Chapitre 33 La traque - Partie 5

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 À cet instant, un cri retentit dans le dos des jeunes gens, qui firent volte-face et se figèrent de surprise. L'homme s'était relevé, et il tenait fermement Maxou, une dague le long de sa gorge. Sin fo et Hank étaient paralysés de terreur. Ils venaient juste de récupérer à grandes peines Tabatha, et voilà qu'un de leurs amis était déjà aux mains de leur ennemi. Ils n'arrivaient plus à réfléchir. Toutes leurs pensées étaient focalisées sur cette lame qui menaçait la vie de leur ami. Cet homme les révulsait. Malgré toutes leurs attaques, il semblait invincible. Pourtant, il était plus pâle que jamais, et il avait du mal à respirer. Après d'interminables secondes pendant lesquelles personne n'osa bouger, Sin fo finit par demander d'une voix tremblante :

- Maxou, mais que fais-tu ici ?

- J'ai été chez vous ce matin, et j'ai vite compris que vous étiez partis sauver Tabatha. Je voulais vous aider. J'ai pris le dernier lopvent aux écuries et...

- Silence, l'interrompit l'homme en criant. Où te crois-tu petit imbécile ?

 L'homme vacilla et porta la main à son ventre. Hank voulut en profiter pour s'avancer vers lui, mais l'homme appuya sa lame sur la gorge de Maxou et fit couler un mince filet de sang.

- Si tu t'approches, je le tue.

- Non ! Tu as gagné, je te laisse partir, dit Hank en écartant les bras en signe de reddition. Relâche Maxou, et on sera quittes.

- Tu me prends pour un idiot ? Le gosse reste avec moi, c'est ma garantie.

- Mais qu'est-ce que tu veux à la fin, s'emporta Hank. Je te laisse partir. Tu doutes de ma parole ?

- Ce n'est pas de toi dont j'ai peur. J'ai déçu mon maître. Je n'ai pas accompli ma mission, il est normal que je lui ramène une petite compensation.

 Tout en terminant sa phrase, il empoigna Maxou et sauta sur son lopvent, qui attendait derrière eux. Avant que Sin fo ou Hank aient pu réagir, il éperonna l'animal, qui s'éleva pesamment du sol, ralenti par la charge que représentaient deux cavaliers. Nos deux héros coururent dans sa direction, mais l'animal était déjà hors d'atteinte lorsqu'ils atteignirent l'endroit d'où il avait décollé. Toujours retenu par l'homme, Maxou cria le nom de ses amis et les implora de l'aider.

- Lance-moi, dit Hank en se tournant vers sa femme.

- Tu es fou, c'est bien trop haut, tu vas te rompre les os !

- On n'a pas le temps de discuter. Ils seront bientôt trop loin.

- Mais...

- On ne peut pas le laisser emmener Maxou ! Vas-y !

 Sin fo leva le bras et une colonne de pierre surgit à toute vitesse sous les pieds de Hank, et le projeta dans les airs. Hank commençait à s'habituer à cette sensation, à sentir son cœur s'arrêter le temps d'un battement au moment où ses pieds quittent le sol, à entendre le vent siffler à ses oreilles. Il ouvrit les bras et s'apprêta à attraper Maxou, mais l'homme le vit et lui cria :

- Tu ne m'auras pas deux fois !

 Il pointa sa main vers Hank, et celui-ci fut stoppé net dans son élan, aussi brusquement que s'il avait percuté un mur de briques, avant d'être rejeté en arrière par une violente bourrasque. Sin fo se précipita sous lui pour le réceptionner et ainsi empêcher qu'il ne s'écrase au sol. Le choc fut rude, et Sin fo s'effondra sous le poids de son mari. Elle passa ensuite de longues secondes à le pousser sur le côté, car il ne réagissait pas à ses appels.

 Quand elle parvint à se dégager et à se relever, elle regarda le ciel et chercha, en vain, une trace de Maxou et de son ravisseur. Sin fo jura à haute voix. L'homme lui filait une nouvelle fois entre les doigts. Il était peut être encore temps de le poursuivre. Sin fo se retourna et s'agenouilla aux côtés de Hank. Elle le secoua, le frappa sur les bras, cria son nom et le supplia de se lever, mais rien n'y fit. Hank avait bel et bien perdu connaissance. Ils étaient battus. Avec Hank inconscient et Tabatha ensorcelée, Sin fo était seule. Ils n'avaient plus aucun espoir de rattraper Maxou.

 Sin fo laissa tomber sa tête sur la poitrine de son mari, mais elle n'eut pas le temps de se laisser aller, car des cris se firent très vite entendre de l'autre côté de la fosse. Les djaevels, qui s'étaient tenus tranquilles sur l'ordre de leur chef, étaient agités depuis son départ. Maintenant qu'il s'était suffisamment éloigné, ils avaient retrouvé leurs instincts violents et meurtriers. Quelques-uns s'étaient déjà précipités au fond de l’abîme en tâchant de traverser la passerelle. La faim allait bientôt leur donner l'idée de faire le tour.

 Sin fo appela Tabatha pour qu'elle la rejoigne, mais la princesse ne tourna même pas la tête vers elle. Sans prendre le temps de réfléchir, Sin fo se redressa d'un bond et entreprit de tirer Hank vers les lopvents. Elle s'arcbouta pour réussir à faire bouger son mari, qui était bien plus lourd qu'elle, mais heureusement, le sol recouvert d'épines de pin était suffisamment glissant pour l'aider. Sin fo se rapprochait petit à petit des lopvents. Elle entendait les djaevels qui faisaient le tour.

 Les lopvents n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres. Les djaevels aussi se rapprochaient, elle entendait leurs râles derrière les arbres. Huit mètres. Sin fo tourna la tête et jeta un regard désespéré vers les lopvents. Les atteindre ne suffirait pas. Elle devait encore hisser Hank sur une des créatures et les faire décoller. Six mètres. Les premiers djaevels venaient de sortir de derrière les arbres. Quatre mètres. Sin fo pouvait voir l'écume aux lèvres des djaevels, qui couraient vers elle les bras levés. Deux mètres. Il était trop tard. Sin fo n'avait plus le temps. Les djaevels étaient sur elle.

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