Aujourd'hui, j'ai emprunté mon secret sentier.

J'avais envie de marcher : hop, baskets aux pieds.

Depuis la maison, je traverse le village,

Passe la chapelle et me fonds dans les adrets.

Mon sentier secret serpente sous les feuillages

Des châtaigniers, longe un canal et son muret.

Plaisir retrouvé de dérouler mes foulées...

Waouh ! Cinq-cents mètres à l'heure en dénivelée,

Je sens qu'aux traileurs, je vais leur faire la nique !

Dans ma tête, la ritournelle des colchiques...

Chaleur de l'été indien qui n'en finit plus,

Papillons et ribambelle de sauterelles,

Bruyères fleuries, russules et coulemelles...

Mon beau cerf, dans ces bois, je ne t'ai jamais vu...

Mon drapeau-hommage à toi, l'enfant du pays,

Toujours en place malgré les intempéries.

Hervé Gourdel fut lâchement assassiné.

Quelqu'un a rajouté des loungta du Tibet.

Qui a mangé les myrtilles, ô la razzia !

Il n'en sera même pas resté un chouïa...

Mais je me console avec d'énormes framboises :

Je me délecte, me régale et j'en pavoise !

Voluptueuse solitude, méridienne ?

Je la vois volontiers coquine, aérienne !...

Un tout jeune gypaète aux ailes immenses

Flirte avec l'ascendance : quelle récompense !

Je contemple au sud le cotonneux littoral :

Les lourdes brumes lui donnent un air spectral.

Ici s'éternise le bleu d'été indien ;

Folle impatience, j'attends l'hiver sibérien !

23/09/18.