoir Anedora.

— Mieux vaut ne pas les croiser. Le Très-Bas est très vicieux et ne jure que par le mal.

— Le Très-Bas ?

— Lucifer ou Satan ou n’importe quel nom que l’on donne au Diable. Nous, nous l’appelons le Très-Bas.

Anedora ne voit toujours pas où il veut en venir. Il lui explique que les créatures de la nuit sont invisibles aux humains comme eux le sont aussi. Or, elles ont la capacité de devenir visibles au moment de tuer leurs victimes pour terroriser ces pauvres âmes pour se nourrir de leur peur et de leur force vitale. C’est leur moyen de survivre. Les Êtres du Paradis, à l’inverse, peuvent se montrer s’ils le désirent. Les créatures de la nuit doivent recruter, car elles n’ont pas la capacité de savoir à l’avance qui sera bon ou mauvais. Alors elles les recherchent, inlassablement, elles traquent les âmes humaines, innocentes ou pas et les entraînent en Enfer.

— Et il est une chose qui leur permet de remplir leurs rangs, une chose terrible, ajoute Gabriel.

En effet, certains humains, enclins au mal, peuvent les voir. Il lui explique que les Êtres de la nuit sont partout, tout autour d’eux, dans le monde entier, agissant comme une mauvaise conscience, poussant les gens à révéler leur côté obscur. Anedora, toujours aussi perplexe, a de plus en plus de mal à comprendre quel est le rapport avec Julia. Il continue donc son récit sous le regard interrogatif du jeune Ange.

Il y a bien longtemps, Gabriel avait été témoin d’un recrutement par un ange déchu. Dans l’ensemble, chaque clan ne cherchait pas spécialement à s’affronter, chacun faisait son travail sans s’occuper du reste. Malheureusement, il faut de tout pour faire un monde, du Bien et du Mal. Lorsqu’ils le peuvent bien sûr, les êtres du Paradis tentent d’aider les pauvres âmes que convoite le Très-Bas, mais bien souvent, ils échouent. Certains d’entre eux sont voués à finir en Enfer, même lui n’y peut rien. Gabriel cesse son récit, semblant replonger dans les bribes d’un souvenir douloureux. Anedora ne le brusque pas, bien qu’elle brûle d’envie de savoir.

— Cette fois-ci, reprend Gabriel, la voix éteinte, je n’ai rien pu faire. Cette femme, d’une trentaine d’années peut-être, se promenait, souriante, heureuse, dans WoodFall Park, elle était splendide. C’était ce qui avait attiré mon regard à l’époque. Alors quand elle s’était arrêtée net en croisant le regard de l’ange déchu qui se tenait là, près de la grande fontaine, j’ai su que cette humaine magnifique était perdue, car elle l’avait vu. Il n’allait pas la tuer, je l’aurais senti. Elle l’avait simplement vu.

— Que s’est-il passé ensuite ?

— L’ange déchu m’a regardé droit dans les yeux et m’a souri, satisfait. Il a mis son bras autour du cou de la jeune femme toujours hypnotisée et subjuguée. Ils se sont enfoncés dans la terre.

— Qu’est-elle devenue ?

— Un vampire, je crois.

Anedora ne dit rien. Il n’y a rien de plus à ajouter de toute façon. Si un humain voit un être du Mal sans qu’il soit aux portes de la mort, alors sa place est en Enfer. Un frisson la parcourt. Elle ose pourtant la question.

— Vous croyez que Julia peut… porter le mal en elle ?

— Non, non, bien sûr je ne crois pas ça, mais si elle a été en mesure de vous voir, toi et Adelan, on peut penser qu’elle verrait peut-être les créatures du Mal. Il est impossible qu’un humain nous voie, impossible, insiste-t-il.

Anedora comprend son inquiétude, mais Julia est la Clé, il est certainement normal qu’elle les voie. Reste à savoir si elle peut voir aussi les Êtres de la nuit. De toute façon, elle et Julia partagent la même âme. Anedora est un ange, Julia est, en quelque sorte, la moitié d’un ange, donc elle ne peut pas être maléfique, c’est logique. Gabriel s’inquiète pour rien, une âme même coupée en deux ne peut pas être bonne ET mauvaise à la fois.

Ce dernier se lève et lui indique qu’il va faire des recherches en ce sens. Anedora reste un moment seule, afin d'assimiler un peu ce qu’elle vient d’apprendre au sujet des créatures du Mal, priant pour ne pas en croiser de si tôt.

Elle décide de retrouver Davia. L’avantage, c’est que maintenant elle peut se déplacer seule. Elle déploie donc ses immenses ailes blanches et s’envole dans le ciel sombre de septembre. Voler est de loin ce qu’elle préfère, sentir le vent sur son visage, libre de toute attache, elle adore ces moments de pure liberté. Elle tournoie au-dessus de la maison de la sorcière et finit par se poser sur le toit, amusée de faire une arrivée aussi peu banale. Elle décide de ne pas s’arrêter en si bon chemin et finalement, déploie de nouveau ses ailes pour voleter jusqu’à la fenêtre de la chambre de Davia. Elle tapote doucement au carreau.

— Ouah ! T’as pris du grade ! Classe ! clame Davia, une joie sincère dans la voix.

— T’as vu ? répond Anedora en rentrant dans le jeu de la jeune sorcière. Plus besoin de chaperon pour me déplacer!

— Carrément. Bon, des nouvelles ?

— Oh oui !

Anedora se faufile par la fenêtre, ses ailes se replient et disparaissent dans son dos. Elle entreprend de tout raconter à Davia sur Julia, les créatures de la nuit et tout le reste.

— Elle va nous aider ?

— Je l’espère. Elle a eu du mal à ingurgiter toute cette histoire, mais elle a l’air de vouloir nous aider.

— Ce n’est qu’une humaine. Importante certes, mais une humaine. Comment pourrait-elle se défendre si on se fait attaquer ?

— Il faudra que l’on trouve une solution à ça aussi.

— J’ai fait des recherches, reprend Davia en sortant un immense livre en cuir.

La couverture est parsemée de lettres d’or. Quand la jeune sorcière l’ouvre, Anedora constate qu’il est très ancien et rempli de formules magiques.

— Regarde, il est noté là que l’on peut créer un sort pour protéger un humain. Cela pourrait au moins nous aider à la maintenir en vie, le temps de savoir ce que l’on doit faire pour stopper la Prophétie.

— Tu crois vraiment qu’elle est en danger ? Il ne lui est rien arrivé en seize ans, pourquoi lui arriverait-il quelque chose maintenant ?

Davia argumente : si Julia a été en sécurité jusqu’à maintenant, il y a fort à parier que les Êtres de la nuit fassent tout pour que la Prophétie se réalise et cela inclut Julia. Elle est plus en danger aujourd’hui qu’elle ne le sera jamais dans toute sa vie.

— Je n’y avais pas pensé, mais c’est une évidence. Peux-tu faire ce sort de protection ?

— Il est complexe et il me faudra beaucoup d’énergie, mais je pense en être capable, oui.

— Super, se réjouit Anedora. Que te faut-il ?

— Une valise. On va faire un petit voyage.

— Attends, et la Grande Prêtresse ? Il faut qu’on sache.

— Nous la verrons sur place. Je l’ai prévenue.

***

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