19 - 5 - Le peu de tort occasionné, la solution

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La Commandante tiqua. Elle n’eut qu’une envie multiple : s’affaisser, s’asseoir, se rouler au sol et hurler, hurler tout court, renoncer, abandonner, laisser gagner le Capitaine, le voir partir, l’oublier, se jeter sur lui, l’étrangler, lui arracher la langue, le faire taire, l’embrasser.


<< – Hum, l’embrasser ? Pourquoi, soudain, cette étrange idée m’est-elle venue ? >> s’interrogea-t-elle.

– Qu’y-a-t-il ? Vous voulez mon portrait ? Avez-vous fini de me regarder avec vos yeux de…

<< – Tiens, elle a des yeux de quoi, au fait ? De tyran, de diablesse, de despote, de démone, de biche… De biche ? Pourquoi, soudain, ai-je cette étrange idée en tête ? >> s’interrogea-t-il.

– Là, Capitaine, c’est vous ! C’est vous qui me dévisagez ! Et bizarrement, devrais-je même dire !

– Là c’est moi ? Comment ça, là c’est moi ? J’en déduis que je n’ai pas rêvé : vous me regardiez ! Et différemment, devrais-je même dire !

– Non, non, je… non ! Point du tout !

– Laissez-moi rire, vos paroles sont trahies !

– Comment cela, mes paroles sont trahies ? Qu’entendez-vous par là ?

– J’entends par là, ou plutôt je vois par là, que même les peaux cuivrées peuvent s’empourprer.


Et le visage de la Commandante se mit à rougir plus encore.


<< – Ne rougis pas ! Ne rougis pas ! Ne le laisse pas s’imaginer qu’il ne t’est pas indifférent ! >>

<< – Elle rougit ! Elle rougit ! Je dois lui plaire. >>


Sans prononcer une seule parole, tous deux s’observèrent quelques secondes, plus rien autour d’eux n’eut une quelconque importance. Les femmes, les pirates, le bateau, l’autre bateau, la magie, la licorne, la mission ; tout, l’espace d’un instant, ils oublièrent tout, même ces "torts occasionnés".


Le Capitaine profita de ce petit intervalle de temps pour réfléchir au sujet primordial :

<< – C’est moi ou… ou il se passe quelque chose entre nous. Et si là, tout de suite, je m’approchais d’elle pour lui donner un petit baiser ? Non ! Si ! Si ? Non… Hum, j’en ai tout de même envie ; non, elle, elle n’en a pas du tout envie. Et si elle n’attendait que ça ? Ohlala… je ne sais pas. >>


Tel un adolescent tout timide devant son premier amour, voilà qu’il se retrouvait hésitant et apeuré à la fois, ne sachant pas s’il devait se lancer, ou non, dans un acte empreint d’un improbable romantisme franc et passionné.


La Commandante profita de ce petit intervalle de temps pour analyser ce regard insistant fixé sur elle :

<< – Oh non, il ne va pas oser ? Pourquoi est-ce qu’il me regarde comme cela ? Il va m’embrasser ! J’en suis sûre, oui, c’est cela, il va m’embrasser ! Non, il ne va pas m’embrasser… et s’il m’embrassait ? Oh non, pas ici devant tout le monde, la honte ! Je vais me faire dessus. Ohlala, ohlala… non pas ici, non je ne veux pas… si, ici, maintenant, là ! Oui ! Non. Je ne sais pas. >>


Telle une adolescente intimidée devant le garçon le plus populaire de l’école, voilà qu’elle se retrouvait craintive et excitée à la fois, ne sachant pas si elle devait le laisser, ou non, oser cet improbable acte d’amour public et officiel.


<< – Oui, allez, je me lance, on ne vit qu’une fois ! >> se décida-t-il, courageux.

<< – Non, allez, je recule, il y aura des conditions plus favorables ! >> se décida-t-elle, raisonnable.


Et au moment où le Capitaine se penchait pour tenter une approche du bout des lèvres, la Commandante reculait d’un pas, tournant son buste vers les femmes.

Le Capitaine resta les lèvres tendues, comme un nigaud. Vite fait bien fait, il rétracta tout son corps vers l’arrière, fit muer sa bouche en une affreuse grimace et termina sa gestuelle en un terrible et feint bâillement.


Pas dupe, la Commandante réalisa qu’il avait osé, et regrettait déjà s’être reculée. Complaisante pour ne pas l’humilier d’avantage, elle feint de ne pas le voir et s’adressa à ses femmes :

– Attendez une minute, mesdames, le Capitaine m’excite, euh non ! M’enflamme, non ! Me chatouille… ah non, les sens ! Me chatouille les sens ! Oui, voilà, non voilà pas. Il m’attise, me stimule, me chauffe ! Je ne sais plus ! Me chauffe, c’est bien ! Quoi ?! Corvées de pont ! Nettoyage du pont pour toutes ! Lessivage de la voile ! Vous aussi vous me chauffez, mesdames ! Vous comprenez cela ?! Vous m’échauffez, synonyme de vous m’énervez !

– Je vous fais tout ces effets ? Mais alors, pourquoi ne m’avez-vous pas permis de vous embra…

– Silence, n’en parlons pas, ce n’est pas le moment ! J’étais presque prête et vous gâchez tout !

– Je ne gâche rien, je n’ai rien fait, je n’ai rien dit, se défendit-il.

– Bien évidemment que si ! Vous… vous…

– Oui, oui, je vous émoustille, enflamme, chatouille, stimule. Je vous rends chaude, récita-t-il sans omettre un seul verbe.


Durant quelques secondes, elle secoua la tête et le cibla de ses yeux devenus froids, avant de lui répondre :

– Félicitations, avec votre remarque blessante, vous venez de me glacer. Finalement, je m’aperçois que je ne vous connais pas encore assez bien, Capitaine ! Mais, je vous connais assez pour affirmer qu’il est bien trop tôt pour envisager plus.


Cette constatation faite et dite, elle reporta son attention vers une des femmes qui avait déjà entrepris de sortir sa dague. Elle lui fit un petit signe négatif de la main.


Parce que, p’tits pirates, p’tites pirates, n’faut pas oublier qu’il y a toujours un pirate agenouillé là, et entouré de cinq femmes qui, à la moindre directive de la Commandante, sont prêtes à l’exécuter. Oui, c’est bien ça, à le tuer !


– Ceci dit, du peu que je sache de vous, j’aurais dû m’attendre à ce que vous interveniez. Alors dites-moi tout, expliquez-moi quel tort vous pourriez avoir.

– Et bien voyez-vous, cet homme ici présent, ce malheureux, a perdu, par VOTRE FAUTE, son illustre épée qu’il tenait de son arrière arrière arrière grand-père ! À moins que ce ne soit arrière arrière arrière père….

– Arrière arrière grand-père donc, rectifia-t-elle.

– À moins que ce soit un oncle ?

– Cela a une importance ?

– Cruciale !

– Alors décidez-vous et soyez précis !

– Père, va pour père.

– Juste père ?

– Non arrière arrière arrière arrière grand-père.

– Vous en avez rajouté un !

– Ah oui ?

– Certaine !

– Bon, puisque vous êtes tatillonne, simplifions : ce pauvre diable a perdu, par VOTRE FAUTE, son épée qu’il tenait, en tout cas, d’une branche de sa famille très très très très éloignée !

– Pas très très très ? Sûr du très très très très ?

– Ça a une importance ?

– Capitale !

– Et si je tranchais pour : extrêmement éloignée ?

– Cela m’irait.

– Ce pauvre bougre, a perdu, par VOTRE FAUTE, son épée qu’il tenait d’une branche de sa famille extrêmement éloignée !

– J’en suis toute retournée.

– Ah oui ?

– Non !

– Vous devriez.

– Je m’en contrefiche, que puis-je y faire ?

– Vous vous en fichez ? Vous dites ça parce que vous ignorez tout.

– Instruisez-moi.

– Vous introduire ?! déclara-t-il éberlué.

– M’instruire ! répondit-elle scandalisée.

– Oh, pardon.

– Faites attention.

– Je n’avais pas compris, ça peut arriver.

– Dites plutôt que cela rend sourd.

– Non… qu’est-ce qui rend sourd ?


Dépitée, elle ne jugea pas utile d’apporter de précisions.


– Bon alors, vous m’introduisez oui ou non ?! s’impatienta-t-elle.

– Euh… je croyais que…. mais, oui… enfin… pas ici, si ? Comme ça devant tout le monde ? C’est un peu embarrassant.

– Qu’est-ce que vous racontez ?! fit-elle d’un ton agressif.


Quelque peu troublé, le Capitaine en vint à se demander s’il avait bien compris. Dans le doute, il tâtonna :

– Je vous instruiduis ?

– Vous devenez fou ma parole. Éclairez-moi, sinon nous égorgeons de suite ce bon à rien, sans y passer toute la journée !

– Ce brave benêt est le descendant lointain d’un illustre roi d’un ancien peuple maintenant disparu il y a fort longtemps !

– Cela m’a tout l’air de remonter à loin.

– Exact ! Tout à fait exact, vous y êtes. Imaginez, son épée était pour lui plus qu’un lien familial important, elle était un bien sentimental fort précieux.

– Heureuse de le savoir. Et ?

– Et ? Et pour nous, indirectement, c’était notre bien le plus inimaginable ! Et figurez-vous, qu’il avait promis de nous la léguer à sa mort !

– Rien que cela.

– Maints de mes hommes auraient donné leur vie pour protéger cette épée.

– Ridicule.

– Véridique !

– Croyez-vous sincèrement me faire gober cette inimaginable histoire extravagante ? s’indigna la Commandante


Elle aurait pu dire "abracadabrantesque" mais à leur époque le mot n’existait pas, il n’a été inventé, employé, qu’à la fin du XIXe siècle. Alors elle ne l’dit pas et trouve une variante tout aussi rocambolesque.

Et oui, p’tits pirates, si dans une histoire il n’y a pas un minimum de réalisme, ça n’peut pas fonctionner !

Comme dans les pubs où ils s’lavent tout habiller ? Et bah voilà, vous avez tout compris ! Je sens en vous une âme de futurs conteurs d’exception.

D’ailleurs, en parlant de tout habillé, dévions vers le nu, et sachez que quand vous écrirez vos scénarios, il n’y aura pas besoin de dénuder les acteurs en permanence ! Si ça n’apporte rien à la scène, l’acteur reste avec ses vêtements ! On est d’accord ? Bien.

Bien nul ! Parce que si on n’peut plus mâter un peu en r’gardant des films dev’nus tout prude, à la limite du mormonisme, forcément qu’après faut pas s’étonner d’l’essor des sites pornograph… phonographique. Forcément, si il n’y a plus rien à la télé, on va s’rediriger vers la musique.

C’est quoi le mormonisme ? C’est une religion, une façon d’vivre, pareil que "la p’tite maison dans la prairie".


– Permettez donc qu’on demande à cet homme si ce n’est pas vrai ! s’offensa le Capitaine.

– Oui, oui, bien sûr que c’est vrai ! Tout est pure vérité absolue ! Mon épée, mon épée ! Mon épée adorée !


Le pirate prétendu bête, se mit à jouer le jeu, et n’ignorant pas que sa vie en dépendait, il éclata en sanglots.


– Ah, ne vous l’avais-je pas dit ? À lui seul il est la preuve de cette tragédie qui s’abat sur nous ! Regardez-le, examinez-le, scrutez-le et voyez le drame qui tombe sur lui et qui a, pour conséquence, de nous plonger, nous tous pirates, dans le plus profond désespoir !


Le Capitaine se frotta les yeux mimant des larmes.


– Burlesque ! De plus en plus.

– Je ne peux en supporter d’avantage. Je demande donc que le grand tort que vous nous avez occasionné soit aussi réparé.

– Non, mais vous êtes sérieux là ? Vous pensez nous leurrer avec cette histoire, tout aussi charmante soit-elle, mais ô combien insensée ?!

– Oui ! Enfin, non, mais admettez que tout est logique.

– Incroyable ! Que demandez-vous ?

– Réparation, je viens de vous le dire, une simple et légitime réparation.

– Mais encore ? Je suis sûre que vous avez votre idée en tête.

– Et pas dans le… pardonnez, une boutade m’a traversé l’esprit.

– Quel lourdingue, bredouilla-t-elle.

– Je veux que cette femme, celle qui a désarmé ce dadais, aille récupérer cette épée. Rien de plus. Après, il sera tout à vous.

– Cette, mythique, épée qui se trouve donc en plein milieu et tout au fond de l’océan, rien de moins ? traduisit la Commandante.

– Mythique, ah ! Un grand merci à vous, depuis le début c’est le terme que je cherchais, dit le Capitaine pour en rajouter une couche.

– Savez-vous que cela sera, pour cette femme, une condamnation à mort ?

– Oh, je me doute que ce ne sera pas facile ; peut-être qu’avec un peu de magie elle pourrait retenir son souffle pendant… pendant le temps nécessaire. Sinon, oui, c’est certain qu’elle risque de mourir. Ma foi, c’est ça réparer ses erreurs.

– Souvenez-vous que c’est vous qui nous avez attaquées !

– Oh, ne me dites surtout pas que nous étions en guerre, s’étonna en souriant le Capitaine.

– SOIT ! s’agaça la Commandante. Femme, prépare-toi à aller chercher l’épée. Et inutile de remonter à la surface sans elle. Adieu, le clan te rendra hommage.

Le Capitaine en fut presque troublé ; la Commandante acceptait donc la mise à mort d’une de ses membres d’équipage. La femme pirate s’avança au bord du bateau, sans même hésiter, sans même essayer de contredire les ordres, de se défendre ou encore de plaider sa cause ; elle se contenta d’obéir. Elle resserra son foulard autour de ses cheveux et, pour le plus grand plaisir des pirates, ôta sa combinaison.


Comment ça pourquoi ? Ne m’dites pas qu’quand vous allez à l’eau, vous plongez tout habillé ! Comment ça elle peut garder sa combinaison si elle sait qu’de toute façon elle va mourir au fond d’l’eau… Ouais, pas bête.

Mais elle tente quand-même le coup ! Pourquoi ?! Parce qu’il ne faut jamais désespérez et toujours croire en la chance, en un miracle ou en je n’sais quoi ! N’vous ai-je pas dit d’toujours garder espoir ?! Bah c’est c’qu’elle fait ! Car dans la vie, on n’abdique pas !

Et au moins, si elle ressort de l’eau, elle s’habillera avec des vêtements secs.

Ou peut-êt’e qu’elle veut mourir à l’aise… Quand l’heure arrivera, mes p’tits pirates, soyez sans gène, n’faites pas d’chichi, et soyez cools !


Une fois en sous-vêtements, de couleur noire, elle monta sur le bord du bateau et récita une prière qu’elle seule put comprendre. Le Capitaine se demanda si elle ne répondait pas mentalement à la Générale licorne. Elle fléchit les genoux et s’apprêta à sauter, lorsque contre toute attente, la voix du Capitaine résonna une fois encore. Stoppée dans son élan, elle arrêta net son mouvement.


– Je suis le Capitaine pirate et par le pouvoir ancestral...

– Pourquoi ancestral ? le coupa la Commandante.

– Je ne sais pas, ça fait prestigieux, non ?

– Moui, admit-elle sans grande conviction.

– Et s’il vous plaît, laissez-moi finir d’une traite, sinon ça va faire un peu nul.

– Bon, faites !

– Je suis le Capitaine pirate et par le pouvoir ancestral que ça m’occasionne… m’apporte ? m’occasionne ? Qu’en pensez-vous ?

– « me donne », restons simple.

– Je suis le Capitaine pirate et par le pouvoir ancestral que ça me donne… non, m’apporte !

– Alors la prochaine ne me demandez plus !

– Je suis le Capitaine pirate et par le pouvoir ancestral que ça m’apporte, je te demande de ne pas sauter. Les plaidoiries ont été éprouvantes. Les punitions auraient pu être exemplaires. Tous deux - le Capitaine désigna la femme et son pirate - étiez prêts à vous sacrifier pour faire avancer notre cause commune ! Votre dévouement et votre loyauté à nous servir sont admirables. Je m’émerveille devant tant de bravoure.

– C’est encore long ?

– Non, s’il vous plaît, encore un peu de patience.

– Pfff, reprenez.

– Je suis le Capitaine pirate et par le pouvoir ancestral….

– Pitié ! Pas depuis le début !

– D’accord, d’accord, ne vous énervez pas, je pensez que vous vouliez...

– Non, non, ne retournons pas sur le terrain de ce que je désire. Je suis la seule à savoir ce que JE désire.


Sans s’attarder plus, le Capitaine reprit :

– Je ne conteste plus le fait de réparer les torts. Il est incontestable qu’ainsi nous pourrons repartir sur de bonnes bases saines. Nous formerons de cette façon une parfaite famille unie. Ce n’est plus à prouver les torts ont été grands de chaque côté. Vous me suivez toujours ? Parce qu‘en fait j’ai un peu perdu le fil…

– Cela est loin d’être un discours mémorable, mais oui, j’arrive à vous comprendre.

– Donc, vous avez perdu une femme d’équipage, nous avons perdu une épée que l’on considérait comme unique, comme étant notre bien le plus précieux, une épée que l’on pourrait comparer à un enfant, une épée qui…

– Vous n’en finirez donc jamais de parler.

– Pas si vous me coupez sans arrêt, arrêtez !

– Je ne vous coupe plus.

– Une épée qui… telle une enfant chérie… l’épée pareil que l’enfant… s’embrouilla le Capitaine.

– C’est bon, c’est bon, j’ai cerné l’idée !

– Aujourd’hui, moi, le Capitaine pirate, je te gracie femme. Rhabille-toi et retourne vers les tiennes.

– Quels droits pensez-vous avoir pour ordonner cela ?

– Je suis le capitaine et j’ai le pouvoir ancestral. Ah ah, même vous avez dit : « moui » !

– Vous trichez, vous n’aviez employé "ancestral" que pour vous donner de l’importance, pas pour vous en servir.

– Moui... admit-il à contrecœur. Alors disons que puisque vous avez évoqué la famille, j’en suis un peu le père. Au nom du père, ma fille, mon esprit saint te gracie.


La femme le regarda, indifférente.


– Je sauve ainsi ta vie ! Rhabille-toi et va-t-en.


La femme resta imperturbable.


– Qu’attend-elle ? Pourquoi ne bouge-t-elle pas ?

– Elle attend que ce soit moi qui le lui dise, expliqua la Commandante.

– Alors, s’il vous plaît, pourriez-vous le lui dire ? demanda le Capitaine en prenant soin d’y mettre les formes.


La Commandante hésita.


– S’il vous plaît ! C’est moi le père quand même ! Qu’on en finisse, s’agaça-t-il.

– Rhabille-toi.

– Merci.

– Ne croyez pas qu’on soit quittes.

– Bien sûr que si ! Nous avons pris une vie, je viens d’en sauver une, un moins un égal zéro, zéro veut dire qu’on est quittes. Il n’y a plus de tort pour vous. Nous avons encore notre épée disparue mais puisque je viens de prendre la décision d’être un saint en épargnant votre femme, je ne demande plus réparation. Voilà, voilà, au nom du saint père que je suis, je déclare les torts réparés. Messieurs, retournez au bateau. Vite vite vite vite.

– Ah que non non non non ! Vous ne pouvez pas tout conclure comme cela ?! décréta la Commandante.

– Si si si si, voyez, c’est fait ! Allez, ne me remerciez pas. Vous aviez raison il faut régler les problèmes. C’est réglé et je suis fort content qu’on soit d’accord sur ce point.

– Je…

– Vous avez des doutes ? Non, quand même ?! Ah si, je le vois à votre visage. N’en ayez pas, une femme est morte, une est sauvée, le tort est réglé, tout est une question d’équilibre. Vous même l’avez dit. Nous attendrons vos ordres dans notre bateau pour le voyage.


Le Capitaine partit rapidement. Il ne désirait pas laisser réfléchir la Commandante qui, décontenancée par la solution trouvée, resta pantoise et silencieuse.


Bah voilà, mes p’tits pirates, vous avez pu voir qu’en réfléchissant vite, en brouillant les pistes avec des raisonnements biscornus, en s’montrant sûr de soi et plein d’assurance, et en n’donnant pas l’temps d’la réflexion à l’autre, tout comme le Capitaine l’a fait, on peut aisément et rapidement se sortir de situations délicates.


Qu’est-ce que tu veux Gigi ? Non, il n’y a pas de maman qui tienne.

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