Chapitre 4 : L'Armagie (2)

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Après ce qu’il venait de voir, le scientifique peinait à garder son calme, l’homme qui l’accompagnait n’était pas ce qu’il semblait être. Pour une raison inconnue, il lui cachait des informations et le chercheur était bien déterminé à savoir ce dont il s’agissait. Arrivé à un palier entre deux séries de marches, Vyrian en profita pour l’interroger.

— Que s’est-il passé ? Pourquoi as-tu trahi ton engagement ?

A ces mots, le Numéricien se retourna vivement, saisi le col du biologiste et le plaqua contre le mur. La tristesse qu’avait décelée Vyrian dans son regard était à présent remplacée par de la colère. Lorsque l’Ombre lui répondit, sa voix était glaciale.

— Ne te mêle pas de ce qui ne te concerne pas. N’oublie pas, si je t’ai sauvé, c’est parce que tu m’es utile, rien de plus, rien de moins.

A l’approche de bruit de pas dans l’escalier, Ollesty relâcha son emprise et quelques instants plus tard, le biologiste croisa ce qui lui sembla être un jeune serveur. A son approche, Vyrian se sentit gêné. Puis, il réalisa que comme le Mysticys, il portait une fine chemise noire, un pantalon bouffant et une paire de bottes renforcée. Le biologiste n’avait donc pas à s’inquiéter de son apparence. Le jeune homme le salua par courtoisie et poursuivit son chemin.

Vyrian se reprit et rattrapa Ollesty qui ne l’avait pas attendu. Il le trouva au bar en train de régler le gérant. Lorsque l’Ombre sortit de l’établissement, Vyrian s’élança à sa suite et profita de la foule extérieure pour le questionner à nouveau. L’homme ne pourrait pas exposer sa colère aux yeux de tous.

— Pourquoi m’avoir montré le contenu de la disquette dans ce cas ?

— Je respecte la volonté de Rayec. Il voulait que tu t’instruises. J’ai tenté de le faire, mais la disquette est trop endommagée. Je n’avais aucun moyen de connaître le passage qui allait être diffusé.

Vyrian essaya une autre approche dans l’espoir de parvenir à mieux cerner les motivations de l’Ombre.

— Si votre intérêt n’est que de retrouver Mère pour qu’elle cesse de vous amoindrir, pourquoi venir en aide à Alteryx et à ses prisonniers ?

Une nouvelle fois, l’Ombre se retourna, cette fois son regard exprimait la lassitude.

— Pour Dallan et Fara.

— Mais si vous vouliez les sauver, vous auriez pu vous télép…

— Non !

Le ton était catégorique. Vyrian repensa au sort réservé à Declan et au mépris réservé aux Téléporteurs et comprit qu’il avait manqué de prudence. Après quelques instants, Ollesty reprit plus calme.

— Ce n’est pas prudent, pour les raisons que tu connais, mais aussi parce que les cachots sont protégés magiquement. De plus, depuis que les miliciens et les Exilés ont changé de Monde, Faric est au courant de leur existence et il compte bien s’en emparer. Son appétit de conquêtes semble sans borne.

Vyrian médita les paroles du Numéricien tout en découvrant la ville qui s’étendait sous ses yeux. Hemyra était construite à flan de montagne. La cité intégralement en pierre de la chaussée aux habitations se fondait dans le paysage. Où qu’il pose le regard, le biologiste observait des nuances allant du blanc à l’ocre, en passant par le beige et le gris. Ces dégradés naturels offraient une allure naturelle au lieu en décalage avec l’activité économique de la ville. Vyrian était surpris du nombre d’artisans : forgerons, maçons, ferronniers, tanneurs, sculpteurs, graveurs. Tous les corps de métier de la construction semblaient être réunis dans cette ville.

Occupé, à découvrir son nouvel environnement, Vyrian perdit Ollesty de vue l’espace d’un instant lorsque celui-ci s’enfonça dans la foule présente un peu plus loin. Vyrian accéléra l’allure, slaloma quelques instants entre les corps avant de retrouver son guide.

Une fois à ses côtés, Ollesty reprit ses explications.

— Je t’emmène voir un Forgicien, comme son nom l’indique c’est un forgeron spécialisé dans les armes magiques. Avant que tu ne demandes, aucune maîtrise magique n’est nécessaire pour utiliser ces technologies. De plus, au vu de ton affinité à l’énergie de ce monde, t’en équiper te donnera un avantage non-négligeable en cas de combat.

— Encore faut-il que je sache me battre.

— Le Forgicien est là pour ça. Comme tu le sais, les humains n’ont pas de magie à proprement parler. Ils la puisent dans les réserves du Monde Mythique. Une fois épuisée, elle se dissipe et finit par regagner les réserves magiques de ce monde, mais elle est si faible qu’elle est inutilisable. Pour puiser dans cette source d’énergie, il faut tout d’abord la percevoir. Tu sembles être excellent dans ce domaine, après il faut la modéliser, c’est là où ça coince. C’est à ce moment-là qu’entre le Forgicien et l’Armagie. Le terme d'Armagie provient de la fusion des mots "arme" et "magie", il s'agit de technologies permettant de combler ce déficit de matérialisation. Ce sont des instruments auxquels ont été couplés de l’énergie magique. Une fois ton potentiel dépisté, il sera une mesure de t’en forger une.

Si tôt les explications finies, Ollesty s’engagea dans une ruelle perpendiculaire à l’artère principale. D’apparence semblable à la rue qu’il venait de quitter à l’exception qu’elle conduisait à un escalier de plusieurs centaines de marches. Vyrian déglutit à leur vue, son corps était certes guéri, mais il restait faible. La montée n’allait pas être une mince affaire. L’Ombre ne manqua pas la réaction du biologiste et confirma ses craintes.

— La forge se trouve en haut de cet escalier.

Vyrian regarda une nouvelle fois les marches, il estimait leur nombre aux alentours de trois cents et se lança à leur ascension. Arrivé à ce qu’il estimait être la moitié, il sentit ses muscles le brûler, pour chaque marche gravie ses cuisses se contractaient douloureusement. A bout de souffle, il se retourna et découvrit la vue en contrebas, le spectacle lui fit oublier sa piètre condition physique et il admira le paysage. Le ciel dégagé lui permettait de voir à plusieurs kilomètres, si bien que par-delà la ville, il distinguait la chaîne de montagnes sur laquelle avait été bâti Hemyra. Vyrian admira quelques instants le paysage, avant de reprendre sa montée.

Arrivé devant la forge, il en oublia sa douleur. Le bâtiment arborait de fines sculptures représentants des combattants maniant chacune une arme inconnue aux yeux du scientifique. Il ne faisait aucun doute, ils étaient arrivés à destination.


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