IX

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Roula, qui était la femme que j’avais rencontré dans la rue et qui m’avais emmené ici, me montra le dortoir : des simples matelas entassé dans une pièce. C’était amplement suffisant, de toute façon, je ne comptais pas rester ici indéfiniment. Je m’allongeais sur le matelas qui m’était assigné, mais je ne pouvais pas dormir tout de suite, les six hommes présent dans la pièce — les hommes et les femmes étaient séparés — n’arrêtait pas de me poser des questions afin de mieux me connaître. Je leur racontai ainsi comment j’en étais arrivé ici. Ouais, j’avais finalement accepté le passé ; désormais, il n’y avait que le futur d’important.

On m’écouta sans m’interrompre et personne semblait indifférent, ils comprenaient ce que j’avais vécut parce qu’ils devaient avoir une expérience semblable à la mienne. Puis, tour à tour, ils m’expliquèrent ce qui les avaient poussés à rejoindre ce groupe. D’abord, ce fut Makis qui parla :

—Il faut savoir que c’est moi et Roula qui avons créé le groupe. Quand nous étions enfants, nous habitions à Silo, un village à quatre jours de cheval d’ici. Le village n’était pas bien grand, nous étions trois familles, la mienne, celle de Roula et une troisième, celle Nténis, un magnifique garçon. Ce qui faisait la fierté du village et sa renommée, c’étaient les nombreux oracles qui s’y trouvaient. Des gens de tout le pays venaient pour connaître leur futur. Mais un jour, la reine décida de rayer notre village de la carte. La putain de raison évoqué était que nous étions une bande de charlatans. Mais bien sûr, c’était pas ça la vrai raison, sinon pourquoi s’en prendre aux trois familles également ? Non, c’était parce que nous ne croyions pas au Phénix, c’était pour ça. Alors, la reine envoya l’armée nous capturer et bruler nos maisons. Avec Nténis et Roula, nous étions chez moi et nous mangions avec mes parents et mes deux grands frères. Quand l’armée a débarqué, ils… — Makis s’était mis à pleurer, mais il surmonta ses émotions et reprit — ils se sont sacrifiés, tous, pour nous sauver. Nous avons pu nous enfuir dans la forêt. Nous avons vu nos maisons brûlée, disparaître sans rien pouvoir faire. Nous pensions que nos familles avaient été tuer sur le moment, mais non ! Nous avons suivi l’armée jusqu’ici, à Décapole, et nous les avons vu organisé ce « spectacle » d’épuration. Nous avons fait l’erreur d’entré dans l’Arène et nous avons vu nos pères, nos mères, nos frères et sœurs et les oracles mourir. Nous pleurions, c’était la seule chose que nous pouvions faire. Mais Nténis ne put rester sans rien faire. Il descendit des gradins et courut vers le cadavre de sa mère. Les soldats l’ont tranché en deux. Je pris la main à Roula qui était tétanisée et on s’enfuit loin de ce massacre. Et quand nous étions afin à l’abri, je hurlais de désespoir, Roula de même. Mais je dis à Roula : « Nous nous vengerons, nous détruisons l’Arène et nous tuerons la reine et tous les soldats, il n’en restera aucun. Promettons-le-nous. ». Et c’est ainsi que pendant douze ans, nous avons réunis toutes ses personnes et amasser la matériel nécessaire. Dire que dans trois jours, notre but sera atteint, j’en palpite d’avance.

Makis me ressemblait énormément. Et je regardais les autres, eux aussi avait dû vivre la même chose. Puis ce fut au tour de Kassianos :

—Contrairement aux autres, je n’ai pas connu leur peine de voir un des leurs mourir. Mais si je suis ici, c’est avant tout pour me racheter des méfaits de mon père. C’est lui qui s’occupe d’organiser les combats ou plutôt le « spectacle », comme il l’aimait le dire. Quand j’étais enfant, il m’emmenait avec mes frères et sœurs, ainsi que ma mère pour nous montrer sa fierté. Comme il le répétait, grâce à lui et à ses mesures, l’Arène est complète à tous les mois. Et je devais subir chaque mois, chaque fois la même horreur, le même bain de sang. Et ma famille y prenait du plaisir, à chaque mort, à chaque cadavre, leur plaisir augmentait jusqu’à atteindre le paroxysme. Moi, je vomissais. Un coup, je m’étais enfuis et j’étais arrivé dans la prison au sous-sol de l’Arène. J’avais discuté avec un combattant. C’était une jeune femme d’une vingtaine d’année. Je la trouvais extrêmement belle. Dire qu’un si beau visage allait être teinter de rouge dans quelques instants, je ne pouvais pas la laisser mourir. Je lui demandais rapidement pourquoi elle était enfermée et elle me dit qu’elle est innocente. Il ne m’en fallait pas plus et je suis parti à la recherche d’une clé pour la libérer de la cage qui l’enfermait comme un oiseau. Je la dérobe facilement à un garde qui dormait et je la libère. Nous nous enfuyons de cet enfer main dans la main. Je lui souris et elle me le rendit. J’étais heureux, mais ce fut courte durée. Deux gardes nous barraient le chemin. Et alors que je me suis mit devant elle, comme ce qu’aurait tout homme devant protégé une pauvre femme sans défense, mais elle avait mis ses mains sur mon cou prêt à m’étrangler. Alors que je voyais ma vie défilait, je criais désespérément à l’aide et j’essayais d’appeler mon père. J’avais laissé échapper son nom et les deux gardes comprirent que j’étais le fils du gérant de l’Arène. Ils lâchèrent leurs armes et la femme parti avec moi. Quand nous étions dehors et qu’elle était libre, elle m’embrassa en guise de « cadeau » et elle partit en me disant « Si nous recroiserons un jour, je te dirai mon nom ». Je pensais que ce serai la dernière fois que je la verrai, mais le sort en décidé autrement. Elle s’était fait capturer dans le mois qui suivait et on l’emmena dans l’Arène. Mais, mon lien avec elle fut découvert. Mon père m’emmena au milieu de l’Arène et me donna un épée. Il me demanda de tuer cette femme. Plus je la regardais, plus je la trouvais belle. J’espérais tant qu’elle me dirait son nom, mais elle était devenue muette. Alors que je n’arrivai pas faire le dernier geste, la foule m’huait. Mon père me prit les deux mains et m’aida à faire ce que je voulais pas faire. Ce fut le jour le plus horrible de ma vie. Mais le mois d’après, le même cauchemar recommença encore et encore… Mais il y a deux ans, je n’en pouvais plus. Pendant une nuit, j’avais pris un couteau et je m’étais décidé à tous les tuer, mais je n’eu pas le courage de les tuer, ils restaient ma famille, après tout… Pourtant, je me suis enfui de la maison et j’ai rencontré Makis qui m’a accueilli dans ce groupe. Je ferais tout pour venger cette femme et tous les innocents injustement massacré. Et en plus, ma famille y sera, je ferais d’une pierre, deux coups.

Ensuite, ce fut Sakis, un nègre extrêmement robuste, qui me raconta son vécut :

—J’étais entré dans l’armée car je voulais y faire carrière. Mais lorsque j’ai découvert les méfais de celle-ci, les pots de vins, la religion omniprésente, les trafiques et plein d’autre chose qu’on ne soupçonne même pas, j’ai décidé de prendre ma retraite. Mais c’était impossible, il nous était interdit de quitter l’armée, on devait rester fidèle jusqu’à la mort. Mais, même si je me suis enfui, ils m’ont retrouvé et emmené dans l’Arène. Et, j’ai combattu et vaincu mes adversaires. La reine a salué mon combat et m’a demandé d’entrer dans sa garde personnel. En soit, j’avais pas vraiment le choix, soit j’accepté et je vivais, soit je refusé et on m’exécutait. Bien sûr, je suis devenu un des gardes personnel de la reine. Je la suivais partout, pour ses quelques déplacements car, le plus souvent et la majorité de l’année, elle restait dans son palais. Honnêtement, je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi grandiose. Et que dire de Libna, la capitale, c’était tellement beau, tellement riche, tellement… mais en tant que garde, j’étais traité comme du bétail et je n’avais pas le droit de profiter de cette magnifique ville. Oui, j’étais un esclave. Mais aspirant à ma liberté, je voulais m’enfuir, mais d’abord, j’avais essayé de tuer la reine, mais en vain. Tous les gardes lui étaient fidèles, car eux, étaient l’élite de l’armée, contrairement à moi qui n’était rien. Alors je suis parti et je suis retourné à mon ville de naissance, mais je ne me sentais plus à ma place. Mes parents ne m’avaient même pas reconnu et mes amis non plus. Alors, je suis parti à Décapole pour essayer de refaire ma vie. Et c’est là que j’ai croisais Roula et Makis et que je les ai rejoints. On va enfin pouvoir détruire l’Arène.

A écouter leur histoires, je devenais fou. Moi qui pensais que nous étions identiques, je me trompais. Ma vie était heureuse, pleine de joie comparé à la leur. Mais alors que Spyros et Babis, deux autres humains et Haris, un nègre, racontaient à leur tour leurs histoires, je n’écoutais pas, je ne pouvais pas supporter de les écouter. J’avais presque honte d’être ici, avec eux, dans cette pièce, à les regardé.

J’essayais de m’endormir, mais des démons me hantèrent. Je les entendais chuchoter à mes oreilles des bruits déstabilisant. L’un d’entre eux disait : « Veux-tu être complice d’un massacre ? Toi aussi tu deviendras un meurtrier ». Non ! hurlais-je. Je regardais autour de moi : je n’avais réveillé personne. Après, quand j’essayais à nouveau de dormir, je n’eus aucun problème pour me reposer.

Le lendemain matin, je fus réveillé de bonne heure par quelques rayons lumineux provenant de la fenêtre sur mes yeux encore à moitié endormis. Les six autres hommes dormaient toujours. Je décidai me rendre dans la salle commune. Il n’y avait personne. Je m’asseyais sur un fauteuil et je repensai à ce qui s’était passé cette nuit. Est-ce-que je serais capable de collaborer avec eux et de tuer des innocents. Aucune idée. Certes, comme l’avait dit Kassianos, ses gens qui venaient regarder et se délecter du spectacle comme des vulgaires pigeons qui accourent lorsqu’on leur balançait du pain, ne méritaient pas d’être considérer comme des êtres humains. Surtout qu’ils seront dans les gradins en train de regarder mourir Adonis. Mais tout de même, les tuer était-il la seule solution ? Je me tirais les cheveux car je n’arrivais pas à arriver à une conclusion. Oh, je venais d’avoir une idée : je travaillerai main dans la main avec eux et une fois qu’Adonis sera libéré, on s’enfuit de la ville. Comme ça, je n’aurai pas tous ses morts sur ma conscience. Oui, je pensais que c’était la meilleur solution.

Mais alors que j’avais trouvé ce que j’allais faire, j’eus une nouvelle hallucination. Je voyais devant moi un démon tel qu’il décrit dans la Bible. Une bête avec deux cornes, un petit corps maigre tout noir (ce n’était pas la même couleur que les nègre, ce noir était comme bois cramoisi), une large bouche avec des dents en moins ; cette chose était littéralement repoussante et elle se tenait debout sur ses larges pattes juste devant moi. Il me tendait sa main et parlait dans ma langue : « Viens, viens, laisse-toi guider et rejoins le roi-Démon. Nous pouvons d’aider, Alès… ».

—Tais-toi et va-t’en ! lui hurlais-je.

Quand j’avais dit cette phrase, je ressentais une étrange force en moi. Je jetais un rapide coup d’œil à mon pantalon : quelque chose dans ma poche gauche s’illuminait. La seule chose que j’avais dedans était ma clé. Mais alors que j’allais la sortir en mettant ma main dans ma poche, j’entendis une dernière fois le démon. Mon regard et mon attention se porta sur cet être qui semblait disparaître, son corps éclatait en mille morceaux et partait je ne sais où.

—Retiens ces mots, Alès, si tu nous rejoins, le roi-Démon exaucera un de tes souhaits. Tôt ou tard, tu réaliseras que nous sommes ceux qui sauverons l’humanité…

A la fin de ces mots, il disparut totalement. Je me réessayais dans le fauteuil et j’essayais de reprendre mon calme. Je n’étais pas sûr si ce que je venais de vivre était réel ou si c’était l’invention de mon imagination, mais en tout cas, j’avais crié tellement fort que je les avais tous réveiller. Je les rassurais en disant que je m’étais assoupi et que j’avais fait un mauvais rêve.

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