XII

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Lorsque je revins à mes esprits, je voulais me relever (j’étais allongé par terre), mais je ne pus car j’avais une partie de mon corps (mes deux jambes) ensevelie sous une grosse pierre. Je ne ressentais plus mes deux membres inférieurs mais je ne souffrais pas. Je regardais alors ce qu’il se passait autour de moi. A ma gauche, je trouvais des cadavres dans un tel état que je n’aurais pas pu déterminer leurs sexes. Je ne voyais pas très bien ce qu’il y avait devant moi (je n’arrivais à rien discerner car il faisait nuit). Quant’ à ma droite, tout proche de moi, je voyais le roi qui allait parfaitement bien. Comme il l’avait annoncé, l’explosion ne lui avait rien fait — ou alors il avait subi des blessures mais il s’était guéri — et il était assis sur un rocher comme s’il attendait que quelque chose se produisait. Il ne semblait ne pas y avoir d’autres survivants à part le roi. Je réessayais une nouvelle fois de me lever, mais cette maudite roche m’empêchait de me mouvoir.

Je demandais alors à mon souverain de l’aide pour enlever cette roche. Il me répondit :

—Te voila enfin réveiller. Quel est ton nom ?

—Tu ne peux — je voulus d’abord lui rappeler de m’aider, mais quand je dis ces mots, je me rendis compte que c’était inutile de les répéter — Ales, fils d’Abba.

—Ales, Ales, ce prénom me dis quelque chose. Ça te dit quelque chose, ceci ? — Il me montra une clé qui était semblable à la mienne ; je sortis celle que je possédais qui se trouvait dans ma poche et que j’arrivais à sortir dans un geste lent, mais précis — Je vois, tu as le numéro trois… J’ai le numéro un. J’ignore s’il y a une signification, mais je compte bien la découvrir. Lance la moi !

Je fis un non de la tête que j’allai puiser dans les dernières forces que j’avais puisqu’après, je laissai ma tête se reposer sur le sol (de toute de manière, j’étais épuisé et je n’aurais pas pu la laisser surélevé). Contrairement à la réaction à laquelle je m’attendais (qu’il se mettais en colère et qu’il essayait de me prendre la clé de force, ce que je redoutais), il rigola, mais ce n’était pas un rire classique comme lorsqu’on rit suite à une blague, c’était un rire soudain, qu’il ne contrôlait pas (il essayait de le cacher, mais c’était en vain), et qui ne transmettais pas ce qu’il voulait dire son visage dont on pouvait lire ses traits sévères entre deux bouffées de rire. Il m’hurla :

—Alors comme ça tu résistes à mes ordres ? On aura tout vu dans ce monde ! Mais je ne peux pas te laisser en vie !

Je l’entendis descendre du rocher sur lequel il était et il s’approchait de moi. J’étais démuni et à sa merci. Et quand il fut proche de moi, j’essaya de gagner un peu de temps :

—Pourquoi fais-tu tout ça ? — Il s’arrêta, je lui avais attiré l’attention, mais maintenant il fallait la garder — Je veux dire, pourquoi veux-tu exterminer l’humanité ? C’est vrai que, nous autres, pauvres humains que nous sommes, nous ne sommes que des — j’hésitais plusieurs instants sur le terme que j’allais employer — êtres magnifiquement imparfaits — J’insista sur ses trois mots —, mais nous méritons de vivre.

—Des êtres magnifiquement imparfaits ? Tu n’as pas totalement tort, mais tu oublies un détail important, comme tous les « êtres magnifiquement imparfaits », tu penses à ta vie, comme la chose la plus importante qu’il existe. Tu n’es qu’un égoïste, tu ne mérites pas de vivre, pas plus qu’un autre d’ailleurs.

—Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

—Je… — il cherchait ses mots en regardant en haut — Regarde le ciel, vois-tu ses magnifiques points lumineux qu’illumine la nuit si sombre — J’acquiesçais ; il avait raison, j’en avais oublié cette beauté inaccessible — On m’a montré une ville où de la fumée noirâtre sortait des cheminés de tous les bâtiments de la nuit — ce qu’il me racontait me rappelait étrangement l’histoire écrite dans la Bible —. Il y avait tellement que l’on ne pouvait plus observait cet incroyable spectacle. On m’a raconté qu’il existait des centaines villes comme celle-ci. Mais heureusement, grâce à un homme, le même qui m’a montré cet horreur, Vivus, cet épouvantable carnage cessa. Mais dans l’histoire, qui, à ton avis, à le plus subit ?

Qui ? Les hommes étaient la réponse la plus logique qui me venait à l’esprit mais, voulant faire durer les choses le plus longtemps possible, je faisais mine chercher une réponse pendant un assez long moment, ce qui agaça le roi. Je lui dis alors ma conclusion et il me corrigea dès que j’avais dit ma réponse :

—Toujours cette même réponse. Non, la première victime et la seule — il serra son poing tellement fort que je voyais ces veines sur le dos de ses mains —, c’est la nature, les animaux, les plantes, les arbres, eux, ils n’ont pas demandé de mourir, ils n’ont rien demandé à personne et pourtant — il fît une pose —, les êtres magnifiquement imparfaits l’ignorent comme si ces êtres, qui sont magnifiquement parfaits, ne valaient pas plus que ce malheureux cailloux — il ramassait un cailloux qui me montra.

Maintenant que j’avais le fond de sa pensée, je n’y adhérais pas et je lui expliquai pourquoi :

—Mais tout ça mérite vraiment d’exterminer l’humanité ? Parce que…

—Tu ne peux pas comprendre la douleur de la nature. Cette ville que j’ai vue, j’y étais allé grâce à Vivus. Cette ville appartenait au passé et Vivus m’a montré le passé, à quel point l’humanité a commis des erreurs en mettant la nature de côté. Mais nous devons apprendre du passé et ne pas commettre les mêmes fautes que nos ancêtres, pourtant…

—Pourtant notre monde vit en harmonie avec la nature, l’interrompis-je en espérant que cela l’impactera.

—Non, tu ne comprends pas, ta vie n’est qu’illusion — il se mit à pleurer —. Notre pays, oui, l’harmonie entre ces deux entités est réelle, mais, il existe un autre pays en dehors du notre, au-delà des montagnes. Et celui-là — Il ne put terminer sa phrase et il baissa sa tête afin de sécher ses larmes —. Alors, comprends-tu ma douleur, qui n’est rien comparé à celle de la nature. L’histoire de notre monde n’est qu’une boucle sans fin de malheur intemporel. Alors, dit-il en tendant sa main dans ma direction, que dirais-tu de m’aider à accomplir cette tâche ?

L’homme au fabuleux plan d’extermination voulait mon aide. N’avait-il pas voulu me tuer il y avait quelques instants ? Menteur, voilà ce qu’il était. En plus, je n’avais aucune volonté de collaborer avec lui. Certes, ce qu’il venait de me communiquer semblait sincère et son combats restait noble, mais de là à exterminer l’humanité, il y avait un sacré bond à faire. C’était pourquoi je refusai sans réfléchir son offre, lui disant que je préférais mourir, plutôt que l’aider à atteindre son but. Voyant que la discussion se terminait, je fermai les yeux, attendant qu’il fasse ce qu’il avait à faire et ce à quoi je m’attendais. Je revoyais ma courte vie défilait devant moi, mais lorsqu’il mit sa main sur moi, et que je me sentis perdre connaissance, il ne fît rien. Mieux, et surtout plus improbable, il s’en allât sans que je compris pourquoi. Et juste après, je m'évanouis.

Quand je repris mes esprits, j’avais du mal à ouvrir les yeux — il fallait qu’ils se réhabituaient à la lumière. Je relevais ma tête et d’après ce que je voyais, j’étais dans un bâtiment. Une jeune femme était assise à côté de moi sur une chaise. Quand je laissai ma tête retomber sur l’oreiller, cela fît un bruit peu audible que remarqua aussitôt la femme. Elle me dit :

—Oh, vous voilà enfin réveiller. Restez allongé et tout ira bien.

Aller bien ? Je venais d’assister à une hécatombe, je me suis entretenu avec un dégénéré et mes jambes étaient… Mes jambes ! Je relevai, malgré la tentative infructueuse de cette jeune femme, le drap de mon lit et je découvris que mes deux jambes n’étaient plus. « C’était la seule chose à faire, m’expliqua-t-elle. Je ne réagissais pas. A quoi bon, ce qui était fait était fait, on ne peut pas changer le passé. J’allais passer le suite de ma vie dans un lit ou dans une chaise. Une bien triste vie, mais une vie semblable à celle de ma sœur. Je n’eus pas le temps de m’apprêter à me morfondre sur mon sort qu’elle prit la parole avec un léger zézaiement :

—Il ne faut pas regarder, monsieur, on raconte que ça fait plus mal si on y pense.

Je me tournis vers elle je dis :

—Vous me demandez de faire comme si j’avais mes deux jambes ? Pourtant, elles ne sont plus là.

Elle se mit à faire de grands gestes horizontales et brusques avec ses mains et s’excusa de maintes reprises. « Pardon, monsieur, je ne voulais pas dire ça. Désolé de vous avoir offensez. Je vous prie de m’excuser. Je ferais plus attention à l’avenir » avait-elle dit sans s’arrêter en répétant ses quelques phrases un grande nombre de fois comme si les dire plusieurs fois l’excuser davantage. Mon intuition — autant pathétique fut elle — trouva que cette femme était niaise. Non, elle n’était pas méchante — elle était tout le contraire — mais elle était sotte.

Je lui demandai de me laisser me reposer car je ne voulais pas avoir de compagnie. J’avais besoin de faire le point sur ma vie. Je ne savais pas ce qu’était devenu le groupe, ni si Adonis avait choisi de vivre. Et j’étais emprisonné dans ce lit, dans l’incapacité de marcher. Pour la deuxième fois de ma vie, je me demandais si mourir n’était pas la meilleur des solutions. Mais avant tout ça, je voulus d’abord savoir ce qu’était advenu de mes amis.

Dans la chambre dans laquelle j’étais, il y avait deux autres lits vides qui appartenait à d’autres rescapés de la tragédie, mais qui avaient succombé à leurs blessures peu de temps avant que je me réveille. Les journées étaient bien longues.

Je restais dans cette chambre pendant plusieurs mois. Au début, je n’étais pas très amical envers cette femme, mais au fur et à mesure, je m’ouvris à elle. A tel point que ma seule occupation — si l’on pouvait appeler ça « occupation » —, c’était la venue de cet jeune femme dont le ballet incessant entre la chambre et l’extérieur pour aller chercher de l’eau était devenu mon « jeu » parce que j’essayais de deviner lorsqu’elle allait rentrer. Il ne fallait pas être un savant un psychologie pour savoir que j’étais tombé bien bas. Pourtant, je n’étais pas triste, je n’étais pas vraiment heureux non plus, mais à chaque fois qu’elle entrait dans la chambre, je souriais discrètement. Nous discutions de nos vies, de la pluie et du beau temps, ainsi que de choses et d’autres. La conversation ne volait rarement très haut, mais parler, juste PARLER à quelqu’un, ça vous procure des bonnes ondes. Je ne voyais jamais d’autre personne, c’était à croire que nous étions les seuls ici. Je n’osais pas aborder la question. Je ne voulais briser cette bonne entente entre nous deux.

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