Je marchais entre les arbres, sur le petit chemin de terre qui ressemblait à du chocolat aux noisettes avec toutes les pierres qui s'y étaient incrustées. Les nuages noirs masquaient le soleil, si bien que la forêt prenait des airs menaçants. Un silence majestueux régnait, et seul le bruit de mes pas venait troubler ce calme pesant. Tout semblait m'observer, me surveiller, m'épier. À un moment, du coin de l'oeil, j'aperçu une silhouette mais elle disparu à l'instant même où je me retournais. Cet endroit sinistre ne pouvait être apprécié que par mon nez, une odeur d'herbe coupée, mélée à celle de la pluie en été, ajoutée au parfum si particulier de la forêt, délicat, puissant, dans lequel se mélent la senteur acidulée de l'humus, celle de la mousse, celle de la terre et celle du bois, pareille à celle que l'on retrouve dans les scieries. Si l'on fermait les yeux l'endroit devait être agréable, reposant... Mais non je ne fermerait pas les yeux ! Cela ressemblait bien trop à un piège. À la seconde où je baisserais ma garde, la silhouette ressortirait et s'en serait finit de moi. Mais c'était si tentant... J'accélèrais le pas, plus vite je sortirai de cette forêt, plus vite je serai en sécurité. J'arrivais en vue de la lisière du bois quand, tout à coup, un éclair jailli et frappa l'arbre juste devant moi. La lumière éblouissante me ferma les yeux et le bruit me projeta en arrière. Quand je rouvrit les yeux, je vis que l'arbre avait pris feu et était tombé en travers du chemin. La silhouette que j'avais aperçue sorti des flammes et marcha vers moi. Et j'étais là, au sol, sonnée et terrifiée, incapable de bouger ou de me défendre. Elle s'approcha, et d'une voie caverneuse me dit "Relève-toi et suis moi."