Chapitre 31 Retrouvailles - Partie 1

5 minutes de lecture

 Hank et Maxou se retrouvèrent à la carrière, au pied de la montagne. Ni l'un ni l'autre n'avait trouvé la moindre trace de Tabatha ou de Sin fo.

- Elles sont forcément quelque part, s'emporta Hank. Elles n'ont pas pu quitter l'île.

- Elles ont peut être été recueillies par quelqu'un en ville, proposa Maxou.

- Nous n'avons plus qu'à retourner en ville et questionner tout le monde pour savoir si quelqu'un les a vues.

 Ils se remirent en route immédiatement, en longeant ensemble la rive ouest du lac.

- Nous aurions peut être dû repartir chacun de notre côté, dit Maxou après quelques minutes de marche.

- Inutile. Tu as regardé partout en venant, n'est-ce pas ?

- Naturellement.

- S'il y avait eu des traces, tu les aurais vues, je te fais confiance. Le plus important, c'est de retourner en ville le plus vite possible. La nuit va bientôt tomber, et je ne tiens pas à être dehors à ce moment-là.

 Les deux hommes forcèrent l'allure, et ils furent presque revenus à leur point de départ en à peine plus d'une heure. Quelques centaines de mètres avant le pont, Maxou s'arrêta et saisit le bras de Hank.

- Regarde, là-bas, lui dit-il en désignant le lac.

- Qu'est-ce que...

 Hank ne finit pas sa phrase. Au milieu du lac, à une quinzaine de mètres de la rive, flottait une silhouette. Les bras cramponnés à un bloc de glace et les jambes dans l'eau, Sin fo se laissait dériver. Hank cria son nom, mais n'obtint aucune réponse. Sans hésiter, il jeta son sac et sa veste au sol et plongea dans le lac gelé. Le contact de l'eau lui fit horriblement mal, comme si des milliers de couteaux l'avaient transpercé en même temps, mais il serra les dents et nagea vers sa femme. Il la rejoignit très vite, et se cramponna tant bien que mal au bloc de glace sans faire basculer Sin fo. Il la secoua par l'épaule, mais elle ne réagit pas. Il passa alors les mains de la jeune femme autour de son cou et plongea à nouveau. Le poids de sa femme sur son dos l'emporta vers le fond, et il dut fournir encore plus d'efforts pour se maintenir à flot. Ses membres étaient transis et endoloris, et chaque brasse lui était plus éprouvante que la précédente. Une seule pensée animait son cerveau engourdi par le froid. Il devait sortir sa femme de ce lac. Il devait la sauver.

 Enfin, au prix d'un effort surhumain, et avec l'aide de Maxou, Hank parvint à se traîner hors du lac avec Sin fo sur les épaules. Il la déposa dans l'herbe et posa son oreille sur sa poitrine. Il n'entendit pas le bruit de son cœur. Il joignit ses mains et compressa plusieurs fois sa poitrine avant de lui faire du bouche à bouche. Il guetta une réaction, mais rien ne se passa. Il recommença donc plusieurs fois, en répétant mécaniquement :

- Tu n'as pas le droit de laisser tomber. Je suis là Sin fo. Ne me laisse pas.

 Enfin, après d'interminables minutes, la poitrine de Sin fo se souleva dans un spasme. Elle toussa et cracha une grande quantité d'eau. Hank se tourna vers Maxou et lui ordonna :

- Cours à l'auberge, trouve l'hembra qui soigne les gens et amène-le chez moi. Je t'y retrouverai avec Sin fo. Va vite !

 Tandis que le jeune homme partait en courant, Hank regarda sa femme en plissant les yeux pour retenir ses larmes. Il la serra dans ses bras et lui répéta :

- Je suis là Sin fo. Tout va bien aller maintenant.

 Sin fo toussa à nouveau, et d'une voix très faible, elle murmura à l'oreille de son mari :

- Ils ont emmené Tabatha.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Qui l'a emmenée ?

 Mais Sin fo avait déjà reperdu connaissance. Elle était sortie de l'eau, et elle respirait convenablement, mais elle n'était pas pour autant hors de danger. Son corps était toujours gelé, et elle était très faible. Hank se leva difficilement. Lui-même grelottait de tout son corps. Malgré cela, il se contenta de remettre sa veste, alors qu’il passa à Sin fo les vêtements chauds qu’il avait dans son sac, et qu’il l’enveloppa dans la couverture, avant de la prendre dans ses bras, et de se mettre en route vers Ts'ing Tao.

 Tout en marchant, il murmurait des paroles d'encouragement et d'affection à sa femme, qui l'exhortaient à ne pas s'endormir, à rester avec lui. En réalité, ces paroles servaient plus à le maintenir lui éveillé, et à concentrer son esprit sur quelque chose pour oublier la douleur de ses jambes. Après de longues minutes, et avoir manqué de tomber plusieurs fois sur le pont instable, Hank parvint à l'entrée du village. Là, il vit que Archibald l'attendait en compagnie de Roussel et de deux hembras.

- Hank, je suis content de te revoir mon ami.

- Je n'ai pas le temps de discuter Archie, je dois emmener Sin fo chez moi au plus vite.

- Nous sommes au courant, Maxou nous a prévenus. Le médecin est déjà chez toi. Mais nous avons pensé que tu aurais peut être besoin d'un coup de main.

- Ça ira, je peux m'en occuper.

 Mais en disant cela, ses jambes le trahirent et il dut poser un genou à terre.

- Tu en as assez fait, lui assura Archibald en posant une main sur son épaule. Laisse-nous t'aider. Nous avons des brancards.

 Hank acquiesça d'un signe de tête et déposa Sin fo sur le brancard. Archibald insista pour qu'il s'allonge sur le deuxième brancard. Roussel et un hembra soulevèrent la civière de Sin fo sans problème, mais quand Archibald s'approcha de celle de Hank, il se bloqua en regardant son bras droit. Hank leva les yeux et comprit ce qui posait problème. À la place de la main, Archibald avait maintenant un moignon enveloppé de bandages. Il ne pouvait évidemment pas porter un brancard dans cet état. Hank se releva en grimaçant, et Archibald s'excusa :

- Je suis désolé, je pensais bien faire. Je ne m'y suis pas encore fait...

- Ne t'en fais pas, je préfère rentrer sur mes deux jambes, assura Hank en grimaçant un sourire. Aide-moi à marcher, et ça sera parfait.

 Le jeune homme passa un bras autour du cou de son ami, et ils se mirent en route. En traversant le village, ils rencontrèrent beaucoup d'habitants qui les regardèrent passer sans rien dire. Certains adressèrent à Hank une parole de sympathie, mais la plupart évitèrent son regard.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire William BAUDIN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0