Un cauchemar de monsieur K

2 minutes de lecture

Monsieur K se regardait dans le miroir.
Certaines choses lui plaisaient, d’autres moins.
Il aimait ce regard triste, à la fois doux et mélancolique.
Les joues pendantes lui plaisaient déjà moins.
Il ne descendit pas son regard plus bas : la bedaine, qui trahissait la cinquantaine, lui pesait, au propre, comme au figuré.

Il approcha sa main, son reflet fit de même.
Monsieur k, soulagé, constata que sa main ne traversait pas le miroir : il ne rêvait pas, ce monde était bien réel...

L’hiver était là, mais les gelées avaient disparu.
Doux, l’hiver serait doux.
Il marchait, anonyme, dans la petite ville de province endormie. Mais, parfois, tout se brouillait, puis redevenait net et clair.

Bientôt, il rejoindrait Cassandra, pour lui elle était L’illusion masculine :

Ô belle aux yeux verts
Tu ferais passer l hiver
Pour un doux printemps
Monsieur K adorait cette forme de séduction «  inactuelle » : écrire des haïkus ! Et soudain , il vit des milliers de poèmes s'afficher devant lui.

La réponse de Cassandra l’avait déconcerté :

Toi l'explorateur
refrène bien tes ardeurs
tu scrutes mon cœur
Que voulait-elle dire ?

L’image de l’explorateur lui plaisait.
Il aimait cette vie double, un homme ordinaire, vaguement débonnaire, qui se métamorphosait en aventurier, cette perspective le flattait.
Monsieur K savourait la délicieuse ambiguïté du refrène bien tes ardeurs : il savait qu’interdire (mollement), pour mieux inciter était le comble de l’érotisme.

Surtout, il restait songeur en pensant au cœur de la belle : la photo lui suggérait une lecture amusante de ce terme.

Il ralentit, il était arrivé
Belle, très belle, les yeux verts sur un banc vert.
Cassandra avait le plus doux, le plus tendre des sourires. Le sourire se figea puis revint.

Puis, il y avait la vallée des merveilles.
Monsieur K appréciait les décolletés, mais jamais il n’avait vu poitrine si ronde, si ferme, si délicieusement interdite et offerte...

Il rougit : la belle brune riait, visiblement amusée par la fascination exercée par son corsage, sur le vieil homme.
Sans un mot, gêné, il s’assit à côté d’elle.

Machinalement, il répéta le geste du miroir, approchant sa main de la joue de Cassandra...

Soudain, tout disparut autour de Monsieur K, la ville, la belle, l’hiver, la douce et tendre réalité.
Et, devant ses yeux, lentement, ce texte s’écrivit :

Vous êtes tombé dans un trou, sur un lien cassé, une info évaporée, une nouvelle disparue...
J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal, que vous n’êtes pas trop désemparé...
Votre visite sur cette page me désole...
Reconnaissez
que pour quelqu'un qui n'a pas de visage
et qui travaille dans l'ombre sans jamais voir la lumière des projecteurs,
ce n'est pas le plus beau des rôles disponibles.
Je ne vais pas vous dire « A bientôt »,
vous penseriez que je suis maso,
mais si je sens que vous commencez déjà à mieux me comprendre,
ça me console
et ça me donne presque envie de vous revoir !

Monsieur K hurla puis se réveilla. De façon étrange, il ne voulait plus voir ce contact amoureux , facebook "nouvelle manière. "

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