La promotion

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La soirée battait son plein dans le luxueux loft new-yorkais.
On y trouvait tout, l’utile, l’agréable, le superflu, les tendances passées, présentes, à venir.
Il manquait juste une femme et des enfants, mais le propriétaire avait appris à vivre sans.

La journaliste s’avança vers lui :

«  Monsieur Delavigne
- Bonjour !
- Je vous félicite pour votre promotion.
- Merci !
- Numéro trois de la première entreprise mondiale, vous serez...
- Responsable du service clientèle.
- Mais cette firme c’est aussi votre enfant, pourriez –vous nous raconter son origine ?
- Au départ, j’étais écrivain de philofiction. Et un jour j’ai publié cette nouvelle.
- Le nouveau Contrat social ? Une reprise de Rousseau ?
- J’ai repris les termes du contrat : l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté.
- Et ?
- Après je me suis dit que si nous fondions une entreprise sur cette base, tous les associés seraient riches !
- J’ai du mal à comprendre !
- C’est simple, vous avez 1000 dollars, vous les placez, vous aurez ?
- 70 dollars.
- Bon, supposons que vous disposiez d’un million de dollars ?
- En bourse, je peux acheter des entreprises, faire des placements et
- Parvenir, rapidement à 2, 3,10 millions de dollars !
- Ingénieux, mais il peut y avoir des pertes !
- D’où la clause de sauvegarde.
- Qui prévoit ?
- Que chaque associé ne peut avoir moins que sa mise de départ !
- Et Mr Smith a
- Créé la société et mis en place mon projet !
- Un conte de fées !
- Exactement. « 

Délaissant la journaliste, Philippe se mit à discuter avec ses invités. Laura, une jolie brunette vint le rejoindre dans la cuisine.

«  Philippe
- Ah Laura !
- Comment as-tu fait ?
- De quoi parles-tu ?
- Ne fais pas l’innocent !
- J’ai déboulonné le 3 !
- Comment ?
- Il était responsable du service clientèle et j’ai fait un rapport au boss, en expliquant comment on pouvait diviser par deux les frais !
- Bravo numéro 3 !
- Numéro 2 !
- Pourquoi ?
- Les comptes sont catastrophiques !
- Pourquoi ?
- En fait, l’argent n’est pas placé, c’est une arnaque, une gigantesque pyramide.
- Je m’en doutais ! La clause de sauvegarde ?
- Coûte une fortune, les clients les plus riches l’activent de plus en plus !
- Et le service réclamation ?
- N’arrive plus à gagner du temps.
- Tu vas faire chanter le 1 ?
- Je vais lui tendre un piège : je signe le contrat, en tant que responsable du service réclamation, je fais aboutir la procédure et je menace...
- De tout dévoiler !
- Mais il faut signer le contrat ?
- C’est fait ! « 

Le vieil homme s'avança lentement vers le guichet.
Il avait l’assurance tranquille de la réussite sociale, du pouvoir, de l’argent.
Toutefois, un observateur attentif aurait deviné une légère pointe d’agacement : il n'avait pas de temps à perdre !

Belle, fort belle, la blonde jeune femme l'accueillit avec un charmant sourire.

«  Monsieur ?
- Bonjour mademoiselle
- Vous désirez ?
- C'est pour une réclamation !
- Certainement monsieur, à quel nom ?
- Monsieur Delavigne.
- Pardon ?
- Monsieur Philippe Delavigne.
- Oui, le courrier lui sera adressé, donnez-moi votre nom ?
- Monsieur Philippe Delavigne !
- Mais c'est impossible !
- Pourquoi ?
- Monsieur Philippe Delavigne est un nom générique...
- Je ne comprends pas.
- Tous les courriers lui sont adressés, mais
- Monsieur Philippe Delavigne n'existe pas !!! « 

Blême, le vieil homme recula en trébuchant. Immédiatement l’hôtesse d'accueil déclencha la procédure d'urgence. Fermement, poliment les hommes en noir encadrèrent l’homme brisé et le firent, rapidement, sortir du hall.

En quelques minutes le taxi, payé par la firme, reconduisit le vieil homme dans son luxueux appartement.
Hébété, hagard monsieur Philippe Delavigne se mit à pleurer.

Le PDG visionna la vidéo de surveillance. Il soupira.

«  Et après ?
- Un peu de repos !
- Payé par la firme ?
- Cela va de soi.
- On pourrait nous reprocher de...
- L’idée vient de lui !
- Monsieur Philippe Delavigne ?
- Oui, un service de réclamation doit être géré par...
- Personne !
- Tout à fait !
- Tous les courriers lui sont adressés et il est
- responsable de tout...
- Oui, un bon choix « 

Songeur le PDG regarda le mandala, choisi par monsieur Philippe Delavigne, qui servait de logo à la firme.
Les entrelacs faisaient ressortir les trois lettres : CEP.
Centre d’épanouissement personnel.

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