Brad#36 - Fin d'année en fanfare à la tour Mush

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La Moufette des Bois, article de Mr Kicreuz, édition du 1er Genver, année de la Souris Verte

La tour de Mush est une tour d’habitation réputée pour sa bienséance. Y vivent principalement des Radter et des Dlaho, chacun à sa place évidemment. Du moins était-ce le cas avant un certain évènement (Cf. édition du 15 Meurzh – Brad#31). Depuis, une nouvelle ère s’est ouverte à la Tour Mush et pour me remercier de ma participation à son dénouement, j’ai été convié aux festivités de la fin d’année dans le nouveau logis des Dlater. Une soirée en forme d’apothéose à laquelle aucun d’entre nous ne s’attendait. Votre reporter vous révèle tout sur cette mémorable soirée.

[Note du journaliste : Avant tout, je tiens à remercier Mme Servane Radter qui m’a tenu, au courant au fil des mois, de la situation à la Tour Mush depuis le séisme de l’annonce de l’idylle entre Filiz Radter et Briega Dlaho et qui fut, encore une fois, une source d’informations inestimable pour cette soirée. ]

Je dois vous l’avouer, estimés lectrices et lecteurs, la ponctualité n’est pas une des nombreuses qualités de votre dévoué journaliste. Je suis au mieux tardif, pour ne pas dire bon dernier à me présenter à une soirée. Ce réveillon ne fit pas exception car avant-dernier, je fus. Mais j’anticipe sur la suite du récit.

J’arrivais à la Tour Mush par la voie des airs et les dimensions extraordinaires de l’étage des Dlater me firent forte impression. Le tronc était ceinturé de toutes parts, avec au moins trois étages et plusieurs beaux balcons. L’un était si vaste que l’oiseau put se poser malgré les nombreux invités.

[Note du journaliste : Pour rappel, la tour Mush est constituée d’un hêtre millénaire en symbiose avec des champignons-maison de type Ganoderme. Selon les besoins de l’habitant, le Ganoderme comportera une ou plusieurs pièces, voir étages pour les familles nombreuses, avec minimum un large chapeau/balcon pour profiter des soirées d’été. Les locaux sont transmis par héritage et les Dlater habitent le premier nouveau logis en deux générations de Lutins.]

La mère du nouveau locataire, Mme Servane Radter trottina vers moi et me fit l’honneur de me présenter à chacun. Son fils Filiz rayonnait en tenant la large taille de sa compagne Briega. On eut dit qu’elle avait avalé la Lune tant son ventre était tendu par un heureux évènement à venir. Ses joues luisaient telles des pommes sucrées. Il ne s’agit pas d’un parti pris de ma part – vous savez bien que cela n’est pas le genre de Mr Kicreuz - mais des conversations que je surpris en passant de l’un à l’autre. Les lieux étaient spacieux et très peu meublés. Bien que mêlant des personnes des racines et des cimes, peu habitués à se côtoyer au moment de mon premier article, l’ambiance était conviviale et chaleureuse. Boissons fermentées et mets raffinés circulaient grâce aux adolescents serviables. Soudain, des voix s’élevèrent vers la terrasse. La pétulante Servane se dirigea vers le bruit en me tractant par le coude, puis se jeta dans la conversation tumultueuse dont elle ressortit les sourcils fortement froncés.


Interview de Mme Radter (6ème étage en partant des racines)

Mme Radter, pourriez-vous m’expliquer la cause de cette agitation ? J’ai cru reconnaitre Mr Dlaho.

—Ah, mon bon monsieur Kicreuz, votre vue ne vous a pas trompé. Mon mari hurle présentement sur le père de ma bru. C’est un homme au tempérament vif comme tous les Radter mais il m’a informé de la situation et l’heure est grave.

Nous sommes en pleine festivités. Qu’est-ce qui peut bien pousser Mr Radter et Mr Dlaho à se comporter avec tant de véhémence?

— Josselin, Mr Dlaho, s’appelions par nos prénoms maintenant que les enfants vivent ensemble. Donc Josselin a gentiment proposé un oiseau pour monter mémé Radter. C’est trop dur pour elle, autant d’étages par l’escalier intérieur.

—C’est fort aimable à lui, intervins-je.

—L’idée l’était bonne mais mon Merryn vient de monter les sept étages depuis les racines après avoir installé sa mémé dans une nacelle à zoiseau et l’est toujours pas là. Josselin jure que l’zoiseau est un habitué et dépose son vieil oncle deux fois par semaine au nouveau 8e étage

[Note du journaliste : avant l’apparition de l’étage de Dlater, l’étage de Mr Dlaho était le 7e et celui de Mme Radter, le 6eme avec une hauteur considérable entre les deux].

…C’est que sous ses dehors distants, l’est un bon gars le Dlaho. Comme nous avec mémé. Comme quoi qu’on est un peu pareil, en fait.

[Note du journaliste : Ayant compris la situation, je me portais au-devant de ces messieurs afin de les apaiser et faire la lumière sur cette disparition, foi de Mr Kicreuz. La colère grondait entre les hommes.]

(Merryn) : s’il arrive quoi que ce soit à mémé Radter, j’vous balance par c’te terrasse. On verra bien si votre zoiseau de malheur vous sauve avant de vous scrabouiller sur les racines.

(Josselin) : Je ne vous permets pas de me parler sur son ton. Sachez rester à votre place. Attendez que mon inestimable oncle Mr Lecimieux nous rejoigne et vous verrez l’importance de ma famille.

Votre dévoué tenta de s’interposé et paf! pris la première baffe. Merryn Radter a une sacrée droite. Les convives se joignirent à la querelle. L’échauffourée aurait pu tourner au pugilat si Briega n’avait soudainement poussé un grand cri suivi de cinq plops pétillants. Merryn Radter tentait de prendre en tenaille Josselin Dlaho à bras raccourcis quand tous deux se retrouvèrent avec un lutinou dans les bras. Mme Radter attrapa le sien avec la sérénité d’une femme plusieurs fois mère. La lutinette lui fit un sourire charmant. La colère des nouveaux papis fondit en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Kicreuz. Ils rejoignirent Filiz et Briega qui tenait chacun une lutinette dans les bras avec des mines émerveillées.

Mme Radter se tourna vers moi, des larmes de joie dévalant ses joues rebondies : « J’savais bien que c’ logis s’rait pour une famille nombreuse. »

[Note du journaliste : La soirée se finit par des gazouillis et une recherche active de cinq prénoms. La grand-mère fut oubliée par tous sauf un astucieux reporter. Et il découvrit une affaire sous l’affaire en allant se rafraichir à la cuisine.]

Interview de Mr Gildas Lecimieux (15ème étage en partant des racines)

Mr Lecimieux pourriez-vous nous expliquer le quiproquo qui a causé tant d'émoi ce soir ?

— Hum, hum…Disons qu’il s’agit d’une erreur d’adressage. Le charmant oiseau qui a transporté Armelle, [Note du journaliste : dites mémé Radter], s’est simplement trompé d’étage.

Un rire joyeux s’invita dans cette explication. Mémé Radter, trés en beauté, était confortablement assise sur un fauteuil champi, les mains sagement croisées sur son giron. Mr Lecimieux rougit et poursuivit :

— Armelle et moi nous fréquentons depuis une vingtaine d’années. Nous prenons le thé chaque mercredi pendant les courses de Servane. Je ne pouvais pas imaginer que ce pauvre Josselin ferait appel au même oiseau.

Conclusion

Les parents des quintuplés Dlater se portent bien et ne s’ennuient plus jamais. A l’heure où cet article sera publié, les bicentenaires amoureux m’ont promis qu’il aurait révélé leur relation à leurs familles. Souhaitons-leur, à tous, une belle et longue vie.

Votre dévoué, Mr Kicreuz.

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