La Lumière

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Coline avançait vers la source de lumière, fascinée. Qu'est-ce qui pouvait bien produire ce jeu de couleurs irisées, mouvantes, tourbillonnantes, du plus bel effet ? Elle tendit la main, admira la façon dont les couleurs en question teintaient sa peau, la faisant paraître plus belle et comme irréelle. Il fallait qu'elle sache ce qui émettait cette ambiance féerique. Fascinée, elle avança d'un pas, de deux, de trois...

« Ho, Coline, qu'est-ce que tu fais, peuchère ? Tu va tomber ! »

La jeune femme cligna des yeux. Disparue, la lumière arc-en-ciel. Il ne restait autour d'elle que le banal paysage d'une villa de banlieue très bourgeoise, sous le ciel tout aussi banal de la banale Seine-et-Marne. Elle baissa les yeux, aperçut ses pieds - ses grands pieds paraissant encore plus grands dans ses chaussures de sécurité - perchés au bord d'un trou. Non, pas au bord d'un trou ; d'une piscine vide.

Son collègue provençal à l'accent chantant lui attrapa le bras et la fit reculer. Ils étaient en pleine enquête sur les lieux d'un crime atroce. La piscine, quand un voisin paniqué avait appelé, était rouge. Aucune personne vivante n'avait pu être retrouvée. Les morts, par contre... Elle se souviendrait toujours des cadavres tordus dans le bassin de sang, avec leur expression émerveillée sur la figure.

Tiens, de la lumière. Une lumière incroyable. Des couleurs irisées, mouvantes, tourbillonnantes, du plus bel effet, semblaient émaner d'une fenêtre de la villa. Coline se dirigea de ce côté, émerveillée.

« Qu'est-ce que tu fais, Coline ? interrogea, inquiet, son coéquipier.

— Tu ne vois donc rien ? rétorqua-t-elle, étonnée.

— A part, cette foutue maison et cette piscine de cauchemar, tu veux dire, pitchoune ? Non, rien. Pourquoi ?

— Cette pièce... C'est la salle de bain, non ?

Elle pointait du doigt la minuscule fenêtre d'où émanait l'enchanteresse lumière.

— Il n'y a qu'un moyen d'en être sûrs, hé ! C'est d'aller voir... »

Il pénétrèrent dans la maison désertée. Coline marchait comme dans un rêve, les yeux vagues, prêtant à peine attention à l'état de saleté désastreux des lieux. Elle cherchait la lumière. Enfin, ils parvinrent à la pièce d'où elle avait vu sortir la vive lueur irisée. Elle la voyait encore. Les couleurs attirantes traversaient les murs – et s'agissait-il bien d'une mélodie qui effleurait ses oreilles, imperceptible, fuyante, tantôt présente à la limite de son ouïe, tantôt absente ? N'était-ce pas étrange ? 

Elle ouvrit la porte.

Son collègue poussa une exclamation d'alerte.

Elle avança dans la lumière, émerveillée, se sentit se fondre en elle, se dissoudre, devenir elle... Plus rien n'existait, si ce n'était le festival de couleurs lumineuses qui l'enveloppait.

***

L'autre policier regardait, abasourdi, la pièce  dévastée qui s'ouvrait devant lui. Comment le sol pouvait-il être aussi noir ? Où était sa collègue ? Il porta la main à sa ceinture, en tira une lampe-torche puissante, l'alluma. Il recula avec une exclamation d'horreur : devant lui, c'était bien la salle de bain, avec son vasistas qui avait attiré l'attention de Coline ; mais à la place du sol, il n'y avait qu'un gouffre. Et, quelque part au fond, le corps désarticulé de sa collègue gisait, empalé sur des épieux acérés. Sur son visage, une expression extatique, identique à celle des cadavres de la piscine.

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