Catherine, la sorcière

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Catherine se tut.
La séance risquait d'être longue et pénible : son patient, Monsieur K, était dans un mauvais jour.
Il enrageait, son « négativisme social » le dévorait de l'intérieur.

Catherine regarda sa robe à fleurs, elle songea à son petit dernier qu'elle retrouverait ce soir.
Elle se sentit mieux, légère, apaisée.
Elle reprit, souriante :

- Enfin, monsieur K, à votre âge !
- Je me sens plus jeune que vous : libre, je veux être libre !
- Libre, certes, mais dans une certaine mesure...
- Je ne suis qu'un programme ?
- Nous le sommes tous.
- Je ne vous crois pas.
- Il y a l'ADN.
- Que vous venez de transmettre ?
- Tout à fait.
- Mais ce n'est qu'un point de départ ?
- Oui, mais la société prend le relais.
- Mais je suis libre ?
- Oui et non, vous savez lire, écrire, penser ?
- Et aussi jouer du piano !
- Tout cela c'est la société.
- Je ne vous crois pas.
- Mais si , c'est une contrainte.
- L'habitus ?
- Oui la contrainte cachée derrière la parole, la pensée, la musique .
- Foutaises !
- C'est la réalité !
- Non il y a autre chose, je le sais .
- Vraiment ?
- Oui une autre réalité qui ne demande qu'à surgir.
- Vous délirez .
- Non, je le sens.
- Que voulez-vous dire ?
- Libre, je me sens libre.
- Je ne vous crois pas.
- La liberté est là , je la sens, je la touche.
- Monsieur K !
- Libre, je suis...

L 'homme restait là, immobile, le regard figé.
Catherine poussa un juron ; « encore un bug « !
Elle attendit, mais l'homme, la bouche entr’ouverte, ne bougeait plus.
Elle se leva, se plaça derrière son patient et sourit : elle ne s'était pas trompée.

Le regard de Monsieur K plongeait dans son décolleté, enfin le lieu , où était placé le décolleté au moment du bug.
Catherine avait un penchant pour la provocation : bien loin d'avoir choisi un look « mère de famille « , elle avait joué, délibérément, la carte de la « hot mom «.
Elle éclatait de rire, quand elle entendait les « respectables «  mères de famille s'indigner dans son dos.
Elle savait que leurs maris ne cessaient de caresser des yeux ses belles cuisses dénudées .

Catherine se rassit.
Elle trouvait le temps long.
Elle commença à se caresser, lentement, doucement.
Elle avait chaud, très chaud : la belle brune sortit ses seins.
Sa langue s'attardait sur les tétons durcis, elle buvait le doux lait qui coulait, lentement.
La chaleur devenait insoutenable...

Elle savait ce que son patient allait faire : évoquer, à mots couverts, sa sexualité atone, ses problèmes d'érection .
Quel ennui !
Soudain une idée folle lui traversa l'esprit.
La poitrine dénudée, elle se leva et se plaça devant Monsieur K,
Elle essaya de lui faire goûter le lait qui coulait de sa poitrine.

Catherine poussa un cri d’effroi : le vide.
Sa douce poitrine avait traversé le visage figé.
Elle essaya de toucher l'homme ; du vide, encore du vide !
Affolée, elle se rhabilla et retourna à sa place.
Elle appuya sur le bouton , immédiatement le programmateur entra dans la pièce :

- Vous avez attendu ?
- Quinze minutes.
- Le protocole dit : 10 minutes.
- Oui, mais...
- Noli me tangere.
- Je sais, mais...
- Pas de mais : interdiction formelle de toucher les patients !
- Par pitié, ne me dénoncez pas !

L'homme sortit, une minute s’écoula, interminable.
Catherine regardait les belles fleurs d'impatience qui dansaient sur sa trop courte robe.
Soudain le visage de monsieur K reprit vie.
L 'homme termina sa phrase : « libre ! Vous m'entendez ? Je suis libre, totalement, définitivement, inexorablement libre... «

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