Brad#28 -Dans la tête du méchant

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Père disait que les dominés sont nés ainsi et qu’il n’y a aucune morale valable pour ne pas dominer un être dont c’est la nature. Il répétait, à qui l’écoutait, que les Van Den Eynde sont des dominants depuis toujours, et à moi, en aparté, que je ne devais pas m’en excuser mais l’assumer pleinement. Je me plais à croire qu’il validerait mon programme de la soirée.

Sauf changement, il sortira du bureau vers 18h20. Le jeudi, il fait la fermeture de l’agence. Avec le changement d’heure, il fera déjà nuit noire. J’adore le mois de novembre.

Est-ce que je le suis en voiture ou est-ce que je l’interpelle avant ? Non. Je ne veux pas qu’il sache de suite qui je suis. Je vais peut-être même porter un masque. Ce serait ludique. Je l’assomme ? Il risque un trauma crânien. Je les préfère pleinement conscient. Okay, donc c’est décidé, sur le parking de son appart. Sa place est idéalement située dans une flaque d’obscurité à distance des lampadaires. Merci à la mairie et à l’agglo de leurs atermoiements en termes de responsabilité pour la maintenance de l’éclairage de la ville. Il doit faire environ 80 kg. Je vais prendre une demi-dose d’anesthésiant, histoire de le sonner, pas de l’endormir pendant des heures. La nuit nous appartiendra. Je devrai le doubler dans l’avenue Gabriel Péri pour être là juste avant lui, avec la certitude qu’il ne fera pas un crochet par l’épicerie. Je n’aime pas attendre. Je sortirai de derrière le pin au moment où il se garera et quand il se penchera pour récupérer sa sacoche – qu’il récupère systématiquement sur le siège passager après être sortie du véhicule – je lui injecterai dans le postérieur. Restera à me cacher, le temps qu’il s’écroule. Voir à le rattraper juste à temps, sans qu’il me voit mais sans qu’il s’éclate le melon sur le bitume. Il doit être intact.

Ensuite, je le trainerai jusqu’au Range et l’installerait sur le siège passager, avec ceinture et couverture. Le lieutenant Caron n’y a vu que du feu la dernière fois. Ah ! Zut ! S’il est encore de patrouille, il risque de se rappeler que j’ai déjà ramené quelqu’un comme çà. Heureusement que Jacinthe vivait seule et que sa disparition n’a été signalée qu’au bout d’un mois, par ses petits-enfants si j’ai bien compris. Ah, ces familles si soudées qui ne se contactent qu’une fois par mois. Je suis mort de rire. Tout peut arriver en un mois. Voilà pourquoi j’appelle mon père chaque semaine. Le lundi, à 17h. Ils lui donnent ses calmants à 17h30.

Une fois à l’usine, je le stockerai une dizaine de minutes dans la chambre froide, le temps de nettoyer la pièce. J’aime que tout soit d’un blanc étincelant avant de démarrer. L’éclatant contraste m’inspire dès le début. Ô, j’en tremble d’envie. Est-ce qu’il va me supplier tout de suite ? Parce qu’il va me supplier, c’est une douce certitude. Et il me demandera d’arrêter, tout en sachant au fond de son âme de dominé que je n’en ferai rien. « Soyez raisonnable Mr. Van Den Eynde, on peut s’entendre. Avec un bon poste de gardien de nuit comme le vôtre, cette histoire de découvert sera réglée en un rien de temps. » et chlack, je lui couperai un doigt. Il hurlera à s’en décrocher la mâchoire. J’espère. Pourvu qu’il ne s’évanouisse pas.

Chialer, supplier, ce sont des étapes que j’apprécie. Je peux prendre un pinceau et tirer la couleur de sa chair. L’étaler sur le mur, revenir à la plaie écarlate et créer. J’espère qu’il ne sera pas comme Jacinthe. Cette petite vieille était insupportable. Elle ne connaissait pas sa place. Elle a vomi un flot d’injures, avec une certaine imagination, je dois le reconnaitre, sans jamais me supplier. J’ai dû écourter la séance et sa vie, de manière très prématurée. Il n’était pas minuit. Elle m’avait coupé toute inspiration. Ce fut vraiment une épreuve d’attendre un mois. J’ai craint de ne pas retrouver de muse. Ce jeune banquier avec son sourire de loup et ses yeux glacials, je l’ai reniflé dès qu’il m’a accueilli sur le pas de son bureau.

Oui définitivement, ce serait pour ce soir. A moi, la belle soirée. Quel bonheur d’être un artiste.

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