13. Alzebal.

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Alzebal rompit le silence devenu gênant depuis quelques secondes.

- Alors mon beau. J'imagine que tu ne t'attendais pas à me voir.

Grys Dilur n'était pas un homme qui perdait facilement sa contenance. Mais le visage qu'il venait de découvrir l'avait laissé sans voix.

- Je t'ai connu plus loquace mon cher époux. C'est bien la première fois que je te laisse bouche bée. Si on excepte peut-être celle où je t'ai annoncé que j'étais enceinte de notre petit troisième. Sa femme s'extirpa de son siège et s'approcha de Grys. Elle l'embrassa sur la joue en souriant. Yalisse Dilur était une petite femme au visage rond dont le regard gris pénétrant lui conférait un charisme dérangeant. Ses longs cheveux bruns complètement désordonnés lui donnait un aspect sauvage que Grys affectionnait particulièrement.

- Tu dois avoir mille questions à me poser.

- Là à cet instant je n'en ai qu'une.

- Laquelle?

- C'est quoi ce bordel Yalisse? Grys garda un ton posé mais intérieurement il bouillonnait.

Alzebal sourit en voyant une veine qui palpitait sur le front de son mari.

- Tu es énervé, je le vois et c'est tout à fait normal.

- Non je ne suis pas énervé, pas encore. Où est le vrai Alzebal?

- En face de toi. C'est moi. Certes ça n'a pas toujours été le cas. L'avant-dernier Alzebal était un homme. 

-Depuis combien de temps? 

- Bien avant que l'on se connaisse.

- Pourquoi tu m'as caché ça?

- Pourquoi m'a tu caché que tu étais un mercenaire?

- Tu marques un point.

Grys reprit ses esprits. Sa femme lui avait menti depuis des années, mais lui aussi, il était difficile de jouer les maris trahis et offusqués. Il continua, il avait tellement de questions 

- Je ne comprends pas ma chère et tendre. Pourquoi m'avoir engagé pour tuer ce Loup? 

- Tu es le meilleur.

Grys sourit.

- C'est vrai, acquiesça t-il

- J'ai une deuxième question.

- Je t'écoute.

- Pourquoi vouloir le tuer? Ce n'est pas ta vengeance, c'est celle de ton prédécesseur. A moins que... Grys ne termina pas se phrase.

Yalisse Dilur lut dans les yeux de son mari qu'il avait deviné. Elle enchaîna.

- C'est exactement ça. Tu es d'une perspicacité admirable mon époux.

- Donc cet animal a tué ton fils, enfin votre fils. Dis m'en plus. Je suis curieux.

- Commençons par le début le vrai Alzebal, l'originel, est mort depuis des centaines d'années et pour perpétuer la légende qui le disait immortel, il décida avant de mourir que son fils le remplacerai et ainsi de suite jusqu'à mon prédécesseur Rassiel qui fut aussi mon amant. Elle fit une pause comme si les mots qui allait suivre devait mûrir quelques secondes dans son esprit avant d'être expulsés.

- Ce sale chien a tué notre fils. Sa voix s'était durcie, il ne la connaissait pas sous cet aspect mais il tenta de garder un visage impassible. Puisque notre enfant était mort, il n'a pas pu prendre la succession. Je suis donc devenu Alzebal. Yalisse serrait les dents.

- Une bien belle tragédie. Ironisa Grys.

- Ne te fous pas de moi Grys! Son visage se déforma de colère. 

- Je suppose que là j'ai affaire à Alzebal? Il sourit. Elle se calma.

- Ce que j'aime le plus chez toi est aussi ce que je déteste le plus.

- Précise?

- Ton insolence.

- Je ne fait que poser des questions. Si mes comptes sont bons, il m'en reste neuf cents quatre vingt treize sur les mille que j'étais sensé me poser il y a quelques minutes.

- Ne joue pas avec moi Grys.

- Je ne joue pas. Je travaille actuellement et je suis venu voir mon employeur. 

- Et ton employeur n'est pas satisfait de ton travail.

Lodith choisit ce moment pour briser son mutisme.

- Je te l'avais dis Grys.

Le mercenaire lui jeta un regard torve et la géante, surprise, recula d'un pas.

- Pourquoi ce meurtrier est-il encore en vie, reprit Yalisse.

- Lui est en vie, sa femme et sa petite fille sont mortes.

- Ce n'est qu'une piètre satisfaction. Je veux le voir souffrir! 

- Je te garantie qu'il souffre en ce moment.

- Ce n'est pas suffisant! hurla-t-elle, je veux lire la souffrance dans son regard, je veux le voir me supplier de l'achever. Grys ne reconnaissait plus sa femme. De grands gestes rapides, un regard brûlant, elle semblait possédée. Une haine la consumait de l'intérieur et par instant elle surgissait sur son visage le distordant de façon presque grotesque. Le mercenaire resta impavide. Il ne fallait pas attiser le brasier. 

- Il va être difficile à capturer. C'est un animal redoutable et qui plus est, blessé maintenant.

- A qui la faute?

- Tu marques un autre point. Mais si tu m'avais mis au courant de la dangerosité de l'animal, j'aurais pris des précautions.

Les yeux noirs, à peine visible sous les cheveux hirsutes de Yalisse se plissèrent. Grys connaissait cette expression mais dans un autre contexte et ce n'était pas bon signe.

- Je suis étonné Grys.

- Continue.

- Tu ne parais pas si surpris que ça. Je pensais que ces révélations te perturberaient plus que ça.

- Pourtant je le suis de ne pas t'avoir démasqué. Par contre. Il s'interrompit et sourit. Un sourire à la Grys.

- Oui?

- Je ne suis pas surpris que tu sois capable de tout ça. Je savais que tu avais, il fit une pause comme pour chercher ces mots, ce potentiel. Mais je pensais naïvement que tu ne le savais pas. Au fait depuis quand sais tu que je suis un mercenaire?

- Depuis toujours.

- Pourquoi m'avoir épousé si tu savais que je te mentais?

- Je suis tombé amoureuse de toi Grys. Tout simplement et je te mentais aussi, j'étais mal placé pour te juger.

- Maintenant tout va changer.

- Pas pour moi.

- Qu'allons nous devenir?

_ Pour moi ça ne change rien.

- Pour moi ça change tout.

- Nous sommes toujours mariés.

- Oui mais je viens d'apprendre que ma femme est l'homme le plus craint des Terres Brûlées. L'homme qui a fait tomber des rois. L'homme qui m'a embauché pour faire un sale boulot. Je vais avoir besoin de temps pour digérer.

- Peu importe, pour l'instant il faut retrouver cet assassin. 

Tout était une question de perspective se dit Grys, de l'autre côté du miroir c'était eux les assassins.

- Je vais toujours au bout de mes contrats, celui-ci y compris.

- Un vrai professionnel! C'est aussi pour ça que j'ai choisi ta guilde. Je te connais, tu ne laisses jamais tomber.

- C'est vrai mais cette fois je vais avoir besoin de tes hommes et de tes femmes, il regarda Lodith qui souriait toujours. Les miens n'ont pas suffit.

- Demande et tu auras! Je suis soulagé que tu saches enfin la vérité!

- Je vais avoir besoin de temps pour te dire si je suis heureux de savoir que ma femme se fait passer pour un homme.

- Une dernière chose mon cher amour, ici je suis Alzebal et c'est moi qui dirige. Tu es mon employé. Donc tu m'obéis. A la maison, tout redevient normal. 

- Ok bien compris donc au final rien ne change, ironisa Grys.

Alzebal sourit.

- Tu peux disposer.

- Une dernière chose chérie?

- Dis moi?

- C'est qui ce gardien de la porte?

Elle se mit à rire.

- Il fait partie du mobilier. Je t'expliquerai un jour.

- Au fait, je vais avoir besoin d'aide pour le localiser.

- Tu parles de magie?

- Je n'en ai pas parlé, c'est toi qui m'en parle mais il se peut que j'ai entendu parler de magie des ombres à propos d'Alzebal.

- Elle n'existe plus depuis longtemps et je ne suis pas vraiment Alzebal.

Elle mentait, il le voyait. Elle dissimulait encore des secrets. Mais Grys était patient. Il saurait bientôt.

- Très bien. Je vais me débrouiller.

- Tu es payé grassement pour ça mon cher.

- On s'embrasse?

- C'est le travail Grys. Tu es mon employé.

- A vos ordres Monsieur. Le mercenaire fit une révérence et sortit de la pièce.

Alzebal, pensive, attendit quelques minutes puis elle se tourna vers Lodith. 

- Tu le suis comme son ombre. Je n'ai pas confiance en lui.

- C'est ton mari pourtant.

- Ce n'est pas un gage de confiance ma beauté. De toute façon bientôt nous n'aurons bientôt plus besoin de lui. Que fait-on avec les lames émoussées Lodith?

- On les brise chef. 

- Exactement ma belle. Approche.

Les deux femmes s'embrassèrent longuement avec hargne sans savoir que près d'elles, Un être chose les observait et il souriait.


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