Chapitre 39 Tourments - Partie 4

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 Tabatha sentit la peur et la détresse la submerger, et elle laissa éclater ses sanglots. Petit à petit, le rire lugubre s'évanouit et elle n'entendit plus rien. Elle sentit que quelque chose pesait sur son corps, tout en lui conférant une douce chaleur, mais elle n'essaya pas de se dégager. Elle était trop abattue pour réagir. Elle continua donc à pleurer, et par ses yeux entrouverts elle vit qu'une faible lumière l'entourait. Une silhouette se plaça au dessus d'elle et lui masqua la lumière.

 Tabatha voulut se redresser, mais la silhouette se pencha sur elle et la maintint par les épaules. Se sentant en danger, la jeune fille se débattit aussi vigoureusement qu'elle le put, mais la personne au dessus d'elle était beaucoup trop forte. Tabatha se mit à crier, à appeler au secours, et à tenter de frapper son agresseur. Celui-ci lui immobilisa les bras en saisissant ses poignets et lui ordonna de se calmer.

 En fait, la personne le lui demanda calmement, d'une voix posée, presque inquiète. Tabatha cessa de se débattre et ouvrit complètement les yeux. Malgré les larmes qui baignaient son visage, elle reconnut le visage de Sin fo penché au dessus du sien. La princesse se dégagea les poignets et sauta au cou de son amie, en pleur. La jeune femme la serra contre elle, et tout en lui frottant le dos, tenta de la rassurer :

- Calme-toi, tu as fait un cauchemar.

- Il était là ! Il voulait... il voulait...

- Tout va bien, murmura Sin fo. Tu es à l'abri, tu es chez toi.

 Tabatha s'écarta de son amie et regarda autour d'elle sans comprendre. Elle était bel et bien revenue chez elle. Une douce lumière éclairait sa chambre, et le poids qu'elle avait senti sur son corps n'était rien d'autre que la couverture de son lit. Elle tordit le cou et vit que Hank était là lui aussi, endormi sur une chaise auprès de la cheminée. Elle ne savait plus du tout où elle en était. Devant son air désorienté, Sin fo tenta de la tranquilliser à nouveau.

- Tout va bien, calme-toi. Nous t'avons ramenée à la maison, tu n'as plus rien à craindre.

- Mais, depuis quand...

- Cela fait presque trois jours. Tu as dormi tout ce temps.

- Alors, le sorcier...

- Je te l'ai dit, tu as dû faire un cauchemar. Ton sommeil a été très agité.

 Tabatha se redressa sur son oreiller et porta la main à son front moite. Elle essayait de rassembler ses esprits. Une petite lueur d'espoir lui éclaira le visage.

- Si c'était un cauchemar, ça veut dire que Maxou n'a rien ! Où est-il ? Je veux le voir.

 Sin fo avait redouté cette question. Depuis que Hank lui avait dit qu'elle avait réclamé Maxou lorsqu'elle avait brièvement ouvert les yeux trois jours plus tôt, Sin fo cherchait comment apprendre la triste nouvelle à la princesse. Bien sûr, malgré toutes ses réflexions, elle n'avait pas trouvé de bonne manière pour le lui annoncer. Quelque soit la façon de le dire, une mauvaise nouvelle reste une mauvaise nouvelle. Sin fo choisit donc de parler sans détours :

- Taby je suis désolée, mais Maxou n'est pas ici. Il a été capturé.

 Le faible sourire qui éclairait le visage de la jeune fille un instant auparavant s'effaça presque instantanément.

- Mais tu as dit que ce n'était qu'un cauchemar. J'ai vu Maxou prisonnier du maître des djaevels, et tu m'as assuré que ce n'était qu'un cauchemar !

- Tu n'as pas pu le voir, tu es restée avec nous depuis qu'il a été capturé, et tu étais inconsciente lorsque c'est arrivé.

- Je deviens folle. Je ne sais plus ce qui est vrai ou pas.

- Quelle est la dernière chose dont tu te souviennes ?

- Le maître des djaevels m'a forcée à le regarder torturer Maxou, répondit Tabatha en frissonnant.

- Et avant cela ?

- J'étais ici avec Maxou. Nous étions au lit et nous nous sommes bagarrés. C'est après que le cauchemar a commencé.

- Vous étiez là tous les deux, demanda Sin fo surprise.

- Oui, c'est normal puisque nous habitons ensemble.

 Sin fo passa sa main sur la joue de Tabatha et lui dit d'une voix douce :

- Ma chérie, Maxou n'a jamais vécu ici. Vous n'êtes même pas ensemble.

- Bien sur que si ! Je l'aime, et lui aussi me l'a dit !

- Cela je n'en doute pas, mais j'ai bien peur que tout le reste ne soit rien d'autre qu'un rêve.

- Non je... Maxou était là, dans ce lit, et nous nous sommes embrassés.

- Taby, ma princesse, il y a quelques jours à peine, tu me disais que tu n'avais jamais avoué tes sentiments à Maxou. Tu comptais le faire le soir même mais tu n'en as pas eu le temps, car les djaevels sont arrivés ce jour-là.

- Les djaevels ?

- Tu ne te souviens pas ? Ils ont attaqué le village et t'ont enlevée. Leur maître a pris le contrôle de ton esprit, mais nous t'avons libérée grâce à l'aide d'un hembra. Tu ne te souviens vraiment pas de tout cela ?

- Non, pas du tout.

- Après tout, c'est peut être mieux ainsi.

- Tu te moques de moi, s'emporta Tabatha. C'est mieux comme ça ? Je croyais vivre le bonheur avec le garçon que j'aime, puis j'ai vu ce même garçon se faire torturer sous mes yeux sans pouvoir l'aider et tu trouves ça mieux ?

- Ce n'est pas ce que je voulais dire.

- Cet homme ignoble s'est moqué de moi. Il a dit que je lui appartenais.

- C'est faux. Il ne faut pas te tourmenter pour tout cela, ce n'était qu'un cauchemar.

- Il m'a raconté comment il avait tué mes parents, lâcha Tabatha dans un sanglot.

 Horrifiée, Sin fo porta ses mains jointes devant sa bouche. Pendant un instant, elle ne sut pas quoi répondre et resta à regarder Tabatha qui pleurait, le visage enfoui dans ses genoux relevés. Enfin, elle retrouva l'usage de la parole et parvint à articuler :

- Tes parents ?

 Tabatha releva la tête et, après s'être essuyée le visage d'un revers de bras, lui répondit :

- Oui, il m'a décrit en détails comment mon père avait sacrifié ma mère avant de se laisser tuer. Tu crois que je l'ai rêvé ça aussi, demanda la jeune fille dans un nouveau sanglot.

- Je ne voulais pas dire que tu l'avais inventé, balbutia Sin fo.

 Ne trouvant pas les mots pour exprimer ses regrets, elle prit son amie dans ses bras et la serra à nouveau contre elle. Les pleurs de la jeune fille semblaient ne plus vouloir s'arrêter.

- Je suis désolée de t'avoir fait de la peine. Je n'imagine pas la douleur que tu as dû éprouver. Ce que je voulais dire, c'est qu'il valait mieux que tu ne te souviennes pas des heures que tu as passées avec les djaevels.

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne m'en souviens pas ?

- Quand nous t'avons retrouvée, tu étais comme ensorcelée. Tu obéissais aux ordres, mais tu ne parlais plus, ton regard était éteint. C'était comme si tu n'étais plus qu'une coquille vide. Je pense que le maître des djaevels s'est insinué dans ta tête et a créé des images pour s'assurer que tu restes tranquille.

- Ce serait pour cela qu'il m'a fait croire que je vivais avec Maxou... Mais alors pourquoi a-t-il brusquement changé de méthode et m'a-t-il montré toutes ces images horribles ?

- Cela correspond peut être au moment où nous t'avons récupérée. Il aura voulu te faire le plus de mal possible avant que tu ne lui échappes complètement.

- Donc tu crois que tout ce qu'il m'a dit n'était que des mensonges ?

- Je ne sais pas ma chérie. Je ne sais pas quelle est l'étendue de ses pouvoirs. Le fait est que Maxou est malheureusement bien son prisonnier. Et d'après ce que tu m'avais dit, la dernière fois que tu as vu tes parents, ils s'apprêtaient à affronter le maître des djaevels...

- Je ne sais plus quoi croire Sin fo. J'ai l'impression de devenir folle.

- Je sais ce que tu éprouves. J'ai fait un étrange rêve moi aussi il y a quelques jours, et tout avait l'air si réel. J'ai dit à Hank que tout allait bien, mais la vérité c'est que cela me perturbe encore.

- Pourquoi lui avoir menti ?

- Je ne veux pas l'inquiéter. Nous avons d'autres problèmes plus graves et plus urgents. Hank ne le sait pas, mais c'est lui le véritable chef du village. Un mot de lui, et tous les habitants nous suivront. Mais s'il s'inquiète trop pour moi, il délaissera tout pour ne s'occuper que de ma sécurité.

- Je crois que Maxou est comme ça lui aussi, répondit Tabatha avec un petit sourire. Quand je l'ai vu, il m'a dit qu'il préférait mourir que de me voir en danger.

- Nous ne laisserons pas cela se produire, n'est-ce pas ?

- Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Ne t'inquiète pas, nous avons un plan.

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