Chapitre 51 Faire ses preuves - Partie 2

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 Tabatha eut un peu de mal à se repérer dans le noir, car toutes les portes étaient fermées, mais elle finit par trouver celle de Sin fo et y toqua.

- Qui est là, demanda la voix de Sin fo à travers la porte.

- C'est moi, répondit simplement Tabatha.

 Sin fo ouvrit la porte et afficha un air légèrement surpris.

- Tu ne devais pas être seule ?

- Qu'est-ce que tu... Par tous les dieux, s'exclama Tabatha en se retournant et en découvrant Ailyn dans son dos. Je ne t'ai pas entendue monter derrière moi. Et qu'est-ce que tu fais encore avec ce masque ?

- Vous avez dit « quand nous sommes seules », se défendit Ailyn.

- Mais là cela revient au même, nous sommes avec Sin fo.

- Je ne vois pas ce que ça change.

- Si tu avais été à mes côtés depuis aussi longtemps que Sin fo, tu n'aurais pas besoin d'explication, la nargua Tabatha en rentrant dans la pièce.

 Piquée au vif, Ailyn la suivit et lança en retour :

- Les trahisons les plus douloureuses viennent des personnes qu'on pensait les plus proches.

 Tabatha se retourna et pointa Ailyn du doigt.

- Retire ça tout de suite.

- Je ne fais qu'énoncer une vérité pour vous ouvrir les yeux.

- Taby ce n'est pas grave, tenta de tempérer Sin fo.

- Elle t'a insultée, je ne vais pas laisser passer ça !

- Je suis sûre qu'elle ne pensait pas à mal. Elle ne me connaît pas, c'est tout.

- Je vous ai cernée rapidement en fait, crâna Ailyn. J'ai vu ce que vous étiez capable de faire. Il suffit que vous perdiez votre calme pour devenir terriblement dangereuse.

- Tabatha est comme ma famille, jamais je ne lui ferais le moindre mal.

- Ah oui ? Pourtant vous avez failli tuer votre mari hier.

 Un silence de plomb tomba sur la pièce. Ailyn avait sciemment poussé Sin fo dans ses retranchements pour démontrer qu'elle avait raison. Elle se prépara à affronter la colère de la jeune femme, et peut être aussi à se défendre contre son pouvoir. Mais ce fut Tabatha qui réagit la première et envoya son poing dans le visage de Ailyn, qui trébucha et perdit l'équilibre. Elle arracha son masque et tâta son nez, qui était déjà congestionné.

- Maintenant tu auras une bonne raison de te cacher, la défia la princesse.

 Ailyn renifla bruyamment et cracha par terre avant de se redresser. Elle rabattit sa capuche d'un geste rageur et leva ses poings devant son visage.

- Je m'étais promis que plus personne ne lèverait la main sur moi. Vous allez me le payer.

 Elle s'élança en avant et frappa plusieurs fois des deux poings, mais Tabatha parvint à bloquer chacun de ses coups. Ailyn ne s'arrêta pas pour autant.

- Vous ne pourrez pas me battre, je m’entraîne depuis des mois avec Jacob.

 Elle décocha un rapide direct du droit, mais la princesse fut plus rapide encore et l'esquiva d'un pas de côté, avant de lui saisir le bras et de le bloquer sous son aisselle.

- Moi aussi Jacob m'a formée. Je connais tous tes trucs.

 Tabatha leva soudain son coude et l'envoya violemment dans le menton de Ailyn.

- Ça c'est mon ami Hank qui me l'a enseigné, dit-elle sur un ton de défi.

 À peine le choc encaissé, Ailyn sauta dans le dos de Tabatha et dans un grognement de rage lui passa un bras autour du cou. Voyant que les choses allaient trop loin, Sin fo intervint et saisit la jeune fille par le col. Elle tenta de l'éloigner, mais Ailyn agrippa les cheveux de Tabatha et lui arracha un cri de douleur. Sin fo attrapa un couteau sur une table toute proche et en menaça la jeune fille.

- Lâche-là si tu ne veux pas que je me serve de ça !

 Ailyn relâcha son étreinte presque immédiatement et Sin fo la bouscula sans ménagement contre le mur. Elle s'assura ensuite de la santé de son amie.

- Ça va, tu n'es pas blessée ?

- Cette folle a bien failli m'arracher la peau du crâne, pesta Tabatha en lissant ses cheveux. Et elle a serré fort, ajouta-t-elle en se massant la gorge. Si tu n'avais pas été là…

- Ça prouve au moins que j'avais raison, dit Ailyn en passant ses doigts sur l'arête de son nez. Vous êtes incapable de vous défendre toute seule.

- Tu te moques de moi ? Je t'ai touchée deux fois au visage ! Tu ne peux pas en dire autant. Aucun de tes coups n'est passé, madame l'experte en combat.

- Et pourtant c'est bien moi qui aurait gagné si votre amie n'était pas intervenue.

- Ça suffit toutes les deux, les coupa Sin fo. Avez-vous perdu l'esprit ? Vous êtes allées bien trop loin pour une simple dispute. Taby, tu ne peux pas te permettre de frapper tous ceux qui disent quelque chose qui te déplaît. Sinon tu ne tarderas pas à tomber sur plus fort que toi.

- C'est ce que j'essaie de lui faire comprendre, mais elle refuse de m'écouter, affirma Ailyn.

- Toi silence, la coupa sèchement Sin fo. Pour qui est-ce que tu te prends au juste ? De quel droit viens-tu jusqu'ici m'insulter et blesser Tabatha ? Aurais-tu oublié qui elle est ?

- Ça je ne risque pas, répondit Ailyn d'un ton amer. Et tout le monde l'a bien compris. Ce qui veut dire que tout le monde est un ennemi potentiel. Tout ce que je veux, c'est qu'elle me laisse la protéger.

- On ne peut pas dire que tu t'y prennes très bien pour le moment, objecta Sin fo. Et tu n'as pas l'air de porter Tabatha dans ton cœur. Pourquoi devrait-elle te faire confiance ?

- Je n'ai absolument rien contre elle, répondit Ailyn de manière un peu raide.

- Tu as essayé de me tuer deux fois en deux jours ! Je devrais te faire enchaîner.

- Je n'ai rien contre vous personnellement. C'est juste que vous… Écoutez j'ai promis à Jacob de prendre soin de vous, et je ne faillirais pas à ma parole.

- Il en faudra plus que ça pour me convaincre.

- Je vous jure de ne plus jamais porter la main sur vous à l'avenir. Et je vous prie de me pardonner pour mon attitude. Veuillez accepter également mes excuses pour mes propos déplacés, ajouta-t-elle en s'inclinant vers Sin fo.

 Après une seconde de silence, cette dernière tourna la tête vers la princesse et lui dit :

- Elle a l'air sincère.

- Très bien, on a qu'à dire qu'on est quittes, proposa Tabatha en désignant son cou et le nez de Ailyn. Mais ne t'avise plus de manquer de respect à mon amie, ni à moi d'ailleurs.

- C'est promis.

- Bien. Maintenant je veux que tu sortes d'ici.

- Mais vous venez de dire que…

- J'ai dit qu'on était quittes. Je ferais comme si tu ne m'avais pas attaquée. On repart à zéro. Mais je n'ai pas besoin et ne veux pas de ta protection.

- Parfait, répondit Ailyn d'un ton amer. Mais je vous prouverais que vous avez tort. J'espère pour vous que ce ne sera pas trop tard.

 La jeune fille quitta la pièce en claquant la porte et descendit l'escalier d'un pas rageur.

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