36. Assaut.

12 minutes de lecture

L'inquiétante forteresse de la Confrérie des Âmes se dressait comme un roc au milieu des arbres. Le soleil déclinant lui donnait un aspect encore plus effrayant, elle semblait avoir été lâché du ciel comme si les anciens Dieux avaient voulu s'en débarrasser honteux de leur oeuvre.

Ce soir-là le petit groupe mené par Arshard campèrent sans feu. Depuis de nombreuses heures, ils n'avaient croisé aucun animal, pas même le moindre petit oiseau chanteur. L'endroit semblait vierge de vie.

Ils attaqueraient au petit matin.

Tous étaient assis, éparpillés. Personne ne parlait. Une tension planait au dessus du camp.

Arshard mastiquait un bout de viande séchée. Son visage était fermé à toute sollicitation.

Selenn était épuisée par les heures de marches. Elle ota ses bottes et ses chaussettes. Ses pieds enfin libres se plongèrent dans un petit monticule de neige. Ils n'y restérent pas longtemps mais suffisament pour qu'elle ressente un bien-être passager.

La jeune femme sentit le regard d'Arshard se poser sur elle.

Elle ne sut dire si elle l'apréciait ou si cela la gênait. Sans doute un mélange des deux, malgré sa bienveillance à son égard il lui semblait qu'Arshard ne lui disait pas tout. Elle mangea un morceau de viande et se coucha. Dans un demi-sommeil elle crut sentir une main se poser sur son visage. Sans doute un rêve. Elle sombra jusqu'au petit matin.

Selenn ouvrit les yeux brusquement, le silence recouvrait toujours les lieux et un manteau de brume habillait la forêt des larmes. En se redressant, elle distingua les silhouettes des Ourzes, tous debout et tous tournés dans la même direction. Ils regardaient les deux grandes tours noires de la forteresse qui se lançaient vers le ciel, parsemées de pieux acérés. La brume tournait autour d'elles, les enlaçant mais ne parvenant pas à les faire disparaitre dans ses bras.

Selenn n'avait jamais vu une telle construction, même la tour blanche de Cyryul paressait bien moins impressionnante. Comment une simple confrérie avait pu atteindre un tel niveau de pouvoir.

Elle se leva et enfila ses bottes. Des frissons la firent trembler, les doigts glacés du froid venaient de s'engouffrer dans son dos. Elle garda sa couverture sur les épaules et s'approcha des Ourzes. Un mauvais pressentiment l'envahissait, ils n'étaient pas assez nombreux. C'était une attaque suicide.

Elle chercha Arshard. Ce dernier lut la détresse sur le visage de la jeune femme.

- Ne t'inquiète pas Selenn. Nous sommes assez nombreux si c'est ton inquiétude.

- C'est de la folie d'attaquer avec aussi peu de guerriers.

- Tu n'as pas encore vu les Ourzes à l'oeuvre.

- On est pas assez nombreux Arshard. Elle est gigantesque cette forteresse.

- Ne panique pas Selenn. Tout est prévu. Nous avons un plan.

- Je peux savoir lequel?

- Tu auras la surprise mais t'avoir avec nous fait partie de notre plan.

Arshard lui fit un clin d'oeil.

- Nous attendons le signal.

- Et c'est quoi ce signal?

- Sois patiente.

Selenne scruta la forteresse à la recherche du signe attendu par Arshard. L'endroit était sinistre. De nombreuses sources de lumières vacillaient dans la brume.

- C'est le moment.

- Tu as vu le signal.

- Je l'ai senti.

- Je ne comprends rien Arshard.

- Tu comprendras à la fin de l'assaut.

La troupe se mit en mouvement vers la forteresse. D'un pas assuré, ils se dirigèrent vers l'entrée principale. Le pont levis était curieusement baissé. Sans s'arrêter les guerriers traversèrent le pont. Selen réprima un haut le coeur quand à la pâle lumière du jour qui se profilait, les cadavres éventrés des gardes gisaient sous le porche, même la brume ne parvenait pas à dissimuler le massacre.

- Arshard! murmura t-elle.

- Je t'avais dis que l'on était assez nombreux.

- Mais qui a fait ça?

Arshard sourit.

L'intérieur de la forteresse était désert. Une large place pavée dénuée de verdure s'étendait devant le batiment central hérissé de pointes comme les tours. Aucune fenêtre seule une petite porte en bois sur laquelle un cheval squelette ailé était sculpté sur le haut de l'entrée.

Ils traversèrent la place jonchée de dizaines de cadavres déchiquetés.

- Arshard?

- Des amis. Des amis. Ne sois pas si pressée. Tes questions auront toutes leurs réponses bientôt. Maintenant Selenn, nous arrivons au seuil de cette porte. Elle ne s'ouvre que de l'intérieur. Aucune faille dans ce bâtiment, c'est la seule entrée et la seule sortie. Tout dépend de toi.

Arshard dont la voix s'était durcit la prit par les épaules. Ses deux mains calleuses tenaient fermement mais sans violence Selenn.

- Utilise ton pouvoir Selenn.

- Ca ne marche pas sur commande!

- Ta soeur est ici. Nous t'avons aider jusqu'ici mais à présent nous sommes impuissants.

- Mais je ne sais pas comment faire. Mon pouvoir apparait quand je suis en colère pas quand je suis effrayé!

- Ecoute moi bien Selenn! Je ne t'ai pas tout dit sur ta soeur.

Les yeux de Selenn reflétèrent son inquiétude.

- Ta soeur a été torturé, violé et nous ne savons pas si elle est toujours en vie. Ces tortionnaires n'ont aucune pitié. Chaque seconde est importante. Enerve toi Selenn!!!

Arshard la frappa. Selenn le regarda avec stupeur

- Laisse la colère monter en toi!

Arshard leva la main à nouveau pour la frapper, sa main ne parvint pas au visage de la jeune femme. Il fut projeté quelques mètres plus loin.

Selenn se tourna vers la porte et cria. La porte fut dégondée et projetée vers l'intérieur. La jeune femme en furie entra dans l'antre de la confrérie des âmes.

Elle balaya tout sur son passage, prononcant des mots qu'elle n'avait jamais appris mais qui lui paraissait familier.

Les guerriers Ourzes s' apprêtaient à rentrer mais Arshard les arrêta.

- Attendons un peu nous achèverons ceux qui sont encore en vie. N'oubliez pas l'objectif!

Selenn descendit les escaliers. Chaque mot qu'elle prononçait se changeait en énergie.

Chaque garde était projeté par des ondes de chocs.

- Allez on y va! Trouvez le!

Les Ourzes se précipitèrent, armes à la main, les blessés furent achevés. Au lieu de suivre Selenn, ils montèrent dans les étages riches en tapisseries luxueuses, tuant tous ceux qui croisaient leur chemin.

-Ourzes ici!

Arshard indiquait une porte richement orné.

Le plus grand des Ourzes défonça la porte à coup de hache en hurlant.

Une grande pièce sans fenêtre luxueusement décorée s'offrait à leurs yeux.

Au fond un trône et assis un homme applaudissait. Revêtu d'une armure finement forgée, son visage buriné recouvert de tatouages en formes de petites croix, invitait à la violence. Son regard brûlait. Un cheval ailé squelette tatoué se déployait sur son crâne. Arshard crut le voir bouger.

- Bravo messieurs! C'est un bien joli coup! Je ne m'y attendais pas.

Deux femmes, têtes baissées, vêtues d'une armure noire se tenaient debout sans bouger de part et d'autre du trône.

Leurs crânes dépourvus de cheveux portaient une marque. Un cheval ailé squelette identique à l'homme sur le trône.

Arshard ricana.

- C'était un plan compliqué, je dois avouer que je suis surpris qu'il ait fonctionné aussi parfaitement!

- Qui sont ses deux femmes à côté de toi?

- Mes filles.

- Sont elles en vie ou les as tu empaillé Nersho?

L'homme éclata de rire.

- De tous tes défauts Arshard, c'est ton humour que je préfère. Dans quelques instants, tu risques d'avoir tes réponses et je ne suis pas sûr que tu aimes.

- Allez les Ourzes, une prime supplémentaire pour ses deux statues.

Les guerriers poussèrent un cri de guerre et se précipitèrent vers les femmes.

Deux haches se levèrent et s'abattirent sur les deux filles de l'homme du trône.

Les armes s'entrechoquèrent. Les deux femmes venaient de parer les coups sans lever la tête.

Elles repoussèrent de concert les lames des deux ourzes et levèrent leurs visages.

Aucune émotion ne se dégageait d'elles. Elles levèrent leurs épées et frappèrent. Leur vitesse était surnaturelle. les guerriers tombèrent un à un sans pouvoir riposter. Une dizaine tombèrent sous les coups violents.

- En Arrière! Arshard tendit le bras pour arrêter les guerriers. Il dégaina une épée de bel ouvrage.

- Laissez les moi.

Arshard se positionna devant les deux femmes couvertes du sang des guerriers Ourzes.

Elles attaquèrent. Arshard para chaque coup avec une célérité surprenante. Les Ourzes se regardèrent avec un air de surprise sur le visage.

Le guerrier attaqua et enchaina les coups d'estoc et de taille tout en tournoyant sur lui-même dans une danse meurtrière. Les deux guerrières parèrent ce qu'elle purent et récoltèrent quelques estafilades et plaies sur les bras et les jambes.

Arshard ne semblait pas essouflé tandis que les deux filles de l'homme du trône donnait des signes de vie. Elles semblaient souffrir.

Une des guerrières attaqua Arshard qui n'eut le temps risposter. Elle s'empara de l'épée de son adversaire et leva son arme pour l'abattre. Arshard dans un ultime mouvement esquiva le coup tournoya tout en dégainant une dague de sa ceinture et enfonça son arme dans le crâne de la jeune femme qui chuta lourdement sur le sol avec une expression d'étonnement sur le visage.

- Et une de moins.

L'autre guerrière resta sans bouger pendant quelques secondes, cherchant du regard son père mais le trône était vide, Nersho avait disparu.

- Visiblement ton papa est parti petite.

Elle laissa tomber son arme sur le sol et tomba à genoux devant le corps de sa soeur. Les larmes coulaient le long de ses joues.

- Je vous la laisse les gars. Par contre pas de primes, j'ai fait tout le boulot!

Arshard ramassa son épée et sortit.

Les guerriers et guerrières ourzes s'approchèrent de la femme et elle fut massacrée sur le corps de sa soeur.

Selenn descendait les escaliers vers les profondeurs des geoles.

Les gardes tombaient à ses mots.

Elle parvint dans la pièce des cellules.

De nombreux gémissements parvenaient à ses oreilles. Son coeur battait fort à la pensée de ses retrouvailles avec sa petite soeur.

Elle prononça son prénom plusieurs fois mais seuls des cris de douleurs lui répondirent.

- Je suis désolé Selenn.

Arshard était derrière elle.

- Ou est-elle Arshard?

- Elle n'a jamais été ici.

Selenn écarquilla les yeux.

- Je suis très peiné Selenn, parce que tu m'es vraiment sympathique.

Arshard l'air contrit semblait vraiment être dans l'embarras.

- Je ne comprends pas.

- Tu as été manipulé jeune Selenn.

- Laisse moi lui montrer Arshard.

Une autre voix s'était invitée. C'était la voix d'Auxane.

- Auxane?

- Il n'y a pas d'Auxane, il n'y a que la crédulité.

- C'est impossible.

De l'ombre surgit une silhouette, puis une femme vêtue d'une tunique noire.

- Je me présente Auxane. Elle se mit à rire. Cette naiveté est tellement touchante et pathétique. Heureusement qu'il existe des gens comme toi pour que des gens comme nous puissent s'enrichir d'or et de pouvoir. Merci Selenn. Sans toi et tes semblables, nous ne serions rien. Nous existons grâce à vous.

Selenn pleurait en secouant la tête.

- Mais ma petite soeur?

- Elle est morte depuis des années.

Selenn rugit de colère et de douleur.

- Je vais vous détruire!!!

- Ma pauvre enfant, tu ne pourrais pas me faire le moindre mal. Sais tu dans quel endroit tu te trouves?

Selenn regarda les lieux. La colère montait prête à jaillir.

- Nous ne t'avons pas menti nous sommes dans la forteresse de la confrérie des âmes.

Leurs geoles ont une particularité ces cellules ont été construites avec un métal bien particulier. Il absorbe la magie. On l'appelle Heylios. Tu es normal ici, comme moi d'ailleurs. C'est pour ça que tu peux me voir.

Les larmes de Selenn s'arrêtèrent.

- Vous allez me tuer?

- Non Selenn, j'ai des projets pour toi, mais je pense que tôt ou tard tu imploreras de te délivrer de ce carcan de chair.

- Pourquoi moi? Pourquoi ma famille?

La mage réfléchit un instant.

- Bon. Allez, je suis de très bonne humeur et maintenant nous avons du temps devant nous. Je vais t'expliquer, tu as gagné le droit de savoir. La Confrérie des Ames était le dernier obstacle à l'expansion de notre cher Alzebal. Ils ont des contrats avec nombre de ville qui les paye pour leur protection. Le seul endroit qui leur échappait était les Terres Brûlées. Cela nous a pris des années pour élaborer ce plan. Nous avons fait des alliances, nous avons réussi à former de nouveaux mages noirs, à maîtriser les portails de Triestre. La seule chose qui nous manquait. C'était un moyen d'entrer dans leur forteresse pour les frapper en plein coeur. Auxane la fixa. Toi Selenn. Nous te suivons depuis ta naissance. La magie de la voix est une ancienne magie. Elle se transmet par les femmes. Toujours l'ainée et les ancêtres de ta famille sont les plus puissants mages qui ont foulé Milsden. Nous avions une infime chance que ce soit toi.

Selenn secoua la tête.

- Si cette confrérie est si puissante, je suppose que cette forteresse n'est pas le seul endroit où la confrérie des âmes sévit.

Auxane eut un rictus qui déforma son visage.

- En effet, sache que plusieurs attaques ont été mené simultanément. Nous sommes désormais les maîtres de Milsden!

- C'est trop parfait!

La mage noir serra le poing.

- Trop parfait?!!! C'est quasi un miracle si tout a fonctionné! Nous devions t'emporter lors des Trioms. Il y a eu, comment dire, une erreur. C'est ta soeur que nous avons pris. 

- Vous avez tué ma soeur?!

La mage noire eut un faux air désolé.

- Oui, j'avoue mais elle n'a pas souffert, je m'en suis chargé moi-même. Elle était insupportable. Elle pleurait tout le temps. Un petit coup de poignard et le silence est revenu.

Selenn cria autant de rage que de désespoir.

Auxane sourit.

- Pour revenir à notre plan. Pour leur forteresse nous avions besoin que tu t'éveilles et surtout il fallait que nous ayons un oeil sur toi en permanence. Notre faux temple était parfait pour ça. Il n'a pas fallu longtemps pour que tu deviennes une adepte. Kjeld devait t'éveiller et te guider vers le contrôle de tes pouvoirs. Ca ne s'est pas vraiment passé comme prévu alors j'ai du intervenir. Ta crédulité a fait le reste. Merci Selenn.

La jeune femme regarda Arshard implorant son aide.

Le guerrier tourna la tête, les talons et sortit des cellules. Il croisa un nain qui descendait. Il portait un gros sac marron en cuir usé. Sa démarche était lente, pesante.

- Jarven! S'enthousiasma Auxane.

Ses yeux d'un bleu aussi sombre que les eaux profondes de la Mer des Filaments, semblait pouvoir pénétrer les esprits. Il n'en était rien.

Jarven Hyur était à l'origine un apothicaire. Les nains étaient peu nombreux dans le royaume de Milsden et la plupart étaient des criminels particulièrement cruels. Ce qui était le cas de Jarven.

- Je te présente Jarven Hyur. Auxane sourit. Le peuple nain est fascinant. Ils sont la race la plus pacifique que je connaisse, un peuple avec une grande connaissance des arts de la médecine et en même temps les plus vils que j'ai pu rencontrer. Je ne sais pas à quoi tient tout ça mais la majorité des nains qui vivent à Milsden sont les pires êtres qui foulent nos terres. Jarven est le meilleur dans son domaine. La torture.

La peur monta chez la jeune femme.

- L'endroit est idéal pour faire en sorte que tu ne puisses plus nous nuire.

Jarven eut un petit rire sardonique. Il ouvrit son gros sac et en sortit une aiguille recourbée. Puis une bobine de fil qui luisait légèrement dans la semi-pénombre. Il déroula la bobine et délicatement il inséra le fil dans le chas de l'aiguille. Il fit un petit noeud sur le fil.

- Je suis désolé Selenn.

Un colosse Ourze l'attrapa. La jeune femme tenta de se débattre mais elle était maintenue avec force.

Les larmes coulèrent sur ses joues déjà humides d'avoir trop pleuré.

- Non ne faites pas ça! Je vous en supplie.

Jarven le nain s'approcha d'elle la main levée.

- Ca va piquer au début. Il ricana, cela ressemblait plus à un couinement. Et à la fin aussi.

Selenn regarda l'aiguille s'approcher, le visage du nain était proche, elle sentait son haleine chaude et méphitique. L'aiguille s'enfonça sous sa lèvre inférieure. Le colosse lui maintenait la tête. La douleur était difficilement soutenable.

- Ce fil est spécial petite. Il empêchera l'infection. Une fois posé, il te sera impossible de l'enlever et tu seras incapable de prononcer le moindre mot. Je suis un grand amateur de silence.

- Jarven tu es un artiste. L'ombre ricana.

Le couturier continua son oeuvre. Les yeux de Selenn l'implorait d'arrêter.

- Tu as gagné le droit de connaître mon vrai nom. Nadiane Yrus. Je te le révèle car tu n'auras jamais l'occasion de le répéter.

Selenn, dans sa souffrance, remarqua le sourire satisfait de son bourreau.

Arshard caché dans l'embrasure de la porte, détourna le regard et sortit du bâtiment. La neige avait cessé et une lance luisante de soleil avait transpercé les nuages.

Le guerrier s'assit sur un banc et cacha son visage dans ses mains.

Elle ne mérite pas ça.

A l'extérieur de la forteresse, une silhouette se laissa glisser contre un mur pour s'asseoir. Kjeld pleurait.

Mais qu'ai je fais?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fabrice Claude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0