Chapitre 4

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Ils se déplacèrent jusqu’à se trouver à proximité de l’issue menant aux bureaux. Florian devait trouver un moyen de détourner l’attention de cet unique gardien, leur chance résidait dans ce détail. Il était seul.

Il mima à la donzelle de rester en place et se déplaça quelques tables plus loin, se saisit de la nappe et tira d’un coup sec avant de filer vers elle. Les plats gorgés de nourriture s’étalèrent au sol dans un grand vacarme, faisant se retourner les invités tandis que les chaussures noires s’activèrent vers le lieu du délit.

— Ce n’était pas très discret.

— C’est tout ce que j’ai trouvé pour le déloger de là, ne trainons pas.

Toujours courbé, Florian amena sa conquête, ouvrit la porte et la referma derrière eux, reprenant une posture plus droite.

— C’est au fond puis à gauche et…

La jeune fille stoppa dans ses explications.

— Nous allons tomber sur le baron et ma mère.

— Alors, enlevez vos chaussures, j’espère que vous n’avez pas séché les cours de sport en Suisse, on va piquer un petit sprint.

De nouveau, il lui prit la main. Blanche ne s’en offusqua pas plus que la première fois, le garçon possédait une poigne solide et tiède, digne de confiance bien qu’elle n’avait pas encore bien saisi pourquoi il s’était aussi rapidement résolu à l’aider.

Ils longèrent le couloir, les bruits de leur course étouffée par l’épais tapis, et débouchèrent sur la partie d’où provenait la jeune fille. Comme si le temps s’était figé depuis, le baron s’y trouvait encore, en compagnie de la marâtre, rouge d’indignation. Elle tenait encore dans sa main le chèque tant convoité que l’homme tentait de délivrer de ses doits crispés. Lorsqu’elle vit Blanche, elle tira d’un coup sec sur le précieux papier, persuadée qu’elle était revenue à sa raison.

Mais le couple ne pensa même pas à entamer la conversation avec eux. Florian entonnant un joyeux pardon, mais on est pressés, avant de détaler. Décidément, tourner ces gens en bourrique était follement drôle. Enfin, la petite porte apparut ; d’un coup d‘épaule il la poussa se retrouvant subitement sur les froids pavés de la rue.

Ils ne tardèrent pas et filèrent vers la petite place. Voyant frissonner la jeune fille dans la nuit fraiche, Florian se délesta de sa veste la posa sur ses épaules frêles avant de l’inviter à monter.

Il ne souffla que lorsqu’ils furent enfin arrivés à destination, dans son petit logis. Blanche s’assit sur le rebord du lit, l’appartement était étriqué et la vue ne valait pas celles des appartements Haussmanniens qu’elle avait connu, mais cela lui plaisait. Il lui rappelait sa chambre d’étudiante en plus confiné.

Florian prépara deux cafés chauds et, flanqué d’un sourire qui en disait long, s’accroupit devant elle. Étrangement, cela lui inspira ce que le vieux cochon lui avait sommé de faire tout à l’heure, les rôles étant inversés. Il ne s’en plaignit pas, elle avait décidément de très jolies jambes et pouvait en parer son cou quand elle le souhaiterait. Mais en attendant…

— Alors… cette fois, je veux tout savoir. Tu as dû voir et entendre pas mal de choses non ? De trucs croustillants, voire même totalement indécents. Vas-y, j’écoute.

— Voulez-vous parler de ces soirées où les gens se dénudent dès que minuit sonne ? Des dons versés lors de soirées dont plus de la moitié terminent dans les poches des organisateurs ? Ou du concert organisé récemment, ils devaient soutenir un mouvement populaire tout en mettant subtilement en avant l’un de ces nouveaux partis politiques… j’ai oublié le nom…

Les yeux du blogueur brillaient, il avait là plus qu’il ne lui faudrait pour étoffer ses pages virtuelles. La décadence des plus grands dans toutes leurs splendeurs.

Fin.

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