31.Insomnies

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En dépit de tous ses efforts, le sommeil ne parvenait pas à entrainer Loup dans ses bras.

L’assassin de Tily et Dwenn, ce rat, était là, à sa portée mais le doute l'emportait sur son envie de le tuer. Arcis était peut-être en danger et il n'avait que trop perdu d'êtres chers.

Il regarda Iria.

Elle le regardait aussi.

Il voyait en elle ce que Tily aurait pu être si la chance de grandir lui avait été donné.

Une jeune femme déterminée et pleine de vie.

Son cœur se serra. La pensée qu'il ne pourrait plus enlacer sa petite fille et sentir son parfum boisé, de s'être roulée dans les feuilles en riant, fit monter une haine féroce. Il tenta de la dominer.

Il n’y parvint pas.

Il se leva d'un bond et disparut dans les méandres sombres de la forêt des larmes.

Iria le suivit du regard.

Elle ressentait de la compassion pour cet homme et une pitié inavouable. Son existence avait basculé en quelques secondes et le désespoir courrait sur sa peau.

Ainsi disparaissait la vie, aussi facilement que la flamme d'une bougie, surprise par le vent glacé du Nord.

Son espoir de vengeance le maintenait sur ses jambes mais si au crépuscule de son combat, il se tenait encore debout chancelant avec un dernier souffle de vie, survivrait-il aux bras glacials de l'absence?

Iria frissonna. Son père s'était invité de nouveau dans ses pensées. Les larmes ne vinrent pas, juste une tristesse aride, desséchée qui la fit se recroqueviller sous sa couverture.

Peut-être avait-il survécu? Elle s'endormit sur cette illusion.

***

Grys réfléchissait. Comment allait-il pouvoir s'en sortir? Son bluff ne fonctionnerait pas longtemps. Loup n'était pas un imbécile, naif certes mais pas idiot.

La fuite? Impossible, son bras valide était attaché à un arbre et ses chevilles liées fortement.

Il entendit Loup se lever. Il devait fulminer de ne pas pouvoir tuer l'assassin de sa famille.

Le mercenaire avait néanmoins un certain respect pour cet homme. Il le comprenait mais son instinct de survie prenait le dessus. Ce monde était impitoyable. Ceux qui ne l'avaient pas compris mourait par excès de naiveté, les autres survivaient un peu plus longtemps. Son cynisme lui donnait un avantage. Grys savait que ses jours étaient comptés. La guilde la plus puissante de Milsden voulait sa peau. Un père brisé voulait sa tête. Lui ne voulait qu'une chose, revoir ses enfants et les mettre à l'abri. La famille même pour un scélérat comme lui était une priorité. Le besoin de perpétuer l'espèce sans doute. Au fond de lui il savait qu'il trouverait une solution. Ensuite il tuerait sa femme et...

Il entendit un léger crissement au dessus de sa tête.

***

Loup perché au sommet d'un vénérable arbre plus grand que les autres contemplait les alentours. Sa colère exacerbée par la présence Grys, ne redescendait pas. Le Mont Noir se profilait au loin posé sur le sol, indécent comme le sein nue d'une géante endormie. Grys mentait. Il était impossible qu'il connaisse la tanière de son grand-père. Personne ne pouvait savoir.

Il descendit rapidement de l'arbre et fila à travers les bois.

En rentrant au campement, il trouva Iria endormit.

Il dégaina son épée et se dirigea vers la paillasse de Grys.

Quelque chose n'allait pas. Le mercenaire n'était plus là.

Lentement Loup secoua Iria.

Elle se réveilla en sursaut.

Il a disparu.

C'est impossible.

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