Chapitre 2 suite 3

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Le soir, malgré la fatigue qui les tenaillait après leur longue chevauchée, les chasseurs furent accueillis par un banquet somptueux, regorgeant de mets raffinés auxquels venaient s’ajouter des vins aux parfums capiteux.

Assis à l’autre bout de la table seigneuriale en compagnie du capitaine du vicomte et de leurs soldats respectifs, Aymeric n’arrivait pas à s’adonner pleinement aux joies des festivités. Durant une bonne partie du repas, il surveilla du coin de l’œil la vicomtesse qui ne lui avait plus adressé la parole ni le moindre regard depuis leur entrevue dans la forêt. Vigiles approchant, il commençait même à se demander si elle ne s’était pas moquée de lui et si elle avait l’intention d’honorer son rendez-vous.

Mais lorsqu’elle se leva pour prendre congé de ses hôtes, son regard fit le tour de la tablée et s’attarda assez longtemps sur lui pour que ses doutes s’envolent aussitôt.

Peu de convives la suivirent, préférant s’abandonner aux libations jusqu’à plus soif. Aymeric patienta un peu puis profita du petit mouvement de foule créé par son départ pour s’éclipser et faire un tour de ronde en attendant le moment propice. Il était nerveux comme une pucelle pour son premier rendez-vous. En fait, il était intimidé par la vicomtesse et ce n’était pas tant par sa beauté que par son rang.

Perdu dans ses pensées, ses pas l’emmenèrent devant la porte de la chambre de Gerberge. Heureusement, le deuxième étage du donjon était encore désert. Seul le bruit étouffé des festivités meublait le silence qui régnait dans la pièce. Par réflexe, son regard se posa sur la porte de la chambre du vicomte à l’autre bout de la salle. Ce n’était pas le moment de s’attarder, quelqu’un pouvait surgir à tout instant.

D’un geste vif et nerveux, Aymeric rajusta sa tenue et fourragea dans son épaisse crinière pour lui donner un semblant d’ordre. Essayant de ne pas prêter attention au bruit assourdissant que faisait son cœur dans sa poitrine, il cogna deux coups discrets contre le battant épais en chêne en retenant sa respiration pour mieux écouter la réponse.

- Entrez, le pria-t-elle d’une voix forte qui trahissait sa maîtrise de la situation.

Relâchant enfin son souffle, il poussa la porte. Deux chandelles disposées de part et d’autre d’un grand lit éclairaient faiblement la petite pièce aveugle aménagée dans l’épaisseur du mur. Gerberge lui tournait le dos. Elle portait une chainse diaphane taillée dans un tissu si fin qu’il mettait en valeur ses formes sublimes. Ses longs cheveux de jais étaient répandus sur ses épaules en une cape aux formes mouvantes qui s’arrêtait juste au-dessus de ses fesses comme pour mieux les souligner.

- Fermez le loquet, voulez-vous ? Je ne voudrais pas que nous soyons dérangés, lui ordonna-t-elle de sa voix grave et sensuelle.

- Croyez-vous que cela soit raisonnable ? Répondit-il en s’exécutant.

Haussant ses sourcils d’étonnement, elle se tourna et s’avança vers lui. À peine cachés par le voile, Aymeric aperçut son opulente poitrine aux pointes dressées ainsi que le triangle noir de son sexe qui surplombait de longues jambes bien galbées. Gerberge était belle, elle le savait et en jouait à la perfection.

- Je me moque de savoir ce qui est raisonnable ou ne l’est pas.

Il allait lui répondre mais elle fut plus rapide et ajouta :

- Taisez-vous, tout ce que vous pourrez dire ne me fera pas changer d’avis. Vous avez envie de moi et moi de vous, alors laissons nos scrupules de côtés pour cette nuit. Il sera toujours temps de les écouter demain.

Sans attendre qu’il fasse le premier pas, Gerberge vint se coller contre lui, toujours immobile et figé, comme sur la défensive. Elle se haussa sur la pointe des pieds, nouant ses bras tels des lianes autour de son cou, et l’embrassa. Mais cette fois, sa bouche gourmande ne se contenta pas d’un chaste baiser.

Excité par cette mise en scène, Aymeric répondit avec fougue à son assaut tout en caressant ce magnifique corps avec délice.

Gerberge ne resta pas inactive et entreprit de le dévêtir en lui arrachant ses habits. D’une main experte, elle farfouilla dans ses braies et trouva aussitôt ce qu’elle cherchait. Elle fit lentement coulisser la peau du membre tendu de désir en une caresse lancinante et planta son regard pervers dans le bleu de ses yeux :

- Je vois que je ne m’étais pas trompée sur la marchandise !

Retrouvant son assurance, Aymeric éclata de rire. Après avoir envoyé le modeste voile qui la couvrait à peine à l’autre bout de la pièce, il la poussa sur le lit. Gerberge y tomba en arrière, impudique et offerte, parmi les innombrables coussins tendus de soie.

Ayant fini de se déshabiller sous son regard concupiscent, Aymeric la rejoignit aussitôt. Un sourire narquois au coin des lèvres, il s’allongea à ses côtés sur le dos, les mains croisées derrière la tête. Gerberge eut une moue de déception, vite remplacée par une lueur machiavélique au fond de ses prunelles noires. Comprenant son attente, elle s’installa à califourchon et commença à se frotter contre son membre en se penchant pour faire évoluer ses seins contre la douce toison de son torse.

Au comble de l’excitation, Aymeric ne put laisser ses mains inactives et les lança à l’assaut des monts et vallées de cette peau blanche.

Lassée de ces préliminaires, Gerberge s’empala sur son sexe. Un gémissement de plaisir s’échappa de sa gorge et ses reins ondulèrent en un va-et-vient langoureux.

Aymeric était fasciné par le spectacle de ses seins ballottant au-dessus de lui. Masqués de temps en temps par une coulée de cheveux de jais, c’était comme s’ils dansaient leurs divins ballets uniquement pour lui.

Ce rythme-là n’était pas pour lui déplaire mais, sentant monter une brusque vague de plaisir, Aymeric préféra renverser la situation en la basculant sur le dos et en lui imposant une cadence plus soutenue.

Sous ses coups de boutoir, Gerberge devint comme folle et s’accrocha telle une naufragée à ses épaules, lui labourant le dos de ses longs ongles carmin. Elle se mit à pousser des cris de plaisir de plus en plus forts si bien qu’il la bâillonna d’une main ferme pour éviter de rameuter tout le château.

Furieuse de se trouver ainsi muselée, Gerberge le mordit sauvagement.

Sans pour autant s’arrêter de la labourer, Aymeric retira sa main :

- Chienne ! Murmura-t-il entre ses dents avec une grimace de douleur.

La vicomtesse ne broncha pas sous l’insulte et il se demanda même si cela n’avait pas plutôt tendance à l’exciter davantage.

Soudain, elle poussa un long feulement. Son corps se tordit d’un plaisir sans retenue et elle ne remarqua pas qu’Aymeric s’était retiré pour jouir sur son ventre.

Epuisé, assouvi, il se laissa tomber de côté pour reprendre son souffle. La chaleur qui régnait dans la petite pièce faisait ruisseler leurs corps moites et abandonnés.

Après un certain temps, il tourna la tête vers Gerberge et s’aperçut qu’elle avait les yeux fermés, un sourire satisfait au coin des lèvres. Pensant qu’elle dormait, Aymeric se leva pour se rhabiller et rassembla ses affaires comme éparpillées par un ouragan. Il était occupé à constater les dégâts sur sa chainse déchirée lorsque sa voix sensuelle le figea dans ses mouvements.

- Que faites-vous capitaine dont je ne sais même pas le nom ?

Il se retourna et avec un sourire narquois lui rétorqua en s’inclinant :

- Aymeric, pour vous servir, belle dame ! Vous croyant endormie, je m’apprêtais à vous laisser vous reposer et à regagner mes quartiers.

- Mais il n’en est pas question, je n’en ai pas encore terminé avec vous. Revenez donc à mes côtés, lui lança-t-elle en tapotant la place sur le lit qu’il venait de quitter.

Aymeric eut un instant d’hésitation vite balayé par le regard de braise dont elle l’enveloppa.

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