Adieux à la garnison

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Sighdur sentit une pression sur son épaule et au fur et à mesure qu’il émergeait de son sommeil, reconnu une voix bien familière qui l’appelait. En ouvrant les yeux, il aperçut Taitdur, son ami le plus cher depuis sa tendre enfance. Ils étaient voisins, avaient deux ans d’écart, et passaient la majeure partie de leur temps libre ensemble. Taitdur était légèrement plus grand que son compère, bien qu’il soit plus jeune. On peut dire que ces deux garnements faisaient bien la paire : Taitdur l’intrépide, qui fonçait tête baissée au moindre danger sans jamais réfléchir, suivant son copain à la curiosité maladive, qui dès qu’il constatait qu’il s’était fourré dans de mauvais draps ne cessait de soupirer.

« Sighdur, allez, réveille-toi grosse feignasse ! Ils vont nous attendre !

— Hein, quoi ? Qui ça ? Et il est quelle heure, pardi ?

— 9 heures ! Il est temps de se mettre en route, on doit être à midi à la garnison pour notre départ ! »

Sighdur se leva d’un bon et fut automatiquement réveillé. Il avait dormi si tard ! Il alla vite chercher les affaires que l’Ancien lui avait donné, prit quelques provisions et vêtement, emballa tout dans son baluchon et fut fin prêt, lorsqu’il s’arrêta net.

« Attends, notre départ, dis-tu ?

— Tu crois quoi, toi ? Que je vais te laisser aller vagabonder de part le monde seul ? Non, non, je t’accompagne. Et puis, tu auras besoin de compagnie, de soutien ! Et je ne t’ai jamais laissé tomber, comme je sais que tu feras pareil pour moi. »

Un sourire se dégagea des lèvres de Sighdur. Il ne serait pas seul, Dothiria l’avait écouté et exaucé ! Il fit une tape amicale et d’approbation sur l’épaule de Taitdur. Son baluchon à l’épaule, il ferma la porte de sa chère chaumière. Une larme lui monta au visage. Il aimait ce lieu qui l’avait vu naître et grandir. C’était la demeure familiale, venait de son père et qu’il avait gardée lorsque ces parents étaient partis rejoindre le grand jardin de Dothiria. Perdu dans ses pensées, il fut vite rappelé à l’ordre par son ami.

« Hum ! Je sais pour toi que c’est dur. Mais je te connais, tu n’aurais jamais résisté à aller ramasser ce foutu cailloux comme je suis sûr que tu diras durant tout notre parcours ! Allez, le vaste monde nous attend. Même si le voyage ne semble pas être propice, rappelle-toi que l’on en a toujours rêvé ! »

Sighdur hocha de la tête. Son compagnon avait raison. Ils se mirent en route, sans jamais se retourner.

Ils ne parlèrent pas en chemin. Tout du long de la route, Sighdur regardait le paysage. Il ne savait pas quand il reviendrait, s’il remettrait même les pieds un jour dans le Val, et voulait mémoriser à jamais dans sa tête cette si belle vallée verdoyante, havre de paix et de bonheur pour tous les Tirgalions. Il retenait chaque plante, chaque colline. Il s’arrêta pour tremper quelques instants ses pieds dans la Ghlisbar et y rempli sa gourde. Il aurait voulu s’y jeter entièrement dedans, et nager, nager jusqu’à la fin du jour. Il fut rapidement rappelé à l’ordre par Taitdur qui voyait l’heure tourner et qui commençait à s’impatienter.

Pour leur donner du courage, Taitdur commença à chanter. Le chant du voyage que Sighdur avait chanté si gaiement hier en se rendant dans les bois interdits. Ce qui ne plut pas le moins du monde son compère qui commença à soupirer encore et encore. Au bout d’un petit temps, Taitdur, voyant que son chant provoquait l’effet inverse à celui souhaité, stoppa net de chanter.

Ils arrivèrent finalement en vue de la Garnison. Une petite troupe les attendait. Nombre de Tirgalions étaient venus voir le départ Sighdur, principalement pour se rassurer, voir qu’il prenait bien la route. Mais l’on remarquait que certains l’enviaient : beaucoup de jeunes rêvaient de découvrir le monde qui se trouvait au-delà de la forêt. En tête de ce groupe, l’Ancien s’avança pour les accueillir.

« Tu as donc trouvé quelqu’un pour t’accompagner. Bien, bien »

L’Ancien sourit aux deux jeunes aventuriers. Il semblait satisfait, rassuré que Sighdur ne prenne la route seul. l’éleva la voix, afin que tous présents, entendent bien ses mots.

— Jeunes Sigdur et Taitdur, nous vous envoyons par-delà le Val. Puisse Dothiria vous accompagner et vous soutenir dans votre long périple. Nous, Tirgalions, plaçons en vous nos espoirs. Notre survie en dépend.

Imitant l’Ancien, tous s’agenouillèrent devant eux, pour leur témoigner le plus grand respect. Les femmes tapissèrent la voie de fleurs jusqu’au grand portail qui donnait sur la forêt. Déjà de là, Sighdur, en regardant devant lui, voyait bien que la route disparaissait rapidement, envahie par la nature qui avait repris ses droits depuis bien longtemps. Une forêt, sombre, sauvage, mais magnifique.

Ils reçurent des victuailles à tel point qu’ils durent en refuser, ne pouvant tout porter. Mais Sighdur garda bien les saucissons de Cochodori, qui était venue spécialement les lui apporter pour son départ.

Il était temps de se mettre en route. Après les dernières embrassades et mots d’adieux, nos deux amis pénétrèrent dans la forêt interdite.

Taitdur fut tout de suite émerveillé par la beauté de ces bois, et il eut la même réflexion que Sighdur il y a de cela bien longtemps, à savoir qu’il était vraiment dommage qu’il soit interdit de se promener par ici. Il marcha d’un enthousiasme sans faille, devant bien souvent encourager son compagnon qui traînait quelque peu des pieds.

Comme Sighdur l’avait vu, la route s’effaçait assez rapidement au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les bois. La route n’était bientôt plus qu’un lointain souvenir et avançaient à tâtons dans ces immenses bois. Taitdur était tout guilleret, bien heureux de pouvoir parcourir le monde à sa guise. Mais Sighdur, lui, n’avait pas le cœur à aller de l’avant. Bien que son rêve l’ait quelque peu ragaillardi, il était toujours inquiet. Il ne savait pas où ils devaient aller, les indications qu’ils avaient reçus étaient tellement vagues !

Ils marchèrent encore et encore, jusqu’à la nuit tombée. Taitdur s’émerveillant des plantes magnifiques, des petits ruisseaux bucoliques, et du chant des oiseaux (on a insisté pour que j’insère cette phrase. Sérieusement, je trouve que ce genre de diatribes particulièrement neu-neu. Je n’arrive pas à comprendre leur intérêt). Une fois le soleil couché, ils firent un petit campement de fortune, à l’abri dans des fougères, mais n’osèrent faire de feu. Ils ne savaient pas quelles créatures rodaient dans le noir, ils préféraient être prudents et ne pas se faire remarquer. Après un repas frugal mais copieux, ils décidèrent de se reposer.

Sighdur n’arrivait pas à fermer l’œil. Les bruits de la forêt le faisaient sursauter, et il n’arrivait pas à trouver de position confortable. Il n’avait jamais quitté son petit lit douillet. Il se retrouvait à même le sol, les racines lui rentrant dans les côtes. Mais il était surtout rongé par le remords et l’inquiétude. Quant à Taitdur il ne semblait pas inquiet pour le moins du monde et visiblement dormait comme un bébé.

Ils se levèrent à l’aube, et se mirent directement en route, cassant la croûte en marchant. Au fur et à mesure de leur progression la végétation se fit de plus en plus dense, et par moment ils ne pouvaient voir le ciel tant les branches des arbres s’entremêlaient.

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