Chapitre 5

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Dans l’obscurité, mes yeux restent figés sur le plafond blanc de la chambre, observant la lumière des lampadaires extérieurs qui reflète. Je joue avec ma bague de fiançailles en la faisant tourner autour de mon doigt tandis que mon esprit est occupé par le souvenir de cette soirée romantique à laquelle je ne m'attendais pas.

Je suis encore toute retournée de cette demande en mariage inattendue. Je crois que je ne pouvais rêver mieux. Aucune femme ne peut rêver mieux. J’étais tellement heureuse et excitée après ça, que je n’aie pas vraiment apprécié le dîner. Malgré les quelques bouchées de pâtes italiennes qui m’ont paru excellentes, mon estomac était bien trop noué pour que je puisse terminer se qui ce trouvait dans mon assiette. Jonas a passé son temps en cuisine et je m’en veux de ne pas avoir tout mangé. Il s’est donné tellement de mal. C'est vraiment un homme exceptionnel. Je me rends compte à quel point j’ai de la chance de l’avoir auprès de moi.

Je lève ma main pour admirer ce diamant magnifique que je porte. Et moi qui pensais, il y encore peu de temps, que je serais incapable de me marier ou bien de fonder une famille. Cela me paraissait inimaginable. Eh bien, maintenant, c’est une évidence. Certes, je ne serais peut-être pas une épouse parfaite, mais je ferais en sorte de rendre heureux Jonas.

Je laisse tomber lourdement ma main sur ma poitrine tandis que je tourne la tête en sa direction. Il dort paisiblement. Je me hisse jusqu’à lui. Je prends son bras et le soulève en essayant de ne pas le réveiller. Je le passe autour de mes épaules et je m'immobilise subitement quand j'entends un petit râle sortir de sa bouche. J’attends quelques secondes avant de me blottir contre lui. Je glisse ma main autour de sa taille et pose mon oreille sur son torse. Il gigote légèrement en resserrant l’étreinte de son bras sur mon épaule. Sa respiration et les battements de son cœur sont lents et calmes, ce qui apaise aussitôt ma nervosité et mon excitation.

Je me sens si bien. Je n’ai jamais vraiment eu de relation amoureuse dans mon ancienne vie. Une peut-être. Lorsque je suis tombée dans les bras de celui qui a fait de moi ce que je suis devenue à l’époque. J’étais jeune et naïve. Je pensais que l’amour c’était comme ça. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que le véritable amour n’était pas ce que je croyais. Jusqu’à ce que je rencontre Jonas où j’ai vraiment compris ce que c’était. Chaque fois que j’étais en sa présence, je frissonnais et je me sentais comme une gamine. Jonas est l’homme de ma vie et nous allons enfin concrétiser cet amour grâce à ce mariage.

Je ferme les yeux en me concentrant sur le bruit des battements de son coeur dans l'espoir de m'endormir rapidement.

****

Encore une fois, je suis en retard. Je me suis laissé déborder par le boulot. Je cours pour rejoindre le restaurant où j’ai donné rendez-vous à Jessica. Je suis impatiente de lui annoncer la nouvelle. Elle sera tellement fière. Je ralentis ma course lorsque j’aperçois les grandes vitres. Essoufflée, je m'arrête pour observer ce qui se passe à l'intérieur. Il a l’air bondé. Comme tous les midis visiblement. J’attrape la poignée longiligne de la porte puis la pousse pour entrer.

Dans un bruit de multitudes de voix, intense, je balaye du regard la salle à la recherche de Jessica. Assise à une petite table au fond, je l’aperçois me faire de grands signes de la main. Je souris en relâchant la porte. Je me dirige vers elle en faisant résonner mes talons hauts sur le vieux carrelage. Elle me suit des yeux puis elle me rend mon sourire quand je me penche pour l’embrasser sur la joue.

— Salut, dis-je en me redressant, la respiration encore rapide. Excuse-moi, je suis en retard, poursuis-je en rejoignant ma chaise. J’ai tellement de boulot que je ne sais plus où donner de la tête.

Je pose mon sac à terre et tire ma chaise.

— Oh, t’inquiète, répond-elle accompagner d’un geste de la main. Je n’ai pas commandé de toute façon.

Je prends place et retire mon gros gilet gris en laine. La chaleur de cet endroit est étouffante.

Je savais que j’aurais dû mettre autre chose que mon pull fin en cachemire bleu. Mais il ne faisait pas vraiment chaud quand j’ai quitté la maison. Nous sommes en mars et, ici, à Boston, ce n’est pas encore la saison pour porter un short et des tongues.

— Tu devrais embaucher Ashley. Je suis certaine que ça te soulagerait.

— J’y songerai, rétorque-je en me retournant pour poser mon gilet plié en deux sur le dossier de la chaise.

— Bon, dis-moi, qu’est-ce que tu avais de si important à me dire ? Demande Jessica en croisant ses mains sur la table.

Alors que j’entrouvre à peine la bouche pour lui répondre, je suis interrompu par l’un des serveurs, dont je ne me suis même pas aperçu de la présence soudaine.

— Mesdames, puis-je vous proposez un apéritif ?

Aussi surprise que moi, Jessica se redresse subitement en levant les yeux en sa direction.

— Euh, oui, hésite-t-elle. Je prendrais un gin…

— Non, réplique-je fermement. Mettez-nous plutôt deux coupes de champagne, s’il vous plaît.

Je souris en croisant le regard perplexe de Jessica.

— Bien Madame.

Je lui souris lorsqu'il me salue. Quoique cet homme soit d’un âge avancé, je le trouve assez classe avec son nœud papillon et son costume noir. Tandis qu’il s’éloigne de la table, je ne quitte pas Jessica du regard. Elle pose ses coudes sur la table et croise les bras.

— Peux-tu me dire pour qu’elle raison as-tu commander du champagne ?

Je souris.

— Figures-toi que nous avons quelque chose à fêter, réponds-je en regardant mes doigts jouer avec la serviette en tissu blanc posé à côté de mon assiette.

— À fêter ? S’étonne-t-elle.

L'anxiété commence à m'envahir et les battements de mon cœur s'accélèrent. Je ressens une certaine appréhension, même si je sais qu'elle sera très heureuse pour moi.

Le serveur fait de nouveau son apparition avec nos coupes de champagne. Ce qui me permet de m'accorder encore quelques secondes de répit. Une fois les verres posés sur la table, nous le remercions et attendons qu'il s'éloigne avant de poursuivre.

— Tu peux enfin me dire ce qui t’arrive, Ashley ? S’impatiente-t-elle.

Je décide de la faire attendre encore un peu. J'adore la taquiner, même si je sais qu'elle n'aime pas ça.

— Tu n’as rien remarqué ? Demande-je en mettant ma main en évidence sur la table.

— Qu’est-ce que j’aurais dû remarquer ?

— Tu ne vois vraiment pas ?

J’agite mes doigts sur la table, mais Jessica n’a pas l’air d’y porter attache.

— Ashley, tu sais que je n’aime pas quand tu joues à ça avec moi.

Finalement, le jeu n’aura pas duré longtemps. Je suis déçue.

— Tu n’es vraiment pas drôle, Jessica, soupire-je.

Je lève ma main et lui montre ma bague de fiançailles en agitant les doigts.

— Jonas m’a fait sa demande.

— Quoi ?! S’exclame-t-elle en éveillant la curiosité des autres clients.

Je souris en la voyant regarder autour d’elle, gênée.

— Attends, j'ai bien entendu ? Poursuit-elle un ton plus bas. Il t'as demandé en mariage?!

— Oui, crie-je toute excitée.

— Oh mon Dieu, fais-moi voir ça.

Elle attrape ma main et l’attire violemment vers elle. Elle la bouge dans tous les sens pour admirer le diamant. Mon corps se tend tandis que mes yeux ne cessent de faire des allers-retours entre elle et ma main pour surveiller les moindres de ses réactions.

— Mais c’est génial, Ashley.

Elle me lâche en relevant le regard vers moi.

— Allez, raconte-moi tout, poursuit-elle.

— Eh bien, quand je suis rentré hier soir, Jonas nous avait concocté un petit dîner en amoureux. Sur le coup, je pensais que c’était pour mon année d'abstinence mais en fait, non. C’était pour faire sa demande. Il a sorti le grand jeu, table dans le jardin, bouquet de roses, etc... Je suis tellement heureuse, t’imagine pas à quel point.

— Si, j’imagine très bien.

— Je m’attendais à tout sauf à ça. Tu sais, fis-je en regardant mes doigts jouer une nouvelle fois avec ma serviette, je ne croyais pas passer la robe blanche, il y a encore quelque temps.

Je relève les yeux vers Jessica qui me sourit timidement.

— Alors je voudrais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi.

Je plonge mon regard dans le sien rempli de tendresse et lui prends la main.

— Sans toi et ton soutien, je n’y serais peut-être pas arrivé. Merci, conclus-je.

— C’est toi que tu dois remercier. C’est toi qui as fait tout le boulot. Moi, poursuit-elle en haussant les épaules, je n’ai fait que t’accompagner.

— Et tu m’as aidée à me battre, aussi.

Elle resserre fortement ses doigts autour des miens, me faisant presque mal. Je la regarde prendre son verre et le levé. Je souris.

— À la plus belle des personnes que j’ai rencontrées.

Je prends mon verre à mon tour et le lève.

— Et au mariage ! Ne l’oublions pas, souris-je.

J’entrechoque mon verre avec le sien puis le porte à mes lèvres pour en boire une gorgée en ne la quittant pas des yeux. Je déglutis en regardant mon verre, surprise par le goût. Finalement, ce champagne est meilleur que ce que je pensais. Je repose mon verre sur la table.

— Au mariage. Et j’espère bien être Demoiselle d’honneur, lance-t-elle en buvant à son tour.

— Et comment, souris-je.

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