Chapitre 1 - Le Wasteland (II)

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  • Qu’est ce que c'est ça ?
  • Quoi donc ?
  • Ça, regarde.

Et il regarde. Il fait noir tout autour, d’où la difficulté pour l’homme au fusil de distinguer l’objet en question. Et pourtant, avec un peu plus d’attention, il voit ce dont il est question.

  • Tu l’as déjà lu Ri, dans le bouquin de ta bibliothèque.
  • Ah Oui ?
  • Oh que Oui.
  • Je me m’en souviens pas.
  • C'est le désert. C'est normal. Tu as pris le cachet ?
  • Non pas encore.
  • Prends le ou tu oublieras bien plus que la bibliothèque.

La jeune fille s’exécute et fouille dans le torchon de tissus qui lui sert de sac. Elle en sort un tube de plastique orange rempli à moitié de pilules bleue. Puis, après en avoir avalée une :

  • Bon alors, qu’est ce que c'est ? Dit-elle d’un ton d’impatience, la même impatience dont font preuve tout les gamins doté de parole.
  • C'est un satellite ma fille.
  • Un quoi ?
  • Dans le temps, ça nous servait à regarder des programmes à la television. Des infos, des débats, des dessins animés.
  • Vraiment ?

Son regard affiche un air de rêveries et de fantasmes à l’encontre du satellite. La haut, l’objet scintille à un rythme régulier, et file péniblement vers l’horizon. En voyant l’admiration dans le regard de sa fille, l’homme au fusil à les yeux qui brillent. Il se rapproche d’elle et la prend dans ses bras. Le même parfum lointain envahit l’espace.

  • Tu vois ces scintillements ? Il est possible qu’il fonctionne encore. Peut être même qu’il émet toujours un signal. Quelque part, pour quelques’un.
  • Pour qui ? Et où ?
  • Pour personne et nulle part. Plus personne ne reçoit. Ça aussi tu l’as appris Ri.
  • Dans la bibliothèque ?
  • Oui Ri.
  • Maintenant endors toi. Et prends un second cachet s’il te plaît.

Après quelques minutes, la jeune s’endort. Tellement de questions dans sa tête, se dit le père. Et tant dans la mienne que je tente d’étouffer. Il se sent l’âme nostalgique. Si tant est qu’il est encore une âme. Tant de chemin parcouru. Dans quelques temps ils atteindraient leur destination. Ne surtout pas mettre un pied dans le Wasteland. Ce piège à loup.. l’homme au fusil l’entend d’ici. Ou bien seraient ce les hurlements d’agonie des damnés qui auraient osé entrer sur ces terres ? Tant de questions… l’homme au fusil croit même percevoir un rire parmi les hurlements. Ou est ce la folie qui le consume déjà ? Les questions ne cessent de frapper les coins de son crâne déjà bien abîmé par des années de violence. Jamais ils n’auraient du laisser la maison. L’homme au fusil se persuadé qu'ils ont fait le bon choix. Si Celui Qui L’Appelait Son Frère les avait trouvé au milieu des montagnes, alors rester au même endroit n’était que suicide. Comment avait il pu ? Et pourquoi ce visage lui était si familier ? L’homme au fusil creuse dans sa mémoire defectueuse. Du plus loin qu'il puisse se souvenir et du plus profond qu'il puisse creuser… ce visage… ce sourire… mais cet enchevêtrement de questionnement ne va jamais nulle part et le fait revenir aux coins abîmés de cet esprit trop étroit que représente son esprit. Tel une prison. Rien ne sort, rien ne rentre. L’homme au fusil en oublié presque la question principale : pourquoi l’avait-il appelé son frère ? Mais l’homme au fusil, après une heure entière à penser, est épuisé. Assez. Il lève les yeux au ciel et perçoit quelques étoiles ça et là scintillantes à des année lumières de ce qui reste de la Terre. Ici , dans les méandres des montagnes, il ne peut rien leur arriver. Le diable est déjà trop loin, il le sait. Et c'est tout blotti Contre la paroi du creux montagneux que le père s’enfonce dans un sommeil profond. Les rêves passèrent comme le satellite de la veille. Un chien. Un sourire. Des boucles d’or. Le fusil. Le ciel rouge.

  • Papaaaaaa !!!

Le temps semble se briser en un ralenti lourd et douloureux. L’homme au fusil s’éveille en un sursaut fracassant mais beaucoup trop lent. Il attrapé son fusil longrifle en une fraction de seconde. Mais trop lent. Il se retourne en vitesse. Encore trop lent. Le coin que forme la roche de la montagne est vide.

  • Papaaaa !!

Ri hurle de ce genre de hurlement insupportable qui aurai fait fuir le plus courageux des lecteurs. Mais l’homme au fusil, lui, n’avait que la vengeance en tête, la mort dans les yeux, le démon entre ses mains et là haine sur les lèvres. Car au fond, il sait ce qui se passe. Il maintient un certain contrôle mais au fond de lui c'est le meurtre qui le guide. Il regarde en l’air, un filet de roche s’evapore et effleuré le haut de son crâne. Fils de pute. Le salaupard est sur le flanc montagneux et le père prend peur mais il ne montre rien. Il entend les hurlements étouffés de sa fille et les pas du diable accélérer la cadence. C'est une course poursuite dans les espaces étroits du coeur de la montagne. Les parois arrachent des morceaux de tissus au manteau épais du père. Il à pensé à prendre son sac. Et celui de sa fille qu'il voit déjà morte. Non impossible. Il donne tout ce qu'il a, la sueur perle à flot du front au menton mais hors de question d'y prêter attention. Il s’enfuit. Trop rapide. Et lui, trop lent. Beaucoup trop lent. Les années de service du père sont bel et bien derrière lui… les pensées sont rythmées par les bruits de pas des deux hommes contre la roche. Les vibrations sont sur le point de faire exploser le coeur poussiéreux du père. Pas ma fille. Ils m’ont tout pris.Personne n’aura ma fille. A cet instant, le père parvient à sortir de la faille de la roche et il le voit. Devant lui, ce qu’il redoutait le plus : le Wasteland, désert de glace sans fin se fondant dans l’horizon. Au loin le soleil se leve. Une couleur orangée.

  • Pas tout à fait la bonne couleur hein mon frère !

Vite, le père se retourne et là, sur le bord de la paroi le surplombant, se trouve le diable : Celui Qui L’Appelait Son Frère se dresse droit comme un i, portant l’enfant de l’homme au fusil comme on porte un nouveau né. Le père pointe son arme droit sur le visage du diable, mais rien à faire, ce sourire persiste. Fils de pute.

  • Rends moi ma fille.

Le calme. Il veut le faire ressentir mais la colère prend le dessus.

  • Je regrette mais c'est une chose que je me peux me permettre mon frère.

Cette voix si grave. Si grinçante. Oui, bien sur qu'il la connaît mais aucun moyen de trouver la réponse. Une nouvelle fois, le serpent se mord la queue, au centre de cette cellule de prison que représente l’esprit de l’homme au fusil. Celui ci tire un coup de feu en l’air et vise le sommet du crâne.

  • J'ai dit rends moi ma fille. Maintenant.
  • Impossible. Elle représente beaucoup trop, et se trouve au centre d’un trop grand conflit mon frère.
  • RENDS MOI MA FILLE !

Et presque sans s’en rendre compte, le coup de feu du longrifle vient s’abattre violemment que le dessus du crâne de Celui Qui L’Appelait Son Frere. Une giclée rougeoyante virevolte pour se mêler à la couleur orangée du ciel se réveillant, donnant une fresque étincelante de couleurs vive. Le corps de la petite dégringole alors le flanc rocheux pour glisser vers le père qui la receptionne avec douceur. Il la serre dans ses bras d’une force dont seul les lecteurs parents pourront ressentir. Il lui murmure un t'as de phrases réconfortantes tandis qu'il vérifie son pouls. Vivante. Mais inconsciente. Aucune trace de violence sur son visage. Presque paisible. Le père se retourne, sa fille au creux de la poitrine, et là le début de la fin.

  • Je ne saurais dénombrer le nombre de fois mon frère.

Soudain tout devient flou. Le père ne peut sentir que la main chaude de Celui Qui L’Appelait Son Frère sur son front. Puis, tout est flou. Après quoi, autour, des grognements. Des aboiements.

  • Tu ne m’as pas laissé le choix.

Sa phobie. Son monstre. Autour, une centaine, non, un millier de chien noirs, épais et aussi gros qu’un rocher, grognant, près à lui sauter dessus.

  • J’en suis désolé.

Et les chiens se ruent vers le visage de l’homme au fusil. Ils déchirent et déchirent la peau. Oui, la plus grande peur de l’homme sans peur se réalisa après un simple contact de peau. L’homme fusil hurle à la mort et se demande si tout ceci est réel, mais la douleur elle ne le lâche pas une seule seconde. Alors Oui peut être est-ce réel. Impossible de voir autre chose que du rouge. Le sang à inondé sa vue. Les brûlures, la douleur, à moitié brouillé par les aboiements des molosses qui réclament leur part et les grognements de ceux qui ont déjà goûté de sa chair. Et après ce qui semble être une éternité, tout s’arrête, et l’homme au fusil se retrouve recroquevillé au sol. Il se relève vite et là, au loin, une silhouette. Non deux. Là, à l’ôrée du Wasteland, le diable, le sorcier, le mage, peut importe, est près à entrer en territoire hostile.

  • Rends moi ma fille !

A cela l’Autre se contente de lui répondre d’un simple “coucou” de la main, flottant dans les airs, un salut frôlant le ridicule, à la manière d’un Grippe-Sou... C'est alors avec une haine et une colère dépassant l’entendement que l’homme au fusil dévale la dernière montagne, longrifle en main, pour poursuivre Celui Qui L’Appelait Son Frère sous le soleil levant, droit dans le Wasteland, ce fameux piège à loup.

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