Chapitre 4

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Ça fait plus d’une demi-heure que je suis sous la douche. La vapeur de l’eau chaude a envahi la salle de bain. La tête penchée vers l’avant, je me concentre sur le clapotis de l'eau qui tombe sur le sol pour chasser de mon esprit les souvenirs du passé. La douleur vive, que je ressens au fond de la poitrine, ne parvient pas à s’échapper de mon corps et m’oppresse depuis que je suis montée dans la voiture. Je ne peux m’empêcher de penser à cette fille minable que je suis devenue. Je me demande où j’en serais aujourd’hui si je n’avais pas croisé le chemin de Jonas. À l'heure qu'il est, je serais certainement morte. Jonas m’a sauvée et je dois continuer à être forte. Pour lui et pour notre couple. Je ne dois pas me laisser abattre. C’est pour ça que je devrais arrêter de cogiter et me dépêcher. Jonas n'aime pas que je le fasse attendre. C’est un impatient.

Je renverse la tête en arrière et mouille mes cheveux. Je les lave et les rince rapidement avant d'éteindre l'eau. J’ouvre la porte de la cabine puis attrape la serviette de bain blanche suspendue au porte-manteau juste derrière. Je m'entoure à l'intérieur et serre le nœud que je viens de constituer au niveau de la poitrine pour la faire tenir. Je sors en laissant la porte se refermer seule. Je me courbe en deux pour faire pendre mes cheveux puis je glisse délicatement mes doigts pour les démêler. J’agrippe la petite serviette que j’ai posée sur l’évier, je la positionne sur ma tête et je réalise une torsade autour de mes cheveux. Je la fais basculer vers l'arrière lorsque je me redresse subitement. Je me tourne vers la glace et place correctement la serviette de manière à ce qu'elle ne se déroule pas. Sans glisser sur le carrelage humide, j’essaie d’atteindre la porte. J’attrape la poignée, glacée et sors de la salle de bain.

****

Mes pieds mouillés laissent une trace sur le parquet de la chambre tandis que je rejoins l'immense dressing près de mon lit. J’entre à l’intérieur et m’avance vers la penderie. Je balaye rapidement les cintres où mes plus jolies robes y sont soigneusement suspendues. Je les passe les unes après les autres jusqu’à ce que je trouve enfin la tenue idéale. J'inspecte la petite robe noire sur laquelle je me suis arrêtée.

Elle sera parfaite pour cette soirée en amoureux. De plus, Jonas aime que je porte ce genre de robe. Il trouve que le noir me va très bien. Moi, je n’en suis pas certaine, mais j’ai envie de lui faire plaisir ce soir. Il le mérite.

Je prends le cintre puis je sors du dressing avant de retourner dans la salle de bain.

****

Devant le miroir, j’applique mon rouge à lèvres couleur cerise. Je frotte mes lèvres entre-elles afin qu’il soit parfaitement étalé. Je passe mon doigt autour de ma bouche pour retirer le surplus avant de refermer le bouchon. Je le pose sur l'étagère sous le miroir et je recule. Je prends le temps de m'admirer quelques secondes.

La dernière fois que j’ai porté ce genre de tenue, c’était avant ma rencontre avec Jonas. J’avais besoin de plaire pour obtenir ce que je voulais. Et quand je me regarde dans cette glace, je comprends mieux le regard des hommes sur moi à l’époque. Finalement, je devrais peut-être la porter plus souvent. Je trouve que cette petite robe met mes formes en valeur.

Je passe mes mains le long de mon corps pour enlever les derniers plis. Je baisse les yeux vers le décolleté, orné de strass argent assez discret, avant d'installer correctement les bretelles tombantes pour découvrir au mieux mes épaules. Je regarde une nouvelle fois mes cheveux attachés en bataille et ajuste les quelques mèches qui pendent. J’empoigne mes seins et les remonte vivement. Je pousse un long soupir.

****

Je marche pieds nus sur le palier pour rejoindre les escaliers.

Ils me font encore un mal de chien et je sais pertinemment que je ne supporterais pas une autre paire de chaussures. Peu importe laquelle. Je sais que ça ne dérangera pas Jonas. Il préfèrera que je me sente à l'aise plutôt que de m'entendre me plaindre toute la soirée.

Je souris en y pensant. Tandis que je descends lentement les marches, je l'aperçois en train d’attendre, les bras croisés, adossé au plan de travail débarrassé. Il est tellement mignon perdu dans ses pensées. Soudain, le regard émerveillé de Jonas croise le mien pendant que je descends les dernières marches.

Ces yeux-là, je les connais. Il avait les mêmes lorsqu’il m’a annoncé qu’il était amoureux de moi et de m’embrasser pour la première fois. Je me souviens de notre premier baiser. La fête foraine s'étaitée en centre-ville et Jonas avait décidé de m’y emmener par surprise. Nous avons passé une merveilleuse soirée. Et après quelques tours de manège et une barbe-à-papa partagée, il m’a enlacé et m'a avoué ses sentiments avant de m’embrasser au beau milieu de la foule. Depuis, nous sommes inséparables.

— Tu es magnifique, ma chérie, dit-il en me suivant du regard.

— Merci, souris-je.

Je m’avance vers lui et dépose un doux baiser sur ses lèvres.

— J’ai une surprise pour toi, poursuit-il amoureusement.

— J’ai hâte de savoir ce que c’est.

— Bien. Mais il faut que tu mettes ça.

Je le regarde prendre un foulard en soie noire posé derrière lui. Il entoure ma tête en prenant bien soin de me cacher les yeux. Je place correctement le foulard tandis que j’entends ses pas me contourner.

Je suis dans l’obscurité totale. Je ne sais pas ce qu’il me prépare, mais je suis impatiente de le découvrir. Ma tête bouge brusquement lorsque Jonas serre le nœud qu’il a formé derrière mon crâne.

— J’adore les surprises, plaisante-je sur un ton théâtral.

— Viens.

Je sens sa main glisser dans la mienne puis je me laisse guider. Nous marchons quelques secondes avant de nous arrêter. J’entends le grincement d’une porte qui s’ouvre puis je sens soudain un petit vent frais caresser mes épaules. La douceur et la fraîcheur de la pelouse sous mes pieds me chatouillent.

Nous sommes dans le jardin, il y a pas de doutes.

Je bouge mes doigts de pied pour caresser l’herbe tandis que Jonas me lâche la main. Je le sens me contourner de nouveau. Jonas retire le nœud et libère mes yeux du foulard.

La première chose que j'aperçois est une table joliment dressée au beau milieu du jardin. Elle est recouverte d’une nappe blanche en tissu où des pétales de roses rouges y sont soigneusement dispersés. De chaque côté, de longues chandelles rouges éclairent les assiettes positionnées l’une en face de l’autre. Je repère un gros bouquet de roses sur celle de gauche. Je suis totalement subjuguée par ce que je vois.

— Jonas, je… Hésite-je. Je ne sais pas quoi dire. C’est magnifique.

— J’avais envie de fêter ça comme il se doit.

Il me prend une nouvelle fois la main et m’invite à rejoindre la table. Je souris en observant Jonas s’avancer vers la chaise pour l’écarter de la table.

— Si Mademoiselle veut bien se donner la peine.

J’effectue quelques pas jusqu’à lui puis me glisse entre la table et ma chaise.

— Je ne savais pas que tu étais un vrai gentleman, souris-je en m’asseyant.

— Eh bien, sache que je suis un romantique. Surtout avec la femme que j’aime.

Ces mots me touchent tellement à chaque fois qu’il les prononce. Il m’aime et me le démontre tous les jours. Encore ce soir, par cette magnifique surprise à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

Je le suis du regard lorsqu’il contourne la table. Il reste debout puis attrape la bouteille de vin blanc posé près de son assiette. En silence, je l’admire prendre le tire-bouchon et déboucher la bouteille. Dans un geste délicat, il verse du vin dans chacun des verres en cristal avant de reposer la bouteille sur la table et de s’assoir. Il prend son verre et le lève.

— À la plus forte des femmes que je connaisse.

Je prends le mien puis le hisse vers le haut à mon tour.

— À ton année d’abstinence, ma chérie.

— Et au plus patient des hommes, poursuis-je. Sans toi, je n’en serais pas là aujourd’hui. Je t’aime énormément, mon amour.

Nos regards se croisent avant d’entrechoquer nos verres ensemble. Je porte le mien à mes lèvres en même temps que lui. Je bois une gorgée de ce vin qui semble délicieux. Je déglutis et effectivement, le goût est divin. Je pose mon verre tandis que je lève les yeux vers Jonas qui en boit une seconde gorgée.

— Tu as vu le bouquet dans ton assiette ? Demande-t-il en posant son verre sur la table.

— Comment aurais-je pu le rater ? Il est énorme et très bien fait, je dois dire.

Jonas sourit en me regardant analyser le bouquet.

— Désolé, défaut professionnel, grimace-je.

— J’t’en prie, souffle-t-il.

J’hume l’odeur divine des fleurs qui enivre mes narines depuis que je suis assise. Je prends le bouquet et me penche sur le côté.

— Merci, dis-je en le posant à terre.

Je me redresse puis m’immobilise subitement lorsque je découvre un écrin bleu marine gisant au beau milieu de mon assiette.

Putain de merde ! Ne me dites pas que c’est ce que je crois.

Perplexe, je lève les yeux vers Jonas.

— Tu ne l’ouvre pas ? Demande-t-il en me le montrant d’un geste de la main.

— Oh, euh… formulé-je hésitante. Oui, bien sûr.

Un sourire timide s’affiche sur mes lèvres. Mon corps se met à trembler de toute part lorsque je prends doucement l’écrin entre mes mains. Je l’ouvre lentement et découvre une fine bague ornée d’un diamant qui brille sous la lumière des bougies.

Je m’attendais à tout sauf à ça. Une demande en mariage. Je suis stupéfaite et complètement perdue.

— Jonas, je…

Il m’interrompt lorsqu’il se lève de sa chaise. Je le suis du regard tandis qu’il s’approche de moi. Il s’agenouille à mes côtés et prend l’écrin de mes mains tremblantes. Il en retire la bague avant de le remettre dans l’assiette. Tandis que l’émotion commence à me submerger, je pivote sur ma chaise pour lui faire face.

— Ashley Miller, me ferais-tu l’honneur de devenir ma femme ?

L’anxiété dans sa voix en dit long. Il est aussi perdu que moi.

Je ferme les yeux pour laisser couler les larmes qui m’empêchent de le voir correctement depuis quelques secondes.

— Oui, souffle-je en ouvrant les yeux. Oui, évidemment !

Il sourit, soulagé de ma réponse. Il prend ma main et passe la bague autour de mon doigt. Il se relève en m’entraînant avec lui. D’instinct, j’entoure son cou de mes bras.

— Tu fais de moi le plus heureux des hommes, ce soir, dit-il en m’enlaçant.

— Je t’aime. Je t’aime tellement.

Ma voix est enrouée par l’émotion. Un mélange de joie, de tristesse et d’amour.

Je ferme les yeux lorsque mon front entre en contact avec ses lèvres. Le baiser qu’il me donne est tout simplement exquis. Ses bras passent autour de mes épaules pour m’attirer et me serrer contre lui.

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