Je devais faire quelque chose pour l'aider. Il allait se faire entrainer sur un terrain qu'il ne connaissait pas ! Mes jambes volèrent à son secours alors qu'il pleuvait et faisait nuit noire. Tout forme de peur m'avait quitté car je devais arrêter cela. Je me précipitait dans son jardin, par effraction sûrement puisque je ne semblait plus être le bienvenu. Je tapai ma main contre la lourde porte en bois en criant son nom et jurant en même temps sur cette pluie qui masquait ma voix.

- Lukas ! Lukas ! Descends ! Je dois te parler !

Comme je n'eus aucune réponse, je pris une pierre, cassa une vitre et fît sonner l'alarme. Je le vis enfin arriver dans un peignoir luxueux. Il alluma la lumière et je le vit. Le choc fut si intense que je perdu presque l'équilibre. Son teint était cadavérique, ses cheveux en bataille et son corps était amaigri. Et dire que je n'avais rien vu...

- Lukas ! Ca va !

- Dégage Benoît !

Il vomit sur le sol.

- Tu es totalement drogué... dis-je éberlué.

Il me lança le premier objet à sa portée puis en prit un autre et encore un autre pour faire de même. Je tentais de lui expliquer ce que Franck voulait faire mais il ne broncha pas. Il disait me vouloir partir. Il appela la police et je dû obéir...

Le lendemain, les gros titres parlaient de moi. Peu étonnant. On me qualifiait "d'ami fou", de "collaborateur jaloux" et autres tandis que l'on offrait une gloire sans pareil à ce Franck. J'étais le seul à voir clair dans son jeu, il voulait sa place. On le mettait peu à peu en lumière tandis que Lukas se faisait porter pâle à cause de sa "maladie". Tout le monde savait ce qu'il prenait mais personne n'en dit rien.

Les années passèrent et Lukas perdait le contrôle. Je tentais toujours de le ramener mais j'étais impuissant. Ses discours restaient magistraux mais ils devenaient beaucoup trop rare. C'était Franck qui faisait les déplacements, lui qui annonçait les réformes, lui qui gérait cette pseudo dictature, se battant si vaillament contre ceux qui étaient contre l'Avenir. Que dire de cet avenir ? Il était sombre. La répression avait prit le pas sur les valeurs. Notre économie déclinait un peu mais le problème n'était pas là. Franck était impulsif. Il dégradait toutes nos relations diplomatiques une par une à cause de ses provocations.

Le vase était presque plein. La goutte qui lui manquait arriva lorsqu'il commença à décimer les opposants politiques. Je ne reconnaissait plus ce mouvement si pacifiste de base. Derrière ce carnage se cachait Lukas, le seul capable de l'arrêter. Mais il ne s'en rendait pas compte. On lui disait de signer des papiers, de faire des discours, de remplir son rôle mais sa partition était fausse. Il ne jouait pas le même morceau que ces barbares. Je ne pouvais plus l'aider, le vase débordait déjà trop. Tout cela dura un ou deux ans, le peuple souhaitant fermer les yeux devant sa flagrante erreur. Pourtant les pays limitrophes comme l'Allemagne ou encore l'Italie s'allièrent contre ce Parti. Mois après mois, la justice se rapprochait. Tout fût arrêté. Ce délire, ce cauchemar se finit en un silence lourd de sens. Une dictature répressive et autoritaire avait encore eut lieu malgré toutes les préventions faites.

On se rappelait tous du commencement, de l'envie si pure de réussir. Lukas avait été le plus grand espoir et la plus grande chute de ce pays. Il était tout et que restait-il de Franck ? Rien. Sa lâcheté l'avait fait fuir. L'heure du jugement était arrivée, ils allaient tous y passer un à un, faire face à ce qu'ils étaient, aux monstres qu'ils étaient devenus.