Chapitre 1 - Partie 2

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Julia reprend ses esprits en sentant la chaleur de la main d’Adaric dans la sienne, elle le fixe une seconde et se blottit dans les bras du jeune homme. Ses bras forts l’entourent et sans un mot ils continuent le chemin jusqu’au lycée. Adaric a le même âge que Julia, il est très grand et a pratiqué un peu le baseball avant de trouver sa voie dans le théâtre et la comédie lors d’un stage d’été en camp de vacances. Depuis lors, il n’a cessé de répéter à ses deux meilleures amies que lorsqu’il serait célèbre, il ne les oublierait pas. Adaric est très drôle, plutôt sarcastique disent ses amies, mais très attachant. Il est le ciment de ce petit trio.

Quelques minutes plus tard, le bus s’arrête et Julia est toujours prostrée dans les bras de son ami.

— Julia ? On est arrivé. Ça va mieux ?

Elle relève légèrement la tête et plonge son regard dans celui d’Adaric, le vert de ses yeux et la gentillesse de son regard inquiet la rassurent presque aussitôt. Elle s’écarte de l’étreinte du jeune garçon. Elle se contente de le remercier doucement, coupant court à toutes les questions qu’il s’apprête à lui poser. Pour l’instant, elle ne se sent pas prête à raconter ce à quoi elle vient d’assister de peur qu’il ne la prenne pour une folle.

Le bus s’arrête devant le campus de la WoodFall High School. L’impressionnante tour du bâtiment administratif la subjugue comme à chaque fois. L’immense construction aux murs de briques rouges est entourée de deux tours. La première est l’antre de la proviseure, une femme d’une cinquantaine d’années à l’air revêche et coincé. Son bureau se trouve tout en haut et surplombe l’immensité du campus. Souvent, les élèves la voient à sa fenêtre, scrutant de son œil de lynx la cour, le parking ou la cafétéria. Elle peut être assez effrayante, certains l’appellent même, sans trop d’originalité, « La Tour de Contrôle ». Dans la seconde se trouve la salle des professeurs, leurs bureaux et leur salle de repos. Et au centre, le bâtiment d’accueil par où doivent passer tous les élèves pour entrer dans l’enceinte. La secrétaire est souriante et avenante, toujours un petit mot gentil ou une attention pour les élèves pour lesquels elle a une préférence. Elle doit avoir la quarantaine, de taille moyenne même si parfois elle paraît minuscule derrière l’immense comptoir de chêne qui la sépare du hall d’entrée. Julia et ses amis saluent donc la douce Phoebe et s’engouffrent dans l’allée menant au bâtiment A, celui des langues. Julia parcourt les longs couloirs bondés, saluant une ou deux personnes qu’elle connaît avant d’entrer dans la salle de cours.

— Ça va ? demande Adaric à Julia alors que celle-ci a repris un peu de couleur sans toutefois avoir l’air d'aller mieux.

— Oui, ça va, Adaric, ne t’inquiète pas.

— Tu vas me dire ce qui t’est arrivé ou pas ?

— Rien du tout, c’est rien, ne t’inquiète pas pour moi, tu veux ? Je vais bien.

Il accepte de mauvaise grâce et entre le premier dans la classe. Aby passe son bras sous celui de Julia.

— Il s’inquiète vraiment, tu sais.

— Je sais.

— Moi je sais ce qui t’est arrivé !

— Ah bon ? demande-t-elle surprise.

— Oui, je t’ai vu rêvasser, tu étais dans les bras du beau Matthew c’est ça ? Elle lui sourit malicieusement. Tu imaginais ses baisers langoureux et tu y as tellement cru que tu t’es assommée sur la vitre du bus et bim ! Elle frappe son poing dans sa main libre.

— Et bim ?

— T’as dû te taper un peu fort, d’où l’étourdissement !

Julia rit. Aby est de loin sa meilleure amie et une des plus importantes personnes de sa vie avec Adaric. Elles se sont rencontrées au jardin d’enfants et ne se sont plus jamais quittées, elles se connaissent par cœur. Si Julia est un peu réservée, mais déterminée, Abigaïl est radicalement l’opposé de son amie et c’est ce qui fait la force de leur amitié. Leur différence. Ce qui est une faiblesse chez l’une est une force chez l’autre et elles s’épaulent ainsi mutuellement depuis toujours. Julia s’assoit près d’Adaric alors qu’Abigaïl prend place juste derrière elle. Il continue de regarder Julia avec son regard interrogateur.

Adaric demande une dernière fois à Julia comment elle va.

— Je vais bien.

Il lève les yeux au ciel et sort ses affaires de son sac. Julia fait de même quand elle voit entrer.Matthew. Il est encore plus craquant que dans son souvenir. Du haut de son mètre quatre-vingt huit, il porte un jean délavé et un maillot de footballeur d’une équipe certainement très connue, mais comme elle ne s’intéresse pas au foot, elle ne saurait dire de laquelle il s’agit. Ses grands yeux noirs cherchent une place dans la classe et croisent ceux de Julia. Elle lui sourit sentant le rouge lui monter aux joues quand le jeune homme lui répond d’un sourire ravageur et s’approche pour venir s’asseoir juste devant elle.

— Salut.

— Salut, répond-elle timidement. Alors tu t’es habitué à notre ville ?

— Oui. Enfin, plus ou moins.

— Tu as rencontré du monde ?

— À part toi, non. Je suis très peu sorti. Le déménagement et tout ça, je n’ai pas eu trop de temps en fait.

— Je comprends.

Abigaïl choisit cet instant pour donner un coup de pied dans sa chaise.

— Qu’est-ce qu’il y a ? dit-elle à l’attention d’Aby, le plus doucement possible.

— Tu m’avais dit qu’il était beau gosse, chuchote cette dernière.

— Ce n’est pas le cas peut-être ?

Elle se détourne pour regarder Matthew de la tête au pied.

— Mouais... bof.

Julia lui fait les gros yeux et se retourne vers Matthew. Il lui lance un sourire charmeur qui fait battre à la chamade le cœur de la jeune fille.

— Je me demandais…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase, car la proviseure vient de rentrer dans la classe.

— Bonjour. Je sais que vous avez choisi le cours de M. Gallo. Malheureusement il y a un changement. M. Gallo a eu un accident et il ne pourra pas assumer ce cours.

— Qu’est-ce qu’il lui est arrivé, M’dame ? demande un élève que Julia ne connaît pas.

— Et bien… Elle s’installe sur le bureau et hésite. Elle survole la classe du regard et finit par expliquer ce qui s’est passé. Sur le chemin du lycée, M. Gallo a fait un malaise, une crise cardiaque pour être plus précise, il…. il est décédé.

Un silence pesant s’abat sur toute la classe. Julia n’a jamais eu cours avec ce professeur, mais elle ne peut s’empêcher de repenser à cet homme qu’elle a vu allongé sur le sol, mourant. Elle revoit son âme s’élever dans le ciel et son cœur de nouveau se serre comme dans le bus un peu plus tôt.

— Voilà. Je suis navrée pour cette tragique première heure de cours, mais en attendant que nous recrutions un nouveau professeur, ce sera Mme Thompson qui le remplacera.

Une femme qu’elle n’a encore jamais vue entre dans la classe en saluant les élèves d’un signe de tête.

— Joséphine, ils sont à vous.

Et la proviseure part sans plus d’explications, faisant claquer ses talons dans le couloir vide. De toute façon qu’y avait-il à ajouter ?

— Bonjour jeunes gens. Je suis Madame Thompson et j’assurerai votre cours d’histoire, du moins pour cette semaine.

Le reste de la matinée passe à une allure d’escargot et Julia est heureuse d’arriver à la pause déjeuner pour décompresser un peu. En effet, la mort de ce professeur l’intrigue, elle est persuadée qu’il s’agit du même homme qu’elle a vu mourir le matin même, sans parler de la lumière, de l’ange et de l’âme qui s’envole au Paradis…

***

Vous avez fait la connaissance de la douce Julia qui vous fera vivre une aventure palpitante mais qu'en avez-vous pensé?

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