I

Une minute de lecture

« Le soleil brille, le vent souffle dans ses cheveux »

Non. C'est bateau, et en plus c'est faux. Recommence.


« Le soleil meurt, le vent l'étrangle avec ses cheveux »

Pas mal. Déjà plus agréable à lire.


        Huit heures du matin, en chemin pour passer une journée de plus à accepter que le principe-même de liberté m'enlève la mienne. Je compte les nuits une par une, et j'ai le sentiment de compter mes cheveux : je n'en finirai jamais.

        Petit pois au milieu des choux, les intimes m'appellent Alicé. Des intimes que je ne connais pas mais qui en savent plus sur moi que mon entourage. Que c'est idiot un Homme. Il parle davantage à une boîte lumineuse qu'à sa famille. Je hais l'Humain et je me hais d'être humaine. Va-t-on se décider à me réincarner ? Je meurs ici de n'avoir que cela pour exister, que ce vulgaire désir d'écrire, qui absurdement me rapproche encore plus de l'Humanité que je fuis.

        La blancheur de la page me répugne. Pourtant, c'est la paix, c'est la liberté, c'est cette colombe qui possède les clés de mes chaînes. Mais j'ai toujours préféré les pages noircies de mots que blanches de silence. Le blanc c'est le vide, c'est le nouveau chagrin. Aujourd'hui les plus tristes ne sont plus tapis dans l'ombre, ils s'assomment contre le clavier, la lumière de l'ordinateur dressant derrière eux l'auréole d'un ange. Même la technologie sait que les écrivains sont destinés à mourir de leur passion.

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