Chapitre 38 Un thé au coin du feu - Partie 3

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  Sin fo et Hank avaient tous les deux le visage tourné vers Archibald. Apparemment, les quelques minutes de répit que lui avait demandé Hank s'étaient terminées en même temps que leurs tasses de thé. Néanmoins, ils continuèrent sur le ton de la conversation.

- C'est vrai que sans ton pouvoir, on n'aurait jamais pu récupérer Tabatha.

- Il était presque impossible d'affronter tous ces djaevels, ils étaient si nombreux. Et l'homme qui les dirigeait était vraiment très fort.

- Véritablement effrayant. J'ai bien cru qu'il allait nous tuer.

- Heureusement que nous étions deux, nous avons pu le harceler sans lui laisser de répits. La façon dont tu lui as arraché Tabatha était stupéfiante.

- Tu es gentille, mais je n'aurais pas été bien loin si tu ne l'avais pas immobilisé.

- À ce moment-là, j'ai cru que nous allions tous nous en sortir...

- Et c'est là que Maxou est arrivé.

- Quoi ? Il n'est arrivé qu'après, demanda Archibald.

- Oui, nous ne savions même pas qu'il nous avait suivis. Nous n'avions prévenu personne en partant de chez nous. Je ne sais pas comment il a deviné. Nous avions Tabatha, nous pensions avoir battu l'homme qui dirigeait les djaevels, ceux-ci étaient désorientés, nous nous apprêtions à nous enfuir quand nous avons entendu un cri derrière nous.

- C'était...

- Oui c'était Maxou. Je suis resté tétanisé en le voyant entre les mains de cet homme.

- Alors tu n'as rien fait pour l'aider ?

- Bien sûr que si, mais notre ennemi avait mis son couteau sur la gorge de ton fils. Si j'avais fait le moindre geste, il l'aurait tué. Je t'assure que j'ai réfléchi à toutes les possibilités, et elles mettaient toutes ton fils en danger.

- Comment a-t-il pu s'enfuir ? Pourquoi ne l'avez-vous pas poursuivi ?

- Ton fils était venu avec l'un de nos lopvents. Il a pris la fuite avec.

- Pourquoi est-ce que vous n'avez pas pris les vôtres pour le suivre ?

- On était trop loin. Le temps de les rejoindre et de les faire s'envoler, ton fils aurait été hors de portée. Alors j'ai demandé à Sin fo de me lancer vers lui.

- Sin fo t'a... lancé ?

 Archibald jaugea Sin fo du regard, comme s'il la croyait incapable de jeter ne serait-ce que la cruche à travers la pièce.

- Je sais ce que tu penses, dit Hank, mais elle s'est servie de son pouvoir bien sûr, pour me propulser en l'air grâce à une colonne de pierre. J'avais presque atteint le lopvent, mais le ravisseur de ton fils avait des pouvoirs lui aussi, et il m'a repoussé violemment, si violemment que j'ai perdu connaissance.

- Et toi, questionna Archibald en se tournant vers Sin fo.

- Moi j'ai rattrapé Hank qui chutait et je l'ai traîné jusqu'aux lopvents, car les djaevels avaient retrouvé leurs esprits et ils couraient sur nous. J'ai juste eu le temps de nous abriter sous un dôme de pierre, et je me suis moi aussi évanouie à cause de l'effort.

- Quand on s'est réveillés plusieurs heures plus tard, il était trop tard pour les poursuivre.

 Hank posa la main sur l'épaule de son ami.

- Archie je suis désolé. On a fait tout ce qu'on a pu, mais on a été pris au dépourvu et on était déjà blessés et fatigués. Je n'essaie pas de me justifier, mais je veux que tu saches qu'on a tout tenté pour sauver ton fils.

- Malheureusement ça n'a pas suffit. Vous avez pu récupérer Tabatha, vous êtes revenus entiers, mais vous n'avez pas pu me ramener mon fils.

- Tu n'es pas juste Archie. Je t'ai dit que j'avais risqué ma vie pour...

- Hank arrête, l'interrompit Sin fo. Toutes les excuses que nous pourrons lui donner ne serviront à rien. Cet homme a perdu son fils, et malgré tout ce que nous avons traversé toi et moi, nous ne pouvons pas imaginer le déchirement que cela doit représenter. Alors Archie, je ne vais pas te faire des excuses, mais je vais te faire une promesse. Nous allons le ramener.

- Quoi ?

- Maxou, nous allons le ramener, d'une façon ou d'une autre. Pas aujourd'hui, pas demain, mais nous allons te le ramener.

- Comment comptez-vous vous y prendre ?

- De la même manière que pour Tabatha, en allant le chercher tout simplement.

 Archibald lâcha un rire sardonique.

- Quand je vois le résultat de votre expédition, j'ai des doutes.

- Nous ne répéterons pas les mêmes erreurs bien sûr. Pour commencer nous n'irons pas que tous les deux.

- Alors qui ?

- Toi pour commencer, et Tabatha dès qu'elle sera réveillée.

- C'est ça vos renforts ? Une petite fille endormie et un manchot, lâcha Archibald en levant son bras droit avec une grimace de dégoût.

- Oui car vous serez tous les deux très motivés, répondit Sin fo calmement.

 Depuis qu'elle avait épuisé toute l'énergie magique qu'elle avait emmagasinée, elle n'avait plus aucune envie de s'énerver.

- Je t’assure que Taby voudra se lancer à la poursuite des djaevels dès qu'elle apprendra ce qu'il s'est passé.

- Crois-moi, je l'ai souvent vue combattre, intervint Hank, et elle peut attaquer avec plus de hargne que toi et moi réunis.

 Archibald croisa les bras et réfléchit en silence quelques instants. Il semblait reprendre espoir peu à peu. Sa voix avait perdu toute son animosité quand il demanda enfin :

- Vous croyez qu'on peut réussir ?

- Ce sera très difficile et très dangereux, inutile de se voiler la face. Nous ne le retrouverons probablement qu'à la capitale. Peut être y est-il déjà à l'heure qu'il est. L'homme qui l'a enlevé a parlé de son maître, donc je pense qu'il va l'emmener devant lui.

- Lui ? Le monstre qui a précipité le royaume en enfer ?

- Il voulait Tabatha. Maxou ne signifie rien pour lui. Il n'a aucune raison de lui faire du mal.

- Mais il n'a aucune raison non plus de le garder en vie, se lamenta Archibald.

- S'il est un tant soit peu malin, et je pense qu'il faut l'être pour s'emparer d'un royaume, il voudra interroger Maxou, car il est clair qu'il nous connaît. Nous avons empêché cet homme de remporter une victoire totale, il nous considérera sûrement comme dangereux, ou tout du moins gênants.

- Et il cherchera aussi des informations sur Tabatha, ou sur notre ville. Il va falloir que Maxou se montre fort, mais je ne crois pas qu'il sera tué. Vivant, il est un appât parfait.

- Un appât ? Mais pour qui ?

- Pour nous bien sûr.

- Et tous les deux, vous êtes prêts à entreprendre ce long voyage et à vous jeter entre les griffes de cet homme en sachant très bien ce qui vous y attend, pour me ramener mon fils ?

 Sin fo et Hank se regardèrent un moment en silence avec un air grave, puis Hank hocha la tête presque imperceptiblement et Sin fo fit un petit sourire en coin.

- Nous sommes amis, dit-elle. Cela veut dire quelque chose pour nous.

- Maxou en ferait autant pour nous j'en suis sûr, ajouta Hank.

 Une larme au coin des yeux, Archibald acquiesça avec un sourire et les remercia pour tout.

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