Chapitre 10

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Manuel rentre guilleret à l’appartement. Une bonne odeur de cuisine l’accueille.

- Hello ! lance-t-il à la volée. Il y a quelqu’un ici ?

Éric, aux fourneaux, se retourne et voyant le sourire de son ami, se sent immédiatement rassuré.

- Hello boy ! Il y a moi, si ça te va.

L’autre lui fait un bisou rapide puis soulève le couvercle de la marmite.

- Hum… poulet basquaise, pas mal. Je vais rester, je crois.

- C'est bientôt prêt. Tiens goûte, propose son compagnon, en retirant une petite portion du plat.

Manuel souffle sur la cuillère puis avale son contenu, en prenant soin d’en étudier les saveurs.

- C’est très bon mais tu devrais rajouter un peu de piment.

- Du piment ?

- Oui, du piment. Pour relever le goût.

Éric se fige, l’air interdit, la cuillère en suspens.

- Quoi ? s’étonne son ami. T’es vexé ? C’est très bon, j’t’ai dit.

- Nan, nan, rien... Oublie ! répond l’autre, en secouant la tête. Tu as raison, ce n’est pas assez relevé.

Manuel ne s’attarde pas plus et s’installe à son ordinateur pour transférer les fichiers de son appareil photo.

- Ton rendez-vous s’est bien passé ? demande son ami, que la bonne humeur retrouvée encourage à poursuivre le dialogue.

- Excellent ! clame l’autre avec enthousiasme.

- À ce point-là ! On t'a proposé un meilleur prix ou quoi ?

Le photographe ne répond pas, il n’a même pas entendu la question. Les essais lumière de tout à l’heure apparaissent sur son écran et captent toute son attention. Un sourire béat se dessine sur son visage.

- Manu ? s’inquiète Éric, en se rapprochant.

Le garçon sort alors de sa rêverie et se met à rire franchement.

- J’ai photographié un type, le chargé de com’, et ça a été un pur moment de plaisir, explique-t-il, toujours aux anges.

- Ah bon ? Comment ça ?

Son compagnon est maintenant assis près de l’ordinateur et scrute l’écran avec inquiétude.

Il découvre une série de portraits où un homme prend des poses diverses, dans une pièce puis dans une autre, avec puis sans veste. Rien d’extraordinaire. Il ne comprend pas.

- Ce mec-là ? demande Éric, totalement indifférent à l’apparence banale du personnage.

- Yes ! Je lui aurais demandé de se déshabiller qu’il l'aurait fait, je pense, déclare Manuel, les yeux pétillants.

- De se déshabiller ? répète l’autre en se tournant vers son ami, de plus en plus interloqué.

- Je t’explique. Au début, il était coincé, tout timide avec son allure de premier de la classe, c’en était touchant. Et au fur et à mesure des prises, il s’est totalement lâché. C’est là où j’ai commencé à délirer, j’avais l’impression d’avoir du pouvoir sur lui, tu vois ? J’imaginais le shooter en plein strip-tease !

Manuel se remet à rire comme un bienheureux jusqu’à ce qu’il remarque la mine sérieuse de son ami.

- Hé ! J’ai dit que « j’imaginais », panique pas. J’étais pas en érection non plus, faut pas pousser…

Éric reste muet, les sourcils levés et l’air songeur.

- Bon, je vois que ça ne te fait pas marrer, constate l’autre en refermant ses fichiers. Mais dis-moi, t’as fait quoi toi, ce matin, pour partir dès l’aube comme un repris de justice ?

- J’avais un rendez-vous moi aussi... J'ai fait de la marche à pied, j’avais besoin de me vider la tête.

Éric laisse glisser le dos de sa main sur l’épaule puis le bras de son compagnon.

- Et ça va mieux ?

- Ça va mieux depuis que t’es là.

Sa main remonte maintenant doucement le dos de Manuel. Ce dernier fait comme si de rien n’était alors qu’une onde lui électrise la colonne vertébrale.

- Et t’as fait des rencontres, en chemin ? demande-t-il, malicieux.

La main lui masse le haut du dos, s'attarde en légères pressions sur la nuque. Il ne retient pas le frémissement de ses épaules.

- Des blondasses, en tenue moulante…

- Ah oui ? Et donc… ?

Les doigts d’Éric fouillent les mèches bouclées, caressent le cuir chevelu tandis que la tête de Manuel dodeline d'avant en arrière.

- Elles se sont pâmées en voyant le beau mâle que je suis…

- Hum…normal. Et ton rendez-vous ?

- Je suis allé voir Nicolas.

Éric tient son amoureux par les cheveux et les tire légèrement en arrière pour mieux lui embrasser le cou. De petits baisers qui courent comme des perles fines sur sa peau.

- Ah oui ?... Il va bien ?

- Non. Pauline l’a quitté.

- Oh, le pauvre !

- Oui, le pauvre !

Le garçon mordille le lobe de l’oreille, lape la sueur naissante en son extrêmité. Puis il suit avec sa langue le contour de la joue jusqu'à l’arête du menton. Manuel, n’y tenant plus, attrape la langue dans sa bouche et l’aspire avec gourmandise. Un goût de purée de tomates envahit instantanément les papilles d’ Éric qui s’écarte d’un coup :

- Merde ! Le poulet !

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