Chapitre 5 : Alliances (1)

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Les deux hommes redescendirent les escaliers et comme à l’aller Vyrian maudit les rues pentues d’Hemyra, il aurait tant aimé marcher dans les plaines d’Alteryx, où le relief était plat. Lorsqu’ils parvinrent enfin en bas des marches, Ollesty semblait lui aussi faiblir, sa main tremblait sur sa canne. Mais, lorsqu’il perçut le regard du scientifique, il resserra sa prise et les spasmes cessèrent. Bien qu’intrigué par cette soudaine faiblesse, le chercheur sentait que le moment était mal choisi pour l’interroger, aussi, il préféra orienter la conversation sur un autre sujet.

— Et maintenant que fait-on ?

— On se rend à Hydrios.

— Qu’y ferons-nous ?

— Nous rejoindrons les membres de l’équipe.

— Qui sont-ils ?

Alors que l’Ombre s’apprêtait à lui répondre, les tremblements reprirent et l’homme ne parvint à contenir un grognement de douleur. Sa fragilité apparente l’énervait et cela se ressentit dans sa réponse.

— Mais tu ne t’arrêtes jamais ?

Vyrian ne tint pas compte de l’irritation du Numéricien et réorienta une nouvelle fois la discussion.

— Pourquoi ne pas se joindre au convoi qui part à Alteryx ?

— C’est le forgicien qui t’a parlé de ça ?

— Oui.

— Parce que nous ne sommes pas encore prêts. Maintenant en route !

Vyrian dévisagea longtemps Ollesty avant de le suivre. Il ne parvenait pas à savoir si la douleur que ressentait l’homme avait précipité leur départ ou si le sujet le dérangeait. Il rattrapa facilement son retard et regarda le soleil étirer l’ombre des bâtiments leur offrant un chemin ombragé jusqu’à la sortie de la ville.

Une fois son enceinte quittée, le biologiste regarda la vallée qui s’étendait en contrebas. Il savait qu’Hydrios sous trouvait quelque part sous ses pieds, mais il peinait à imaginer qu’ils allaient parcourir une telle distance, surtout sans utiliser la téléportation. À ce rythme, ils ne parviendraient jamais à se joindre au convoi pour faire tomber Faric.

Ce sentiment se renforça d'autant plus lorsqu'il vit le sentier qui serpentait à fleur de falaise. Au vu de leurs conditions physiques, s'ils devaient l'emprunter, le trajet ne serait pas de tout repos. En poursuivant ses observations, Vyrian vit en retrait du chemin, l’ombre de câbles se balancer sous la brise. Il leva les yeux et vit ce qui s’apparentait à des téléphériques. Face au sourire qui étirait ses lèvres, Ollesty n’eut aucun mal à anticiper sa réaction.

— N’y penses même pas. Il y a bien longtemps que ce n’est plus fonctionnel.

Vyrian détacha son regard des cabines et lorsqu’il se retourna, le Numéricien avait disparu. Il l'appela à plusieurs reprises, sans qu'aucune réponse ne lui parvienne, jusqu'à ce qu'il entende la voix bourrue de l'Ombre résonner. Il s’orienta en conséquence et après plusieurs mètres, il découvrit une fine cavité dans la roche. Il s’y faufila et une fois habitué à l’obscurité qui y régnait, il discerna Ollesty un peu plus loin. Bien que sa vue se soit adaptée au lieu, ce n'était pas le cas de son odorat.

— Quelle est cette odeur ?

— Celle des Ruiam.

— Qu’est-ce que c’est ? Des égouts ?

— En quelque sorte. Il s’agit d’anciens canaux qui traversaient les rues d’Hemyra. Mais les déchets générés par l’activité de la ville les ont souillés. Des maladies n’ont pas tardé à se propager, pour éviter les épidémies, les habitants ont creusé la montagne et ont enterré les canaux.

Alors qu’Ollesty s’apprêtait à poursuivre ses explications, il s’arrêta après avoir entendu Vyrian s’embourber.

— Fais gaffe où tu mets les pieds. Les conduits que tu vois sur les côtés ont été installés tardivement. Ils ont été construits lorsqu’il a été mis en évidence que la corruption persistait et commençait à dégrader la montagne. Ils ont servi pendant un temps à filtrer la magie, mais à présent, plus aucune énergie n’y circule. Il ne reste plus qu’un mince filet corrompu et la pestilence des lieux. La concentration est telle que la pollution est restée. Je te déconseille de marcher dedans avec ton affinité, ce n’est pas une bonne idée.

Vyrian, qui se sentait prit au piège ne fut pas rassuré par les paroles de son guide.

— Mais pourquoi venir dans un tel endroit ?

— Parce que peu de personnes se souviennent de leur existence, mais surtout parce que la corruption des lieux brouille la perception des Visionnaires et nous assure une certaine tranquillité.

Alors qu’ils parlaient Vyrian sentit sur sa peau un léger courant d’air et lorsqu’il redressa la tête, il discerna un rayon de soleil solitaire percer la végétation. Il s’en approcha et apprécia l’air pur qui lui parvenait. Ollesty le rejoignit.

— Des puits ont été installé à intervalles réguliers pour ventiler les lieux. La corruption est telle qu’elle a déjà tué par le passé. Nous attendrons ici.

— Qui ça ?

— Tu devrais bientôt le découvrir.

Face au sourire que lui lança l’Ombre malgré la souffrance qui lui tirait les traits, Vyrian commença à se demander s’il connaissait la personne avant d’entendre une voix résonner sur les parois de pierres des Ruiam.

— Y’a quelqu’un ?

Le biologiste se retourna vivement et découvrit Caya. Elle avait troqué sa tenue de Forgicienne pour des vêtements de voyage plus discrèts. lI la regarda s’avancer, sautant avec facilité de roche en roche. Contrairement à lui ses chaussures ne portaient aucune trace de souillure.

Vyrian ignorait de quoi ils avaient bien pu parler tous les deux, mais visiblement le Numéricien n’avait pas trouver utile de le prévenir que la jeune femme se joignait à eux. Mais qu’est-ce qui lui était passé par la tête ?

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