0 - Prologue

6 minutes de lecture

Venez, entrez mes chers enfants.

Venez que je vous raconte cette formidable, extraordinaire, que dis-je, envoûtante et stupéfiante histoire !

Allez, entrez, n’ayez pas peur. Allez ! Je n’vais pas vous manger. J'n’ai d’ailleurs jamais mangé personne… Du moins pas entièr'ment…

Bah oui, pour tout vous dire ça m’est arrivé une fois, mais c’n’était pas un enfant et c’était il y a bien longtemps. J’y avais été obligée ! Rassurez-vous, je n'recommencerai jamais, j’n’ai pas aimé. Pas trop. En fait quand j’y r’pense, il était assez goûtu… mais non, non non non non non, je n’suis pas une cannibale ! Ah ça, non !

Tiens, une p'tite morale : il ne faut pas manger les êtres humains, cela n'se fait pas. Il y a beaucoup d’choses que l’on peut engloutir, déguster, picorer, consommez comme vous l'voulez, mais ne vous nourrissez pas de qui qu’ce soit !

D’ailleurs, vous n’avez pas envie d'croquer quelqu’un, si ? Non, hein ? Ouf ; mais je l’savais, je l'savais qu’vous n’étiez pas des animaux sauvages, j'vous ai flairés, dès votr' entrée, et j'ai su qu'vous étiez des enfants normaux... qui s'alimentent, exclusiv'ment j’en suis sûre, que d'bonbons.

Alors, hormis les cannibales, pourriez-vous me dire qui mange les hommes ? Les animaux... oui, c'est facile, j’viens de l’dire : les animaux sauvages. Mais pas tous. Lesquels peuvent nous becqu'ter ? Les lions, qui a dit les lions ? Bonne réponse, ça. Vous verriez la vitesse à laquelle ils dévorent les gens, c’est impressionnant. Il faut assister à ça au moins une fois dans sa vie, j'vous l'garantie, c'est génial ! Attendez quand même d’êt'e un peu plus grand, ça pourrait sinon vous rend'e végétarien ; y’a rien d'pire qu’un végétarien.

C’est quoi un végétarien ? Un choix d’vie étrange, d'une personne qui r’fuse de manger d’la viande. Vous vous rendez compte ? S’passer d’viande ! C’est si bon, la viande, rouge, juteuse, ou bien cuite, à point, odorante… Bref, c’est comme si d'main vous deveniez plujoutarien et qu'vous r'fusiez d’jouer. Étrange, non ?

Moi, pour "qui mange les hommes", j’aurais dit un requin. C’est terribl' un requin qui avale quelqu'un. J’ai déjà vu des hommes tomber à l’eau… Ok, pour êt'e franche, ils n'y sont pas tombés tout seuls, on les a un peu aidés à sauter... si on peut dire. Et c’n’étaient pas toujours des "hommes", j’disais ça pour êt'e généraliste. Des fois y’avait aussi des femmes. Et oui, vous l'avez compris : ou des enfants. Oui, fille ou graçon, à c'niveau là on n'chipote plus.

Soyez rassurés, ça restait exceptionnel, j’sais qu’beaucoup d'entre vous sont trop choux pour êt'e balancés par dessus bord. Restez chou ! Tout ça pour dire, qu'nous les pirates, c’est comme ça qu'on traitait nos ennemis, en les j’tant à l’eau.

C’était assez marrant, sauf quand les requins jouaient les princesses difficiles et n'pointaient pas l'bout d'leur nez ! Bah ouais, la plupart du temps les élus s’contentaient d'se noyer après d'longues minutes, heures, journées, passées à flotter. Des fois, et c’était encore moins drôle, ils mourraient simplement frigorifiés ; l’eau n’est pas toujours chaude. Quoiqu’il en soit, comme nous les pirates on n'est pas des barbares, tous avaient une chance de s’en sortir, et certains ont pu trouver une île. Il ne faut jamais désespérer. Bon, il est arrivé qu'ce soit une île de cannibales, ou d’animaux sauvages, tels des lions, imaginez alors c'qu'ils sont devn'us...

J'suis sûre qu'ils en ont r'gretté l'requin, au moins avec lui, quand il était là, plus que marrant, ça dev'nait hilarant. Tout d'abord, le requin, il s'annonce. Il sort de l'eau son ail'ron, c'qui donne de suite le ton. Il tournicote, sent sa proie, et puis d'un coup fonce vers elle à toute vitesse. Là, c'est chouette, le nageur en plein milieu d'l’océan panique, bouge dans tous les sens, supplie qu’on l’remonte, gesticul' et essaye de faire du bruit pour apeurer l'requin ; mais rien n’y fait, ça n’a pas peur un requin. Une fois proche, l'animal aime à tourner en rond, certain'ment pour contenter son public. Oh, qu'est-ce qu'on les adorait ses p'tits cercles. Donc il prend son temps, cool, tranquille, pépère, pas pressé, puis subit'ment, il se décide et donne un p’tit coup d'dents ; juste pour entailler une jambe. C'est souvent la jambe, souvent la droite. C'est comme ça, les requins aussi ont des préférences, ou des habitudes, j'sais pas trop. Le sang commence donc à couler, le nez du requin frémit, hume, et... et là ça fait tilt ! Le requin, il devient complèt'ment fou et se jette sur sa victime ; qui hurle. Et v'là t'y pas qu'ça éclabousse, qu'ça saigne, du bon sang noir, qu'parfois ça gicle et qu'des morceaux s'détachent. Faut dire qu'avec ses dents ultra-coupantes, il déchiquète tout, l'requin. C'est ultra beau à voir, c'est limite de l'art.

Qu'est-ce que vous avez à m'regarder avec vos yeux grands ouverts ? Pfff, ok, je n'vais pas vous horrifier tout d'suite, oubliez tout et disons que l'baigneur est gobé d’une seule bouchée. Voilà, gobé, sans souffrance. Et sans saigner. Et même mieux, il vit heureux dans l'vent'e du requin.

Voilà, vous gobez tout ça, on dit qu'personne ne souffre, que l'requin s’régale et qu'après tout, il faut bien qu’il mange. Et j’répète : il n’y a pas des requins partout, vous pouvez donc continuer à vous baigner tranquill'ment. Mais n'faites pas de surf ! Et surtout n'vous baignez pas dans les lacs ! Y'a souvent des crocodiles, dans les lacs.

Bon, assez d'tous ces animaux ! J'vous la raconte, oui ou non, mon histoire de pirates ?

Il était une fois, lorsque j'vivais au temps des pirates...

Quoi ? Ça y est, c'est pas vrai qu'ils vont m'couper la parole à tout bout d'champ !

"Tout bout d'champ", c'est une expression pour dire sans arrêt. Mais va falloir qu'ça s'arrête très vite, j'vais pas supporter, moi ! Vous v'là prév'nus. 

Donc, quoi ? Comment ça j’dois êt'e vieille ? Comment ça c’est impossib'e que j’ai pu connaît'e les pirates car ils ont vécu il y a bien trop longtemps ?

Alors, sachez tout d’abord que oui, je suis âgée, mais que non, je n’suis pas vieille. Puis premièr'ment, on n’dit jamais ça à une femme ! Et deuxièm'ment, ai-je l’air vieille ? Attention, l'premier qui dit oui va êt'e l’enfant exceptionnel... Pfff, suivez ! Celui qui dit "oui" finira à l'eau.

Ensuite, tout est possib'e, si vous êtes venus chez moi, c’est bien pour écouter une histoire magique de pirates, non ? Et bien voyez-vous, qu'ça vous plaise ou non, j'connais très bien les pirates, car j’en étais une ! Si ! Je sais aussi qu’la magie et les mondes féeriques existent. Tout n’est pas comme vous l’croyez. Autour de vous il y a beaucoup d’choses que vous n’voyez pas. Des fois les adultes ou vos parents vous diront qu’vous rêvez, qu’vous avez trop d’imagination, qu’ceci ou cela n’existe pas. Mais les mondes extraordinaires et les êtres légendaires sont là, tout autour de nous. Si, oui, tout autour de nous.

Allez, allez, installez-vous confortablement pour que cette histoire commence :

Il y a longtemps, fort longtemps, vivait un vieux pirate. On l’appelait le Capitaine Borgne. C’était un très méchant pirate, menteur, rusé et redoutable. Il est devenu riche, fortuné, friqué, à force de combines et de vols. Oui, il en a ravi de l’or, il en a pillé des... vilains, pour au final posséder bien des trésors !

Au tout début de cette histoire, il n’est pas encore riche. Il n’est d’ailleurs pas encore si âgé. Il se fait simplement appeler "Capitaine" et est même presqu’encore un peu gentil ; oui, bien sûr il vole déjà les autres, mais après tout c’est un pirate. Il est le capitaine d’un bateau et quelques hommes ont accepté de naviguer avec lui.

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