Chapitre 11 : Sous la douche

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Sandra se débattait dans son sommeil ! Non les animaux ne venaient pas de son enfance, non aucune princesse ne lui parlait, non le voyage ne durait pas 5 ans, mais six mois, non il n’y avait pas de sonnerie mais...une voix :

- Cela ne te dirait pas de te marier ?

- J’ai tout mon temps, maugréa Sandra, mal réveillée.

- Tu approches de la trentaine, pour un humain, c’est…

- Je ne discute pas avec un singe, hurla Sandra !

- C’est pourtant ce que tu es en train de faire !

- Bon je vais me laver.

Sandra se réfugia dans la minuscule salle de bains. Minuscule sur Terre, car dans l’espace c’était le grand luxe : il y avait même un miroir !

Elle se déshabilla rapidement, puis prit le temps de se regarder dans le miroir. Elle aimait bien son visage, ses cheveux bruns bouclés, ses grands yeux bleus .

Le corps c’était différent !

« La plus belle femme du monde ! »

Sandra avait éclaté de rire, en lisant la une des magazines people : elle trouvait ses seins trop gros, ses fesses trop rondes, ses jambes trop longues.

« Tu es comme Marilyn : impossible à habiller, avec tous ces creux et ces bosses. »

Sandra avait haussé les épaules, devant les remarques de la styliste de la NASA. Par jeu, elle avait accepté de faire une interview avec la petite robe noire de l’actrice.

Le lendemain, il y avait des gros titres : « La plus belle femme du monde ! »

Après, tout était allé très vite. Une commission d’enquête parlementaire menaçait de couper les crédits. Les deux femmes organisèrent la riposte. Chaque soir, Sandra faisait une interview en portant une robe nouvelle. Dès le lendemain, le modèle était disponible à la vente.

Dans le monde entier, les ateliers de couture travaillaient jour et nuit, mais la demande dépassait l’offre et les prix s’envolaient.

Le marché de l’art était surpris : de nombreuses toiles de maîtres étaient, anonymement, mises en vente.

On découvrit que des princesses du golfe les revendaient, pour acheter les robes portées quelques heures par Sandra.

Amusée, Sandra décida un jour de réaliser une interview avec un vieux jogging troué. La styliste paniqua : le modèle était introuvable, et les magasins de luxe croulaient sous la demande.

On chuchotait que des altesses avaient fait des dons faramineux à la NASA, uniquement pour se débarrasser de cette rivale.

La commission d’enquête fut dissoute…

Sous la douche chaude, Sandra pensa à sa mère. Elle serait fière de Sandra, elle qui se plaignait de sa fille, vrai garçon manqué qui ne s’habillait qu’en jeans et baskets.

Mars c’était son père (les yeux bleus, aussi), mais le goût de la provocation (et le corps de rêve !) c’était sa mère.

Dans sa famille maternelle, tout le monde était psychanalyste freudien : sa mère avait choisi Jung !

Le mariage, rapidement suivi de la naissance de Sandra, avait signé la rupture.

Une juive traditionaliste new-yorkaise ne pouvait pas épouser un astronaute de la côte ouest,

catholique pratiquant !

Mais, pour se détendre sous la douche, penser à ses parents n’était pas le meilleur choix.

Pour Sandra, ils n’étaient pas morts, ils avaient disparu.

Ce n’était pas totalement faux, officiellement ils étaient simplement portés disparus, car jamais les corps n’avaient été retrouvés.

Les sites complotistes s’étaient déchaînés, à l’époque.

Il y avait de quoi : l’astronaute le plus célèbre de la NASA avait disparu au milieu de la zone 51 !

La voix de Dejah avait totalement déstabilisé Sandra : et si c’était vrai ? Et si les extra-terrestres avaient enlevé ses parents ? Et si le gouvernement avait menti pour étouffer le scandale ?

Sous la douche, Sandra était au bord des larmes : fichu singe qui avait réveillé ses démons !

Et puis pourquoi parler des hommes, les filles c’était bien aussi, non ?

Ses parents avaient l’esprit ouvert, mais ils avaient, tous les deux, subi une éducation religieuse stricte. Sandra devait épouser un beau jeune homme, ashkénaze de préférence, ajoutait sa mère en riant.

Enfin c’était plus compliqué, Sandra n’aimait pas trop choisir.

Elle laissa son vieux fantasme l’envahir.

Elle s’imaginait des hommes, des femmes qui, lentement, la déshabillait.

On la caressait, on l’embrassait, elle acceptait d’offrir son intimité.

Tout cela était un jeu, elle devait deviner : bouche masculine , main féminine ou l’inverse ?

Sous la douche, Sandra avait chaud, bien trop chaud.

Elle laissa ses doigts errer dans l’entrecuisse.

Elle laissa le désir monter en elle, et avait du mal à retenir l’orgasme qui allait la submerger.

Mais soudain Sandra ouvrit les yeux : le signal d’alarme du vaisseau spatial venait de retentir, exactement comme lors de son horrible cauchemar !

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