Le Noël de Monsieur K, ou les dangers d'un like...

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Ce 24 décembre, peu avant minuit, Monsieur K regardait l’écran de son ordinateur, perplexe.
«  Pourquoi ai-je donc liké Camille Britton ? «.

Ce nom lui semblait familier, intime, uni à sa chair. Et pourtant quand il cherchait dans sa mémoire, il n’y avait rien, absolument rien, ni visage, ni souvenir, rien. Sur internet, il y avait des Camille Brisson, Clisson des Charles, des Charlotte Britton mais rien, absolument rien au nom de Camille Britton !

Monsieur K aurait pu, aurait dû oublier cet incident, mais il n’y parvenait pas !
Seul, désormais il vivait seul, il avait donc choisi de décorer entièrement sa maison pour fêter ce réveillon.
C’était une débauche de guirlandes, d’angelots, d’étoiles et de décorations.
Il devenait difficile de distinguer la couleur du papier peint !
Cette surcharge était volontaire : Monsieur K voulait sentir l’esprit de Noël envahir son salon encombré par l’immense sapin surchargé comme un camion pakistanais !
Prosaïquement l’esprit de Noël prenait la forme de délicieuses huitres au champagne.

Une première pensée lui traversa l’esprit, une plaisanterie qui horripilait son ex-femme : «  les huitres, c’est comme les mecs, il faut en sucer beaucoup avant de trouver la perle rare «.
Et immédiatement revint la question : «  Pourquoi ai-je donc liké Camille Britton ? «.
Plus il réfléchissait, plus tout cela devenait absurde, ou pire, inquiétant, étrange, dérangeant.
Monsieur K n’avait plus faim : faire la fête, seul, l’emplissait d’une immense tristesse.
Pour se changer les esprits, il décida de revenir à la rédaction de son roman, son premier roman.

Le roman s’appelait » Un amour éternel «  et il racontait l’improbable histoire d’amour entre Monsieur K, qui venait de tenter de se suicider pour échapper à la tristesse d’un oppressant monde qui mélangeait réel et virtuel, et de sa psychanalyste.
Les dialogues avec la psy alternaient avec des scènes, virtuelles, de fantasmes sexuels.

Monsieur K se remit à la rédaction du Chapitre 4 Bon appétit.
Dans le récit Catherine, la psy, venait de lui proposer de tout oublier et lui, revenu dans la matrice, répondait au désir inconscient de la Psy.
Le chapitre 4 développait son fantasme, son angoisse : une femme l’attachait sur une chaise, le faisait jouir, malgré lui, une jouissance indescriptible !
Et à la fin elle dévorait ses testicules.

Fou de désir, Monsieur K se masturbait devant le miroir du salon, mais il s’arrêta, soudain, une étrange image apparaissait derrière lui : un traineau ?

Le père Noël sourit, tout n’était pas désespéré. Le désir revenait et avec lui la possibilité de passer de l’autre côté du miroir...

Camille Britton, totalement nue devant la psyché se masturbait, en caressant sa lourde poitrine.
L’ombre étrange avait disparu : une apparition du père Noel : elle avait bu trop de champagne !

Elle se remit à la rédaction du chapitre 5 d’un Amour éternel, Catherine se moquait du héros qui dans son fantasme (chapitre 4) l’avait transformée en mère castratrice !
Mais c’était le chapitre 6 qui provoquait ses caresses intimes : elle rêvait de se voir contrainte, forcée de coucher avec une fille, une dominatrice. Elle envisageait d’écrire un chapitre où une jeune fille, en la faisant chanter, lui ouvrait la porte de toutes les perversions lesbiennes !

Un amour éternel : les amours de Catherine et de monsieur K ! Mais qui était donc ce monsieur K, si présent et pourtant si lointain ?

Elle revint à la table du réveillon où, solitaire, elle achevait son repas de réveillon. Sur la buche le vieux monsieur barbu, le minuscule nain en plastique attirait son attention et une question obsédante, dérangeante hantait son esprit ruiné par l’alcool : Pourquoi ai-je donc liké Monsieur K?

Camille aurait pu, aurait dû oublier cet incident, mais elle n’y parvenait pas !
Elle tourna son regard vers le sapin nu, dans cette grande pièce vide.
L’absence, tout respirait l’absence en cette triste soirée de Noël, un manque... éternel.

Monsieur K, en dehors du Procès, rien absolument rien sur internet ne correspondait à ce nom , dérangeant , obsédant....

Venue de loin, très loin une voix retentit dans la tête de Camille, une voix, étrange, inquiétante et pourtant si familière : « toute notre vie, on est tous à la recherche d’un père «.

Ce 24 décembre, peu après minuit, Camille Britton regardait l’écran de son ordinateur, perplexe.
«  Pourquoi ai-je donc liké Monsieur K? «.

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