Alcool (deuxième partie)

de Image de profil de Nicolas HaarmanNicolas Haarman

Avec le soutien de  Vis9vies 
Apprécié par 1 lecteur

La démarche est hésitante, l’oeil est imbibé, les couleurs se mélangent.
Quelle heure? Quelle rue? Quelle ville? Où sont mes compagnons de fortune? Suis-je sur le bon chemin? Certainement pas. Le monde tournoie, et je tourne avec lui. Trop vite. Beaucoup trop vite. Je crie des mots, je crache du sang. Je me concentre sur mes pieds. L’un après l’autre. Pas à pas.
C’est ça, pas à pas. Les lumières de la nuit m’aveuglent, les enseignes et les néons se dédoublent.
Je cherche une embrassade, un réconfort, mais je suis à la traîne. Il me faut suivre le rythme. Ce n’est pas fini.
Le gosier a toujours soif.
Une soif sans fond, comme un puits. Elle me guette cette soif, elle me connait bien. C’est ma plus vieille amie. Et ma pire ennemie.
Finalement j’atteins un port. Je hurle de pouvoir amarrer ma vieille carcasse. On me chasse en prenant bien soin de me remettre une maigre pitance. Il faut fermer voyez-vous. Comme je les comprends.
La soif s’apaise le temps d’un instant furtif. Et elle revient. Au galop.
Toujours plus, il en faut toujours plus. Cette âme et ce squelette ne sont jamais rassasiés.
Dans la rue Sainte-Catherine, je quitte le perroquet bourré (cela ne s’invente pas), et j’erre.
J’ai des pentes rousses à grimper. Des pentes d’espoir et de communion.
Des pentes de savoir et d’erreurs en futur.
Des pentes qui seront plus faciles à dévaler par la suite, avec ma soif.
Et je concilie jalousie et envie, et je réunis amour et désir, et je fais le trait d’union entre moi-même et mon image dans le regard des autres.
Les poids se sont envolés, les masques se sont brisés, on peut tout dire au risque de tout meurtrir.
Je grimpe la pente.
Elle est solide, et la gravité accueille mes relents. Une halte place Colbert.
Inspirations, expirations.
Direction le nid. Encore faut-il se repérer parmi ses sons et ces images qui se mélangent.
Ne comptons pas sur la clarté quand il faut dix fois revérifier notre position de stature.
Debout, donc. Rester debout.
Le sirènes passent, les jeunes chiens de nuit aboient des appels. Faut-il éviter? Ou se faire éviter? Je ne sais plus. Je ne sais rien. Je ne sais plus.
Altercations embrouillées, coups reçus ? Ou échangés?
Je grimpe.
Je cherche mon lit. Il ne sera pas place Bertone, mais je m’en rapproche indubitablement.
La rue De Nuit s’ouvre à moi et j’entrevois la fin: l’atterrissage en douceur sur un matelas moelleux, l’extinction des feux.
La pente est grimpée, les défis relevés, mais elle est toujours là.
La soif.
Elle me laissera un court répit avant de revenir m’aiguillonner, avant de me dire: "on n’en a pas fini garçon. On a pas fini de valser, on a pas fini d’explorer."
Alors soit.
Alors, assis sur mon canapé, les neurones en fusion, je me dis: "allez! Une petite bière avant d’aller se coucher."
Que voulez-vous ? Elle est ma compagne, elle est ma némésis. Et elle ne supporte aucune incartade.

Tous droits réservés
1 chapitre de 2 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

Commentaires & Discussions

Alcool (deuxième partie)Chapitre0 message

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0