Lukas

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J'arrivai dans la grande salle du tribunal et montai à la barre, prêt à témoigner et à affronter le regard de ceux que j'avais blessé et de ceux qui me méprisait. Mes yeux roulèrent sur l'assemblée dans laquelle les journalistes, à l'affut, tentaient de prendre les meilleures photos pour leur futur scoop. J'en était sûr, je serai dans les grands titres dès la première heure. Sortant de mes pensées, prennant conscience de la latence que je laissais, pris parole, embaumé par l'impression de monter de nouveau devant un pupitre pour faire un discours magistral.

- Mes chers amis, comme il est bon de vous retrouver, commençai-je, les pensées claires mais le regard fou. Vous savez tous qui je suis, ce que j'ai fait. On m'accuse. On me hue. On me martyrise. Je suis le martyr de cette nation. Je l'ai élevée et voilà qu'elle m'implore, unie contre son chef, de m'accuser.

Je m'adressai d'un regard au juge et continuai.

- Voyez-vous cet homme ? Oui ce juge... Ou ce fauve, me surplombant, moi, à présent jeune fourmi, presque indissociable de vous tous ! Je désignai du doigt le juge puis le public pendu à mes lèvres. Ce même homme a été soudoyé par des mafieux, des violeurs, des meurtriers et bien d'autre. Nous sommes donc équivalents. Je me mis à rire avec démence avant de parler solennellement. Que vaut donc sa place? Mérite-t-il ce siège plus que moi? Je ne pense pas.

- Venez-en aux aveux, me dit le juge, humilié.

- Vous avez raison. Je me perds dans des paroles flatteuses pour ce peuple... MON PEUPLE ! Je voulais aider les pauvres et sauver les orphelins ! Quelle pécadille est-ce de sacrifier quelques uns pour le Bien des autres ? Bref. Puisque vous voulez des aveux, les voici. Je suis coupable de crime contre l'humanité, de meurtres prémédités, d'enlèvements, de délit de fuite, d'un refus d'optempérer et de vol à l'étalage. Maintenant laissez-moi hurler des vérités ! J'ai sauvé notre pays. Je voyais chez les riches, satisfaits de tous leurs besoins, un égoïsme sans nom. Pourtant je percevais une solidarité chez ceux qui n'avaient rien, les pauvres. Puis il y avait les autres. Prêts à tout pour s'élever. Mon utopiste esprit croyait pouvoir les aider mais il fallait leur donner l'espoir. J'ai réussi et pourtant, je me tiens là. A vous tous, peuple éhonté, que ressentez-vous? Êtes-vous en sécurité? grondai-je avec intensité avant de faire mon signe caractéristique, l'index levé vers le ciel.

Fier, je m'en allai, un sourire étrange aux lèvres. Je ris et beuglai des insultes, plus qu'hilare, au bord de la crise de larme. J'étais fou et je le savais très bien. Mes nobles intentions m'avaient taché d'un sang noir et indélébile.

Le jugement fût rendu deux jours plus tard en direct de toute la France. Je n'allait pas en prison mais en asile. Cette décision n'étonnait personne et surtout pas mon meilleur ami, Benoît.

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