Chapitre 3 - Satramo (II)

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L’homme au fusil était perdu. L’appel, pas celui de sa fille, mais celui de la chose se trouvant derrière les portes immenses de l’église, se poursuivait. Si fort, si malsain que la cloche brisant le supposé silence de la ville de Satramo n’était pas aussi puissant que son appel. Plus que neuf. Huit. Sept marches le séparant des Enfers. Six. Cinq. Il put enfin apercevoir le sourire de sa fille. Faux, pervers, malsain, mauvais, tout serait apparut à n’importe qui mais… impossible de faire machine arrière et s’apercevoir du piège qui s’apprêtait à se refermer. Il lui fut même impossible de réaliser qu’il n’était pas seul : derrière, en bas des marches, une centaine de personne, ce ce qui avait été autrefois des “personnes”, avançaient elles aussi, lentement, répondant aux appels de la cloche, de Ri et de la bête à l’intérieur de l’église. Tous, se dirigeaient vers le même objectif se déplaçant lentement, très lentement, en lamentations venu des entrailles du monde, des voix se levant tel un chien galeux se debattant dans la souffrance mais un chien qui se plairait dans cette souffrance, un bruit, un son, une vibration à vouloir se donner la mort.

Une assemblée de morts.

Trois marches.

  • Aller papa.

Deux marches.

  • Le ciel papa.

Une marche.

  • C’est bien papa.

Le piège se referma alors sur lui.

La main glacial, froide, morte de sa fille entoura le poignet de l’homme au fusil pour le mener à l’intérieur. Les portes gigantesques de l’église étaient à un mètre, pas plus lorsque lentement, les interstices des portes s’allumèrent d’une lumière rouge. Les lamentations des morts, la cloche, la chose, soudain, tous révélèrent leur nature en un grognement horrifique qui se révéla n’être rien d’autre qu’un rire. Un rire sardonique, venu des entrailles de l’Enfer. Et celui-ci s’apprêtait à ouvrir ses portes.

Tout à coup tout se passa en un éclair.

Une explosion retentit.

L’homme au fusil s’éveilla alors du cauchemar dont il était victime. Un hurlement résonna et soudain les portes vibrèrent à grands bruits : des doigts, puis des mains de toutes sortes de taille, de nouveau-nés, d’enfants, de vieillards et de morts agrippèrent les parois du cadre. La lumière rouge à l’intérieur éclairait l’interstice des portes. Le Diable, la chose ne voulait qu’une chose: sortir. Tout se passait avec une telle rapidité, comme réveillé brusquement d’un mauvais rêve. Le mouvement de la foule morte était perturbé par de la fumée, une fumée grise qui venait de projectile jeté par la rue un peu plus loin. Et soudain, quelqu’un agrippa la chemise de l’homme :

  • Suis-moi !

Il ne réalisa pas immédiatement qu’il s’était exécuté, comme ivre de ce qu’il venait de vivre. Et pourtant, une silhouette lui indiquait avec force le chemin à prendre.

Un sprint incroyable suivit, au coeur de la foule, passant pas la fumée qui se faisait toujours plus épaisse et etouffante. Le gaz empêchait l’homme de penser mais pas la petite silhouette de connaître sa route. Au coeur de l’armée de morts, les deux se faufilaient, sentant la pourriture de la foule se frotter à eux. Les lamentations se mêlant entre elles, et derièrre, la cloche rententissante, le hurlement perçant de ce qui n’était pas Ri, et le rire de la chose qui paraissait savoir que tout se passait comme prévu malgré l’évasion de sa proie. La fumée envahit à présent entièrement le champ de vision. L’homme au fusil se contentait de suivre. Et peu à peu il reprenait ses esprits. Lorsqu’enfin tout réapparut et clairement, le chaos retentissant derrière eux.

Les deux passèrent par de nombreuses rues, toutes similaires, pour enfin déboucher sur un cul-de-sac : énorme mur de brique montant vers le ciel au creux de deux grand bâtiment abandonnée. Une trappe se cachait en fait derrière une benne à ordure que la petite silhouette recouverte d’un drap noir poussa avec force.La trappe était en fer et se trouvait au fond d’un tunnel court en dessous du mur de brique.

L’homme au fusil, avant de s’y infiltrer tenta de trouver des réponses :

  • Qui es-tu ? Où est-ce que tu m’emmènes ?

Une toux sèche s’emparait de lui à chaque mot qu’il tentait de prononcer et des larmes lui coulaient de manière incontrôlable des yeux. Le gaz. Aucune réponse. La silhouette s’occupait d’ouvrir la trappe.La toux s’empara alors définitivement de l’homme au fusil qui tentait de recouvrer ses sens. la douleur de son poignet devenait insupportable : une brûlure si perçante qu’il ne pouvait penser à rien. Pas même au piège auquel il avait été victime. Ni aux avertissements lointains du vieux Ouest… Ni même à l’oubli inexpliqué qui l’avait mené sur la fameuse scène de crime du meurtrier qui avait obsédé son passé… Comment tout ceci était possible ? Comment Satramo s’était trouvé sur son itinéraire ? Pourquoi le Wasteland se jouait-il de lui au point d’utiliser son passé, sa fille ? Comment avait-il pu laisser le désert entrer dans son esprit ? Que lui réservait le reste de son voyage ? Combien de temps perdait-il déjà ? Qui était son sauveur ?

  • Suis-Moi.

La trappe s’ouvrit en un grincement perçant.

  • Qui… Qui tu es ?

Se retourna alors une face caché sous un masque à gaz couvert du tissu qui enveloppait le reste de son corps :

  • Ils vont arriver, c’est pas fini, alors suis-moi.

Puis :

  • Si tu souhaites continuer.

Et il s’infiltra à l’intérieur de la trappe.

L’homme au fusil l’imita après avoir replacer la benne à sa place. L’autre referma la trappe en prenant soin de vérouiller ce qui avait été déverouillé, et le noir enveloppa les deux compagnons.

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