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On m’informa aussitôt, une fois qu’ils étaient sûr que j’allais bien, que nous irons faire des repérages pour l’opération qui se déroulera dans deux jours. Je m’occuperai, avec Kassianos, Sakis, Spyros, Babis et Haris, de libérer les prisonniers au sous-sol. Les autres s’occuperont d’aller poser les explosifs. La matinée passa assez vite et l’après-midi aussi. J’étais très attentif aux conseils et aux instructions : je ne voulais pas les décevoir, eux qui avaient planifié le plan depuis pas mal de temps.

Le soir, nous avions droit à un superbe repas préparé par Spyros et Ivonni (une femme d’environ vingt-cinq ans qui était marié à Spyros). Puis, nous avions fait la fête. Selon eux, c’était un sort de rituel afin d’attirer les bonnes ondes et la chance avec nous. C’était Makis qui me l’avaient expliqué. A son village, les oracles organisées très souvent des fêtes car cela permettait de partager du bonheur et que le bonheur entrainait la chance et la chance la réussite.

Nous avons veillé jusqu’à très tard dans la nuit. Quand je me suis réveillé, la journée avait déjà bien débuté. Et on fit la même routine que la veille : on refaisait une dernière fois le plan afin que tout soit bon et nous nous couchions de bonne heure : une longue journée nous attendait demain.

Nous nous sommes tous réveillé très tôt. Il faisait encore nuit. Nous avons mangé rapidement puis nous avons enfilé nos vêtements : des manteaux avec des capuches afin de dissimuler nos visages. Lorsque nous sommes sortis, un vent glacial, prémices d’un hiver froid, soufflait dans les rues étroites de Décapole. Heureusement que nous avions nos capuches afin de nous abriter. Quand nous approchions de l’Arène, Makis avait, une dernière fois, réexpliqué le plan. Nous déclencherons la plan une heure avant le début des festivités (si on pouvait appeler ça ainsi). En attendant, nous nous blottissions entre nous afin de nous réchauffer.

Deux heures avant le début, nous patrouillions tout autour de l’Arène. J’étais avec Spyros et Ivonni. Nous avions vu le cortège dans lequel devait se trouver la reine. Nous étions juste à côté d’elle. Je ne l’avais jamais vu et je ne la verrais certainement jamais, hormis peut-être que je verrai son cadavre.

Une heure et quart avant le début, lorsque nous passions devant l’entrée de l’Arène, je remarquai qu’Anthi, la grand-mère qui m’avait fait visiter la ville, y entrait. J’aurais tant voulu lui demander de ne pas entrer, mais je ne pouvais pas le faire sans compromettre le plan.

Comme prévu, vers une heure dix avant le début des festivités, nous nous retrouverons avant de nous séparer. Mais Makis, tout essoufflé, nous informa que l’heure du début a été avancer à la dernière minute, certainement une volonté du souverain. Sans attendre, nous commençons l’opération. Avec les hommes (sauf Makis, le nain), nous entrons dans l’Arène. Sakis nous guidait car il connaissait les lieux. D’abord, nous faisions la file où des soldats nous fouillaient. Nous passions sans problèmes ce passage car nous n’avions pas d’armes.

Ensuite, nous faisions mine d’aller vers les toilettes afin de nous séparer de la foule et d’aller au sous-sol. Pour cela, nous traversons un couloir et nous passions devant les toilettes sans nous arrêter. Puis, à la fin du couloir, un garde y étant stationné nous demande de faire demi-tour. Sakis, qui menait la marche, lui envoya son poing dans sa face, lui faisant exploser son nez où du sang coulait par terre.

Derrière le couloir, il y avait une grande pièce. Il y avait trois couloirs qui partaient d’ici, ainsi que des escaliers. C’étaient ces derniers que nous devions prendre afin d’aller au sous-sol. Là-bas, nous devions libérer les prisonniers et ouvrir la trappe qui permettra aux femmes qui avaient les explosifs d’entrer. Dans la pièce dans laquelle nous nous trouvions, il n’y avait personne. Nous cachions le corps du soldat dans un coin et trois hommes (Spyros, Babis et Kassianos) restèrent chacun derrière un mur qui était juste à côté d’un des trois couloirs afin que, si un soldat venait à passer par là, ils pourraient l’assommer aussitôt. Quant à Sakis, Haris et moi (les trois hommes les plus fort du groupe), nous descendions les marches de l’escalier. Juste avant ça, Haris avait pris les habits du soldat et les avait enfilés rapidement. Là-bas, les choses sérieuses commenceront.

Sakis descendait en premier ; il avançait marche après marche en essayant de faire le moins de bruit possible. L’escalier était en demi-tournant. Jusqu’à arriver au palier intermédiaire, il n’y avait rien à signaler. Il nous avait fait un signe de la main pour que nous le suivions pendant qu’il jetait des coups d’œil sur ce qu’il se passait en bas. Après avoir regarder et analyser la situation, Sakis nous chuchota : « Je vais me faufiler jusqu’à ici — il pointait avec son doigt le derrière d’un gros tonneau — et toi Alès, tu iras là-bas — il me pointa un autre tonneau qui était juste à côté du premier. Haris, tu iras voir les autres soldats qui se trouve derrière et tu les ramèneras près de nous deux et nous occuperons à les assommer. Prêt ?

Sans attendre notre réponse, Sakis descendit les marches en étant accroupi (c’était très bizarre de le voir si petit alors qu’il était naturellement grand) et sans éveiller les soupçons, il arriva jusqu’à son objectif.

J’étais le suivant. Mon cœur battait très vite car je voyais au loin quelques soldats qui gardaient les lieux. Ils devaient attendre les ordres pour faire parvenir les prisonniers jusqu’à la surface où ils devraient combattre. J’en voyais un qui regardait avec insistance dans notre direction. Peut-être avait-il entendu du bruit ? Certainement car il s’était levé et se dirigeait vers nous. Moi, je n’osais plus regardais, de peur qu’il me remarque une bonne fois pour toute et qu’il alerte les autres. Ils étaient en tout huit pour garder le sous-sol. Je résumai à Haris la situation et me dit que s’il venait jusqu’ici (où nous nous trouvions), on l’assommerait aussitôt et on cacherait son corps en haut. J’espérai, au fond de moi, que tout se passe comme il venait de me dire, mais ce serait trop beau pour être vrai.

J’entendais le bruit de ses sandales résonnaient jusqu’à parvenir dans mes oreilles et ce bruit s’intensifiait à mesure qu’il avançait, augmentant par la même occasion mon pou. Finalement, je l’entendis monter l’escalier. Nous nous positionnions comme l’avait dit Haris : je me mis derrière lui, prêt à bondir sur le soldat.

Dès qu’il se montra à nous, Haris se jeta sur lui, le pris par les épaules et le monta jusqu’au palier. Moi, je lui assignai plusieurs coups avant même qu’il puisse émettre le moindre bruit. Haris le mis par terre et j’enfilai ses vêtements. Ensuite, nous descendions ensemble l’escalier où nous apercevions du coin de l’œil Sakis qui était toujours derrière le tonneau. Sakis, qui était bien plus intelligent de ce qu’il laissait croire, nous rejoignit et mis ses mains derrière le dos en hurlant : « Relâcher-moi ! Relâcher-moi ! ». En un échange de regard entre Haris et moi, nous comprenions le plan de Sakis : il allait se faire passer pour prisonnier afin de nous laisser approcher sans risque les soldats. Pour accentuer le réalisme de la scène, je le frappai gentiment à la tête en lui demandant de la fermer. Cela faisait rire les autres soldats. Génial, il tombait dans le panneau, pensais-je alors. Mais je me trompais. Tous ne rigolèrent pas, l’un d’entre eux — un homme était assez âgé pour un soldat et avait un large front remplis de rides —, gardait son sérieux et nous demandait de nous arrêter. Les autres soldats ne semblaient pas comprendre, nous non plus. Il nous questionna :

—Où sont vos armes ? Si vous venez de dehors, l’endroit où vous l’avez arrêté, vous devez avoir vos armes, où sont-elles passées ?

Ne sachant pas quoi répondre, nous répondions de la pire des manières : nous nous taisions. Ce soldat nous lança un ultimatum : « Quel est le code de l’armée ? ». Bien sûr, nous ne le sachions pas. Alors, nous ruâmes vers eux, prêt à en découdre. Ce soldat hurla : « Intrut, Fríxos, Tovias, avec moi, les autres, aller chercher vos armes ». Les gredins, ils en laissaient trois pour nous occuper pendant que les autres allaient s’équiper.

De part et d’autre du couloir qui nous emmenaient vers nos ennemis, il y avait plusieurs cellules dans lesquels étaient entassés des futurs combattants malgré eux. Comme prévu, j’hurlai : « Lancement de l’opération ! ». Ce signal, que nous avions prévu avec les le groupe, signifiait que nous combattions et que nous avions besoin d’aide. Ainsi, ceux qui se trouvaient au-dessus, devaient descendre pour nous épauler. De plus, trois femmes (Roula, Irida et Kalomira) aller forcer la trappe qui était au-dessus et qui donnait sur une cellule. Comme ça, elles pourront nous faire parvenir des armes et essayer de casser les barreaux.

Mais nous n’avions pas le temps de nous préoccuper d’eux, en face de nous, il y avait trois soldats prêt à nous tuer. Je m’occupais de celui qui était à droite, Haris celui du milieu et Sakis du soldat le plus à gauche. J’avais foi en eux comme j’avais foi en mon corps : je sais qu’il me permettra de battre l’homme qui se tenait à quelques mètres de moi.

Toute ma concentration se focalisa sur ce bonhomme— un grand gaillard musclé — ; je ne voyais plus que lui, le reste avait disparu. Il avait mis ces deux poings en avant, protégeant sa tête par la même occasion. Je pris la même position et je commençais à sautiller pour m’approcher petit à petit de lui. Il avançait également vers lui. Contrairement à lui, je n’avais pas reçu de formation et je n’avais jamais combattu ; clairement, je partais perdant. Mais cette idée ne m’avait même pas traversé l’esprit : j’étais sûr que j’allais le battre, l’assommer car c’était une obligation pour le groupe, mais surtout pour Haris et Sakis qui se battaient également de toute leurs forces. Je devais le battre, il n’y avait aucune autre option.

Lorsque nous arrivions chacun à portée de l’autre, le temps s’arrêta comme s’il retenait son souffle avant la tempête, présageant le pire pour l’un ou l’autre combattant. Nous nous observions, attendant un erreur de l’autre afin de porter le premier coup qui serra, sans nul doute, un facteur clé de cette confrontation car il prendrait l’avantage psychologique sur l’autre.

Je fus le premier à tenter d’attaquer. Bien que sa garde était parfaite et que je ne voyais aucune faille, je ressentais une étrange pression qui me forçait à agir. Mais il balaya avec tant de facilité mon coup que s’en était presque navrant pour lui de se battre contre un adversaire si faible que je suis. Mais je ne me décourageais pas pour si peu, j’essayai de la frapper avec mon poing gauche, mais qui termina lui aussi dans sa garde. Avec mes deux mains qui laissaient un boulevard pour ses poings, je m’attendais à subir son offensif. Et effectivement, il se jeta sur l’occasion en m’assignant deux coups successifs, un sur ma joue droite et le suivant sur ma deuxième joue. J’y laissa quelques dents et je reculai de plusieurs pas tellement l’attaque était puissante. Je n’arrivais plus à voir clair et mes yeux voulaient se fermer, mais je luttais pour rester éveiller.

Cependant, il ne me laissa pas de trêve. Il revint aussitôt près de moi et m’affligea deux nouveaux coups que seul lui avait le secret. Cette fois-ci, je tombai par terre. Il était fort, trop fort pour moi. Je ne pourrais jamais le vaincre. J’étais juste faible et inexpérimenté au combat. Je voulais m’excuser auprès du groupe, mais avant ça, j’allais faire un petit somme…

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