Chapitre 2 - Partie 2

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***

— On va boire un verre pour fêter ton premier jour ? demande Adaric à l’attention de Julia et Aby.

— Pas de souci pour moi, répond Abigaïl.

— Je préfère rentrer, la journée a été longue.

— Tu es sûre ? Je veux dire, on peut rester avec toi si tu veux, assure le jeune homme.

— Non, merci c’est très gentil, mais je suis fatiguée. On se voit demain.

Julia sort du bus sans un regard pour ses amis. Saisie par la tiédeur de cette fin d’après-midi, elle marche jusque chez elle comme au ralenti. Elle a tenu bon toute la journée, fait bonne figure, mais elle n’a pas cessé de penser à l’événement du matin. Elle se pose des milliers de questions : a-t-elle bien vu ou a-t-elle rêvé ? A-t-elle un problème ? Toutes ses questions auxquelles elle ne trouvera peut-être jamais de réponse. Peut-être délire-t-elle, après tout, les anges et l’âme qui s’envolent ne sont sans doute dus qu’à son imagination, toutes ses questions auxquelles elle ne trouvera peut-être jamais de réponse. Seule dans sa chambre d’adolescente, allongée sur son lit, les yeux fermés, elle tente de penser à autre chose. C’est l’esprit tourmenté qu’elle s’assoupit.

Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle se trouve dans un immense et somptueux jardin à la française. Une grande étendue verte à perte de vue, parsemée de roseraies, de fleurs multicolores de toutes sortes, d’arbres taillés dans différentes formes toutes plus surprenantes les unes que les autres dessinent ainsi un labyrinthe aux milliers de possibilités. Elle avance à pas feutrés, seul le bruit de ses pas sur le sol semble résonner dans le silence. Elle continue droit devant n’osant pas bifurquer pour ne pas se perdre dans ce dédale féerique. Elle passe sous une arche fleurie et se retrouve dans un lieu complètement différent. La douceur du printemps a laissé place à la fraîcheur d’une fin d’hiver, les flocons tombent avec délicatesse sur les arbres. Elle voit d’abord un petit lac à l’eau cristalline, puis ses yeux se posent sur un chemin de pierre de gué. Il mène au centre du lac où flotte une île surplombée d’une statue de pierre qui semble la fixer avec un sourire bienveillant. Elle avance encore un peu, laissant dans la neige la trace de ses pieds nus. Elle commence à ressentir le froid. Elle entend un bruit délicat d’eau qui coule tout doucement, elle poursuit son périple et traverse une nouvelle arche fleurie. Cette fois, le paysage n’est plus du tout idyllique. Toute la beauté, la paix et la plénitude ont disparu. Elle se trouve dans un lieu désert, le ciel est rouge, les arbres brûlent et le sol est ardent. Une fumée rougeâtre monte d’une montagne hideuse. Elle a le cœur lourd, elle voudrait pleurer, mais l’air est si sec qu’aucune larme ne réussit à s’échapper. Elle essaie de faire demi-tour, mais quelque chose l’en empêche. Elle s’engage un peu plus avant, sentant chaque pierre douloureusement sous ses pas. Alors qu’elle cherche un moyen de retourner à la réalité, elle est éblouie par une lueur inconnue. Elle se cache d’abord les yeux tellement celle-ci est violente puis elle entend un bruit de pas provenant du halo blanc. Elle continue d’avancer en se protégeant tant bien que mal, puis se rend compte que plus elle approche, plus la lumière s’estompe. Elle accélère la cadence et commence à distinguer quelque chose. Une forme étrange, immense, qui a la stature d’un homme. La lumière se dissipe encore quand elle voit qu’il s’agit bien d’un être humain. Il est vêtu d’une grande toge blanche, ses longs cheveux gris semblent comme suspendus dans les airs à chaque pas qu’il fait vers elle. Quand il est à quelques centimètres d’elle, elle ne discerne plus que son regard d’un bleu cristallin qui lui transperce le cœur.

— Quel est cet endroit ?

— Le monde… répond-il d’une voix bienveillante.

Elle regarde autour d’elle, ce paysage ravagé par les flammes et la désolation, ce ne peut pas être le monde. L’homme semble lire l’incompréhension dans le regard de la jeune fille aussi ajoute-t-il :

— Le monde tel qu’il sera dans quatre vingt dix jours si l’Élue échoue.

— L’Élue… murmure Julia.

— La Clé doit être préservée pour nous sauver tous.

Julia s’éveille en sursaut. Elle est de nouveau dans sa chambre d’adolescente, ses trophées et médailles de Cheerleader sont sur leur étagère, sa coiffeuse en désordre avec son miroir où sont accrochées plusieurs photos d’elle et de ses amis. Le tas de vêtements laissé le matin-même est toujours au pied de la psyché. Tout est à sa place. Elle est bel et bien réveillée. De chaudes larmes coulent le long de ses joues.

— Julia ? Julia ? C’est moi. Je suis rentrée, tu es là ?

La voix chantante de sa mère résonne dans l’escalier. Julia essuie ses larmes jetant un œil dans le miroir pour voir si ses yeux ne sont pas trop rouges et ouvre la porte alors que sa mère a la main sur la poignée.

— Ça va ma chérie ? demande-t-elle en l’embrassant sur la joue. Comment s’est passée cette première journée ?

— Très bien.

Elle entraîne sa fille dans l’escalier pour rejoindre la cuisine.

— Allez viens, tu vas tout me raconter.

Julia suit sa mère la regardant tendrement, car la voix de l’homme résonne toujours dans sa tête, dans quatre-vingt-dix jours jours, le monde tel qu’elle le connaît aura disparu, même sa mère. Elle calcule rapidement : ce sera le jour de Noël.

***

On avance doucement, on laisse planer le doute, envie de continuer? N'ayez pas peur, vous ne serez pas déçu !

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