Chapitre 44 Affrontement en forêt - Partie 2

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 Hank jeta un œil autour de lui et vit que la situation était presque sous contrôle. Sin fo finissait de repousser un loup vers les fourrés avec son cimeterre, et Tabatha, qui avait regroupé tout le monde, s'était réfugiée avec eux derrière un mur de ronces qu'un des hembras avait fait apparaître. Après avoir tenté en vain de le traverser et n'avoir récolté que des écorchures sur les pattes et le museau, les loups comprirent que c'était peine perdue et détalèrent avant de subir une contre-attaque.

  Bien qu'extrêmement sauvages, les loups étaient des animaux sociaux et très intelligents. Lors de leurs attaques, ils utilisaient l'effet de surprise et s'en prenaient de préférence à des proies isolées. Lorsque ces deux conditions étaient compromises, ils prenaient la fuite plutôt que de risquer d'être blessés ou tués.

  Hank se mit debout en grimaçant et avança à petit pas vers Sin fo. Celle-ci avait le visage tourné vers les profondeurs de la forêt mais les yeux plongés dans le vague. Lorsque Hank parvint à ses côtés, elle fut comme tirée de sa torpeur et lui dit :

- Ils se sont enfuis, nous n'avons plus rien à craindre.

- Ça va, tu n'es pas blessée ?

- Non, heureusement je n'ai pas été surprise. Tabatha avait senti que quelque chose n'allait pas, et nous avons pu nous défendre rapidement.

- Comment a-t-elle pu savoir, s’étonna Hank.

- Je l'ignore. Un pressentiment sans doute. Hank, cria soudain Sin fo.

  Le jeune homme venait de s'effondrer face contre terre. Sin fo se jeta à ses côtés, le retourna sur le dos, et voyant que sa veste était tachée de sang, elle l'ouvrit rapidement et poussa un gémissement en constatant l'ampleur des dégâts. La plaie infligée par les griffes du loup s'était peu à peu élargie et aggravée à chaque mouvement violent, à chaque coup que Hank avait reçu, jusqu'à devenir un trou béant.

  Le garrot qu'il s'était fait à la va-vite n'avait évidemment pas tenu, et l'écharpe était imbibée du sang qui s'écoulait du ventre du jeune homme. Sin fo comprima la plaie de ses deux mains jointes et appela à l'aide. Le jeune hembra qui avait sauvé Hank s'approcha rapidement. Il avait retrouvé une attitude plus humaine, mais les poils sur ses bras étaient encore hérissés. Lorsqu'il vit l'état de Hank, il ouvrit de grands yeux écarquillés.

- Que lui est-il arrivé ?

- Je l'ignore, répondit Sin fo. C'est vous qui étiez à côté de lui. A-t-il été mordu ?

- Non ! Enfin je ne crois pas. Je suis presque sûr d'être intervenu avant que le loup puisse le mordre.

- Alors il a dû se faire cela avant que vous arriviez.

- Comment pouvait-il tenir debout avec une telle blessure ?

- C'est un homme têtu et coriace. Pouvez-vous le soigner ?

- Non, j'en suis incapable. Désolé.

- Ce n'est pas grave. Y a-t-il quelqu'un qui puisse le faire ?

- Oui, je crois. Il y a... euh il y a...

 Le jeune hembra bredouillait et avait les yeux rivés sur la plaie de Hank. Sin fo s'en rendit compte, et haussa le ton lorsqu'elle lui demanda à nouveau :

- Y a-t-il quelqu'un ?

- Oui, le vieux Deac’yamp sait soigner les blessures. Mais je ne sais pas s'il pourra...

- Regardez-moi, ordonna Sin fo. Ne regardez pas son ventre, regardez-moi. Je vous ai vu tout à l'heure. Vous avez bondi sur ce loup pour sauver mon mari, et pas un instant vous n'avez eu peur. Cela n'aura servi à rien si vous avez peur maintenant. J'ai besoin que vous m'aidiez. Allez chercher Deac’yamp avant qu'il ne soit trop tard. Allez !

  Le jeune hembra se leva d'un bond et s'éloigna en toute hâte. Dès qu'elle fût seule avec son mari, Sin fo abandonna le masque stoïque qu'elle s'était composé et fondit en larmes. Tout en continuant à comprimer la plaie des ses deux mains, elle enfouit son visage contre la nuque de son époux et se laissa aller à pleurer. Elle lui murmura à l'oreille :

- Tu n'es qu'un idiot. Pourquoi te mets-tu toujours dans des situations impossibles ?

  La jeune femme se servit de son don pour sonder l'esprit de Hank. Ce dernier était si faible qu'elle eut presque du mal à le percevoir, alors même qu'elle était collée à lui.

- Non, non, non, supplia Sin fo en relevant la tête. Je t'interdis de baisser les bras.

 La jeune femme perçut trois esprits qui se rapprochaient. Elle tourna la tête pour voir qu'il s'agissait des deux hembras et de Tabatha.

- Oh non Taby, geignit-elle.

 Elle s'essuya rapidement les yeux sur ses épaules et respira un grand coup pour essayer de paraître le plus calme et impassible possible quand ses compagnons parvinrent à ses côtés.

- J'ai fait aussi vite que possible, dit le jeune hembra, mais il a fallu attendre que les ronces disparaissent. J'espère qu'il n'est pas trop tard.

- Non, non, il tient le coup.

 Tabatha porta les mains devant sa bouche en voyant Hank et laissa échapper un gémissement.

- Par tous les dieux, Hank ! Est-ce qu'il va...

- Taby, ma chérie, ne t'inquiète pas, d'accord ? Je ne veux pas que tu voies cela. S'il te plaît, va chercher mon sac. Il y a dedans tout ce qu'il faut pour nettoyer et faire un bandage. Le temps que tu reviennes, le médecin aura sûrement fini de soigner Hank.

 La princesse acquiesça d'un signe de tête et partit en courant. Sin fo se tourna vers Deac’yamp et lui dit :

- Je vous en prie faites vite, sa vie ne tient plus qu'à un fil.

- Je dois voir sa blessure.

 Sin fo leva ses mains, et un flot de sang se répandit sur la veste de Hank et sur le chemin de terre. L'hembra se dépêcha de mettre ses mains sur la plaie, ralentissant ainsi l'hémorragie.

- Je crois que je vois ce que c'est, dit-il rapidement. Les organes ne semblent pas perforés, mais les chairs sont tout de même abîmées. Il a aussi perdu beaucoup de sang.

- Cela je le sais, s'impatienta Sin fo. Arrêtez de parler et faites quelque chose.

- Cela va demander énormément d'énergie pour le soigner complètement, et je crains de ne pouvoir...

- Faites le maximum !

- Il y a d'autres blessés. Ce ne serait pas juste que j'utilise toutes mes ressources juste pour votre mari.

- Quelqu'un d'autre a l'abdomen éventré, demanda Sin fo en s'énervant.

 Le vieil hembra eut un léger mouvement de recul, mais il resta néanmoins penché sur Hank. Sin fo prit une longue inspiration pour se calmer.

- Je vous en prie, ne le laissez pas mourir. Je sais que vous avez déjà fait beaucoup pour nous, mais je vous en supplie faites ce qu'il faut pour lui sauver la vie. Je m'occuperais du reste. Je le soignerais. Mais je ne veux pas le perdre.

- Je vais faire mon possible, répondit Deac’yamp.

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