15 - Bannières enflammées

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23e jour de la saison du soleil 2448

Les troupes d'Elthen se préparaient à partir. Au-delà des murs, le commandant de l'armée et le Haut Chevalier dirigeaient les soldats et les chevaliers au tabard brun et doré qui défaisaient leur tente. Toute la procédure et la cérémonie se furent déroulées comme prévu. Le Roi Brun et Seigneur Kindirah étaient handicapés d'une gueule de bois qu'ils tentaient d'en faire abstraction. Les deux ainsi que Kiojar et Argent surveillaient les activités du haut du mur.

Le prince, étant beaucoup plus responsable que son père, était en parfaite santé ce matin-là. Il tendit une gourde d'eau au roi qui protesta qu'il n'en avait pas besoin.

- Oh ne fais pas cette tête, avisa Kiojar. Tu devrais t'hydraté C'est important après tant de boisson.

Le roi ria, un rire puissant qui se détériora rapidement en toux.

- Comme ta mère. Parfois je me demande si tu ferais meilleure nourrice que combattant. De toute façon, tu feras un bon souverain.

Il posa sa grosse main sur l'épaule de son fils et le secoua légèrement. Puis, il s'adressa à Kiojar et Argent :

- Elthen prospérera avec vous deux comme équipe.

Argent sourit par politesse alors qu'un frisson désagréable lui traversa l'épine.

- J'en suis certaine, Votre Grâce.

- Lôre, corrigea-t-il, appelle moi Lôre.

Il fit une pause.

- Ta voix est si mélodieuse mais renforcée d'une ténacité de fer. Tu feras une excellente reine. Je ne regrette pas mon choix.

- Vous radoter, Lôre.

- Mes excuses, Dame Argent.

Une trompette résonna au loin.

- Mes excuses encore une fois. Je dois aller rencontrer le Commandant Jarwu. On se reverra avant notre départ.

Il salua Bayrne et Argent et fit signe à Kiojar de le suivre.

- Bien sûr.

Bayrne profita du moment seul avec sa fille pour l'approcher à propos des Lènmar.

- Tout s'est bien passé.

- Oui, répondit tout simplement Argent, l'esprit ailleurs.

Elle songeait à la proposition de Demien. Elle était déchirée entre sa liberté et son devoir. Son royaume avait besoin de l'aide d'Elthen, de son pouvoir militaire. Pour cela, elle devait épouser Kiojar. Mais, d'un autre côté, la voix d'Azéna résonnait dans son esprit :

- Tu n'as qu'une vie à vivre. C'est pour cela que j'ai promis fidélité aux dragonniers. Laisse tomber ton père, tu peux accomplir ce que tu veux à ta manière.

Elle voulait la vivre en tant que guerrière, pas en tant que dame de la grande cour de la couronne.

« Ce n'est pas si simple pour moi, Azéna, songea-t-elle. Que dois-je faire? Si j'abandonne Daigorn, nous serons détruits. »

- Est-ce que le prince t'a bien traité? demanda Bayrne, son visage plein d'inquiétude.

- Tu connais bien ta fille, répondit Argent dans un sourire. Kiojar était très respectueux, doux et amusant. Il semble être un prince avec un bon cœur.

- Alors, qu'est-ce qui te trouble, ma fille?

Argent se mordit la lèvre inférieure, stressée. Ses pensées coururent. Elle ne savait pas quoi révéler. Devait-elle se plier à mentir? Le mensonge était une chose qu'elle répugnait; ce n'était pas elle.

« Ce qui n'est pas mentionné n'est pas un mensonge, se dit-elle. »

- C'est juste que je ne suis pas prête à me marier. Je suis si jeune, père. N'y a-t-il pas un autre moyen de rallié Elthen à notre cause?

C'était la vérité, selon elle.

Le seigneur haussa le regard vers l'horizon. À perte de vue, les tentes des soldats d'Elthen longeait les terres de la Tempête. Le roi et son fils, au centre de cet océan d'or et de brun, avaient enfin atteints le commandant et le Haut Chevalier. Un jeune soldat les suivait, portant leur drapeau qui dansait avec le vent.

Un cri glaça le sang d'Argent. Elle se retourna pour rencontrer yeux dans les yeux une explosion. Une des tours de garde du mur de l'autre côté de Nothar s'effondra, écrasant plusieurs gardes et le saboteur. Son cœur se serra et s'arrêta pour un instant. Une personne lui vint à l'esprit : Demien. La panique prit le dessus.

- Mon épée. Il me faut mon épée.

- Retourne au château, lança Bayrne. Maintenant. Que je ne te vois pas t'engager dans le combat.

Il se mit à crier des ordres à ses soldats. Il envoya un messager au roi Lôre. Lorsqu'il remarqua qu'Argent hésitait, il hurla :

- Va!

Argent obéit dans une vague de détermination. Elle avait choisi sa voie. Elle se faufila entre les soldats qui se dirigeaient vers la tour effondrée, dévala les marches du mur puis, s'élança dans les rues en direction du château.

« C'est comme Demien m'avait dit, songea-t-elle. Les rebelles... sauf qu'il a faite faute de me mentionner une attaque sur la cité. Je refuse de m'allier à ces disgrâces. »

La rage dans son cœur l'alimenta à courir plus vite. L'instinct la guidait dans ce labyrinthe de petites rues et de gens affolés. Elle aperçut une bannière violette et blanche enflammé. On allumait les aspérules, brûlant le sigle chérit du royaume. Brûlant la liberté et la paix.

L'homme tenait sa torche sous la bannière accrochée à une herboristerie et riait. Argent tourna dans la rue, agrippa l'épée d'un garde mort empalé contre une maison et chargea sur le rebelle. Elle ne lui laissa pas le temps de réagir. Rapide et fluide, elle sauta et lui trancha le côté de la gorge. Elle ignora les flots de sang qui ruisselaient sur son habit et mit un pied sur le dos de l'homme qui se traînait au sol.

- Qui est ton chef?

L'homme toussa et sourit tout simplement. Argent réalisa son erreur.

- Je n'aurai pas dû te tuer. Tu n'as aucune raison de me répondre à présent. Ton âme est entre les mains d'Elysia et Noktow.

Elle le poussa au loin d'un solide coup de pied.

- Meurt, saleté d'infidèle.

Elle continua vers le château, serrant sa prise sur la poignée de l'épée.

- Demien ! appela-t-elle, anxieuse.

Elle s'arrêta en chemin devant la maison du garde. La porte grande ouverte, elle avait été pillée par des bandits. Aucun cadavre ne s'y trouvait, il n'était donc pas présent lors du vol. Une autre solution la hanta : il devait être parmi les rebelles.

« Non, non, non. Il ne peut pas être mort, se mentit-elle. »

Une larme roula le long de sa joue alors qu'elle se rua vers le château.

Devant les portes de l'enceinte, on lui fonça dedans. Par réflexe, elle se releva d'un bond et balança son épée. Sa cible hurla :

- Argent, c'est moi!

Elle se calma et prit le temps d'observer son interlocuteur. Devant elle se trouvait Demien. Il portait un accoutrement étrange et serrait son avant-bras, où l'épée de la dame l'avait écorché.

- Tu ne m'as pas rencontré, dit-il. Pourquoi?

- Je n'avais pas de réponse pour toi, avoua-t-elle. J'y ai pensé et honnêtement, j'aurai joint votre groupe. Je comprends votre motif, la liberté, changer le monde, mais...

Argent tenta de repousser la colère grandissant en elle. Elle déglutit.

- Mais en voyant ceci, j'ai changé d'avis.

- Ce n'était pas supposé être comme ça.

- Invente les excuses que tu veux. Ma réponse est non.

Elle poussa les portes.

- Argent! appela Demien, désespéré.

Il lui agrippa le bras.

- Je t'en prie. Tu rencontreras l'organisateur de toute cette pagaille et il t'expliquera. Donne-lui une chance et tu comprendras.

Il la regarda de ses yeux qui autrefois la calmaient tant. Une vague de chaleur faiblit ses jambes. Elle s'efforça de ne pas exploser dans une rage aveugle. Elle devait rester objective. Finalement, ses émotions se manifestèrent sous la forme de tristesse. À moitié aveuglée par les larmes, elle le poussa et continua vers le château.

« Je t'aime... Merde, Demien! hurla-t-elle dans sa tête, repoussant l'envie de lui crier en pleine figure. Je n'ai pas le choix. Je reste fidèle à mon père, à mon peuple! Comme un vrai chevalier l'aurait fait. »

À l'intérieur, elle ignora le bombardement de questions des gardes et des servants et se concentra à atteindre sa chambre. Avant tout, elle se débarrassa de son habit inconfortable et enfila des bottes, un simple chandail, des culottes et attacha ses cheveux en queue-de-cheval. Elle cacha une dague dans sa botte, glissa son épée, bien niché dans son fourreau, de sous son lit et finalement, elle s'observa dans le miroir au mur devant elle. Elle remarqua le collier que Kiojar lui avait offert ce matin-là. Blanc pur, une main juste comme celle en vous avait-il expliqué. En effet, la gemme qui y était accroché rayonnait d'une puissance mystérieuse.

- Au diable les autres, dit-elle en attachant son épée à sa ceinture et celle du garde décédé de l'autre côté. Je vais faire les choses à ma façon puisque personne n'est capable de respecter une femme.

- Qu'est-ce que tu veux dire? demanda une petite voix féminine.

Argent se tourna. Tria était dans l'entrouverture de la porte. Elle paraissait inquiète, ses mèches ébènes en désordre et ses yeux lourds.

- C'était ta journée de repos, dit Argent. Je suis désolé de d'avoir perturbé ton sommeil. Ne t'en fait pas, retourne à ta chambre. Assure-toi certaine que les gardes restent à ta porte.

Tria s'approcha, remarqua les bagages et son regard s'éveilla soudainement.

- Où vas-tu? Que se passe-t-il? Quelque chose ne va pas. J'ai entendu des cris et des murmures provenant du corridor.

Argent se pencha pour être à la hauteur de sa sœur et prit sa petite main dans la sienne.

- Je reviendrai bientôt.

Tria manqua de patience sur le coup, elle se mit à hurler:

- Je ne te crois pas. C'est encore ce vaurien de Demien. Je le sais, il te cause toujours des problèmes. C'est un mauvais homme. Je ne vois vraiment ce que tu vois en lui. Il n'a rien d'un seigneur ou d'un prince.

- C'est...

Argent hésita.

- C'était un bon ami, rien de plus. Ceci n'a aucun lien avec lui. Il a choisi sa voie, j'ai choisis la mienne et elles nous séparent. J'ai besoin de faire ma vie, Tria. Nous sommes des femmes, mais nous ne sommes pas nées en tant qu'esclaves, aucune d'entre nous.

- Toi et Azéna, vous avez du cran.

Un brin de tristesse déforma sa voix.

- Tu vas revenir bientôt, pas vrai?

- Oui. Je serai bien entourée. Le roi Lôre est notre allié et il sera bientôt notre famille.

- Alors, tu te soumets aux vœux de père?

- Pas complètement. Je fais ce qu'il y a de mieux pour Daigorn et aussi pour moi. J'ai trouvé un compromis entre les deux. Maintenant, retourne à ta chambre. Si les gardes sont absents, trouve mère.

Elle tira la dague de sa botte et la tendit à Tria qui grimaça à la vue de la lame.

- Je sais que tu n'aimes pas les armes, mais garde ça avec toi.

Elle guida Tria à sa chambre et se précipita à l'extérieur en passant par la cuisine où elle ramassa du pain qu'elle dévora en chemin. Les cuisinières affolées la supplièrent de ne pas faire d'actions téméraires.

Dehors, la situation semblait avoir pris un tournant pour le pire. Plusieurs établissements militaires et de noblesse avaient été endommagés et souvent brûlés. Partout où elle regardait, les bannières de Daigorn avaient été perverties. Les rebelles avaient été arrêtés quelques lieux avant d'atteindre le château.

« Bien. Au moins, ma famille est sauve, se dit-elle. »

Un hennissement attira son attention. Un étalon familier accourut vers elle. Sa robe crème pâle était salit par les débris du chaos.

- Jre'gan, appela Argent.

Elle siffla. L'étalon s'arrêta à côté d'elle et renifla ses cheveux.

- Où est Kiojar?

Quelqu'un appela l'étalon à son tour non loin de là. Argent se retourna et aperçu un jeune homme tourner le coin d'une rue. Celui-ci se dirigea vers elle, le sourire aux lèvres quand il la vit à son tour.

- Argent ! hurla-t-il.

Ses cheveux sable étaient désastreux, la poussière lui couvrait le quart du visage et ses mains étaient salies de sang, mais il gardait son charme. Pour une fois, Argent avait l'impression de voir l'enfant en le prince.

« Je crois qu'il fera un excellent époux, songea-t-elle. Peut-être tomberai-je même amoureuse de lui avec le temps. »

L'enfant d'Elthen se rua vers sa promise, la souleva de terre, la serra et finalement, il la déposa.

- Vous avez trouvez Jre'gan!

Argent ressentit l'énergie et la joie du prince. Elle ne put résister un sourire. Il agissait très positivement considérant le désastre qui se produisait.

- C'est plutôt lui qui m'a trouvé, corrigea Argent. Dit Kiojar, à ce point, nous pourrions nous tutoyer, qu'en dites-vous?

- Oh bien sûr, répliqua-t-il sans hésitation. Je t'avais bien dit qu'il est intelligent. Aucune autre monture n'est satisfaisante à côté de lui. Tu ne sembles pas blessée. J'espérai que rien ne te serait arrivé.

Il l'observa avec attention à la recherche de la moindre petite écorche qui aurait pu endommager sa belle peau claire.

- Pourtant, tu as du sang sur ton bras et un peu sur ton visage.

- J'ai défendu ma cité et mon peuple.

- La prouesse dans cette femme, complimenta Kiojar. Tu es une fière guerrière à ce que je vois. Tu n'as pas besoin d'homme pour te protéger.

Il posa ses mains sur ses hanches, faisant semblant d'être autoritaire. Argent haussa un sourcil.

- Et toi, tu as été victorieux?

Kiojar détendit son corps et toussa, visiblement mal à l'aise.

- Disons que je ne tiens pas de mon père pour ça. Je ne suis qu'un chaton. Pas sans défense mais, disons, que contre un chevalier, ça se gâte pour moi. Quoi qu'il en soit, j'étais simplement venu voir si tout allais bien de ton côté.

- C'est bien gentil de ta part. Je reviens avec toi.

Kiojar hésita.

- Tu es certaine que tu veux voir l'ultimatum de cette rébellion? Ton père n'est pas clément.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

Kiojar ouvrit la bouche pour répondre, mais Argent lui coupa la parole:

- Ce n'est pas important. Allons s'y.

Elle enfourcha le grand étalon qui resta parfaitement calme. Kiojar la regarda avec confusion, surpris de son geste.

- Tu veux que je t'aide à monter Jre'gan? taquina Argent. Allez, bouge!

Le prince gloussa et monta derrière Argent. Celle-ci se rappela la commande qu'avait utilisé Kiojar pour mettre Jre'gan au galop.

- Nurah'ji!

Elle ressentit la compréhension et l'accord de l'animal. Jre'gan courut avec une telle délicatesse qu'il paraissait flotter. Sa rapidité impressionnait Argent à chaque fois.

En chemin, la future reine observa les habitants de Daigorn. Les nobles étaient furieux, leur cœur que de cupidité. Les roturiers eux, ramassaient ce qu'il leur restait et continuait à bâtir leur chez-soi, aussi rudimentaire était-il. Les parents consolaient les jeunes enfants qui avaient perdu leur jouet ou encore, leur doudou. Encore une fois, Argent se sentit responsable de ne pas avoir averti son père à propos rébellion. Elle pensait bien faire en laissant Demien et ses confrères révolutionner leur vie.

- Je t'épouserai, dit-elle à Kiojar avec la dureté d'un gladiateur.

Elle sentit le sourire du prince derrière sa tête.

- Je te donne mon cœur, mon honneur et ma fertilité. En échange, tu me donnes respect, liberté et travail d'équipe.

- Qu'est-ce que tu entends par là? questionna le prince avec douceur qui avait compris qu'elle voulait insinuer quelque chose.

- Je veux être chevalière. C'est mon rêve. Je veux devenir une guerrière, je veux combattre pour mes idéaux. Laisse-moi joindre l'Ordre de la Chevalerie.

- Mais les chevaliers ne peuvent pas se marier.

- Tu es le futur roi, fait une exception. Tu es la loi à partir de notre mariage. Nous sommes la future génération, nous ne devons pas suivre les traces de nos parents à la lettre. Gouverner est une importante responsabilité. Soyons une équipe, contrairement aux autres rois et reines qui sont forcés à se marier et ne rêvent qu'à se poignarder dans l'ombre. Travaillons ensemble à trouver le mieux que notre situation nous offre. Les chevaliers sont comme tous autres personnes; ils ont besoin de l'amour aussi.

- Père va trouver ça étrange, mais je suis certain que ce sera bien. En parlant d'eux, nous sommes arrivés.

Bayrne et Lôre étaient debout devant une dizaine de rebelles attachés par les mains et pieds. Des chaînes les reliaient tous à un poteau de bois. Ils attendaient leur sentence à genoux avec la tête haute et les yeux déterminés. Argent et Kiojar descendirent de Jre'gan et se positionnèrent à côté de leur père respectif.

Le cœur d'Argent se serra lorsqu'elle aperçut Demien parmi les prisonniers. Il croisa son regard et sourit, à moitié triste, à moitié heureux.

- Je te laisse la liberté du choix de leur sentence, dit Lôre à Bayrne de sa voix puissante. C'est ton royaume, encore plus que le mien bien que je suive ton roi.

Argent savait que son père devait être ferme, surtout en présence du roi. Malgré tout, elle le supplia du regard les épargner. Bayrne posa une main sur l'épaule de sa fille et hocha de la tête.

- Tu sais ce que je dois faire.

- Non, refusa Argent. Père, la mort n'est pas une solution.

- Ils reviendront, Argent, répliqua-t-il. Je dois protéger mon peuple.

- Je comprends ton raisonnement, dit Argent avec fermeté. Mais, ils ont leur raisonnement aussi. Ils essaient juste de survivre, d'avoir une meilleure vie. Sommes-nous un peuple de bouchers ou les enfants du vent, de la liberté, de la paix?

Le regard reconnaissant de Demien la rassura. Pendant ce temps, Bayrne considéra l'argument de sa fille.

- Monseigneur, commença l'un des soldats mais, le seigneur leva la main et le silence s'en suivit.

Des roturiers et des nobles se rassemblèrent lentement autour d'eux, curieux de ce qui se passait. Les soldats les empêchèrent d'approcher des rebelles.

- C'est pour votre protection, disaient-ils.

Une mère reconnue son fils parmi les condamnés et se mit à pleurer et hurler de le laisser partir. Un soldat la rassura que Bayrne allait prendre la meilleure décision qui s'applique à la situation et que paniquer ne ferait qu'empirer les choses. La jeune femme obéit, mais son corps demeura tendu. Argent la comprenait; Demien était comme de la famille pour elle.

Finalement, le seigneur de l'aspérule blanche prit sa décision. D'une voix puissante, il déclara :

- Quelque chose se prépare en Aerinda, une guerre quelconque. Je ne sais pas où elle nous mènera mais, je promets de faire de mon mieux pour protéger Daigorn. Si votre décision est de partir, soit.

Il fixa les rebelles avec sévérité.

- Vous, rebelles, avez fait votre choix aujourd'hui. Je vous marque ennemis de notre royaume. Vous êtes libres de partir mais, faites-le sur-le-champ car, si vous êtes pris sur nos terres, vous serez tués.

Si les prisonniers étaient soulagés, ils ne laissaient pas paraître. Seul Demien leva les yeux brièvement vers Argent.

- Capitaine Hèredan, appela Bayrne.

Un grand soldat au long nez et au regard féroce et dévoué approcha.

- Vous et votre bataillon escorteront les rebelles jusqu'à la lisière de Daigorn, continua le seigneur. Là, vous leur rendrez leur liberté.

- Oui, monseigneur, répliqua Hèredan.

Il fit signe à ses soldats d'emmener les rebelles au donjon, où les prisonniers sont enfermés dans des petites cellules froides.

- Quand partirons-nous, monseigneur?

- Préparez-vous et partez immédiatement.

Hèredan assigna quelques soldats à la préparation des chevaux et des provisions puis, s'excusa avant de disposer.

- Êtes-vous certain que ce soit la meilleure décision? demanda Lôre à Bayrne. Nous serons bientôt en guerre. Nous n'avons pas le temps pour des rebelles s'ils reviennent.

- Je supporte la sagesse d'Argent, déclara Kiojar. Une reine qui reconnaît que la mort n'est pas un jeu sera grande. Les gens n'y pensent plus, ils jouent les justiciers alors que ce n'est même pas eux qui ont accordés la vie aux autres.

Le roi brun ferma les yeux. Son expression solennelle se remplie de pardon et à ce moment, il parut encore plus puissant.

- Bien dit, mon fils.

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