Chapitre 29 Le jour d'après - Partie 2

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Lorsqu'il ouvrit les yeux, Hank était de nouveau allongé sur le dos sous une couverture, mais il était cette fois étendu sur une table dans la remise. Il tourna la tête et vit que d'autres personnes étaient couchées à ses côtés, mais que quelqu'un les avait attachées sur les tables. Hank voulut se redresser, mais Roussel posa sa main sur sa poitrine pour l'en empêcher. Il lui expliqua :

- Ce sont ceux qui sont morts hier soir. Nous les avons regroupés ici. Nous ne pouvions pas les brûler avec les djaevels.

- Pourquoi les avez-vous attachés ?

- Pour le cas où ils reviennent...

Hank fixa de nouveau son regard au plafond. Il ne savait pas qui était étendu à ses côtés, et il ne voulait pas le savoir. Une seule idée obsédait son esprit.

- Sin fo est-elle ici ?

- Je ne l'ai pas vue.

- Je dois la trouver.

- Tu n'iras nulle part dans cet état.

- N'essaie pas de me retenir ! Je dois...

- Reste tranquille, le coupa Roussel. Il y a quelqu'un ici qui peut t'aider, mais tu dois être patient quelques instants.

Hank capitula et laissa retomber sa tête sur la table. Il sentit ses vertiges le reprendre, et préféra fermer les yeux pour ne plus voir la pièce tourner autour de lui. Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'approcha de la table. C'était un hembra qui regardait Hank d'un air soucieux. Il tira la couverture d'un geste vif, et Hank n'eut pas la force de protester. L'hembra posa ses mains sur les cuisses de Hank, sur son ventre, ses épaules, ses avants-bras, puis il prit les mains du jeune homme dans les siennes et ferma les yeux. Hank ressentit presque immédiatement une brûlure dans les doigts. Il voulut se dégager, mais l'hembra le retint fermement. La douleur s'estompa aussi vite qu'elle était apparue, puis une douce chaleur remonta le long de ses bras et se répandit dans tout son corps. Après quelques minutes, l'hembra lui lâcha les mains et lui dit :

- Ça devrait aller mieux, mais je ne peux rien faire pour les vertiges. Vous devez rester au calme, c'est le seul remède.

Hank se redressa et s'assit sur la table. Il remua les pieds et étira ses bras devant lui. La médecine de l'hembra était efficace, il n'avait plus froid et son corps n'était plus engourdi. Il le remercia et sauta au sol. Tandis que l'hembra s'éloignait pour soigner d'autres personnes, Roussel interrogea Hank :

- Où vas-tu comme ça ?

- Je sors, je dois retrouver Sin fo.

- Tu as entendu le guérisseur, tu ne dois pas faire trop d'efforts. Et puis, nous avons besoin de toi ici.

Hank tiqua en entendant ces mots.

- Besoin de moi ? Je n'en ai pas assez fait pour vous ?

- Tu sais ce que je veux dire. Tu es important pour nous tous.

- Vraiment ? Alors où étiez-vous quand moi j'ai eu besoin de vous ? Je suis resté des heures dans la neige avant que quelqu'un daigne me venir en aide.

- Tout le monde te croyait mort.

- À cause de vous, s’énerva Hank. Vous avez tous fui ! Je suis resté seul pour vous défendre, et voilà comment je suis remercié.

- Que voulais-tu que nous fassions ? Ils étaient trop nombreux, se justifia l’aubergiste.

- Oui, ils étaient très nombreux, et ils le sont toujours. Indesit m'a dit que vous les aviez laissés partir. Et ils reviendront quand bon leur semblera, et il n'y aura personne pour leur résister ! Ils ont tué nos amis impunément et ils sont repartis en vie !

- Ils nous ont laissés tranquilles, nous avons gagné.

- Tu appelles ça une victoire, s'énerva Hank. Regarde autour de toi, c'est une victoire selon toi ?

Roussel répliqua violemment en lui donnant une claque sur l'épaule du plat de la main :

- Ne t'en prends pas à moi, c'est toi qui as voulu ça ! C'est toi qui as mené ces personnes à la mort.

Hank se leva d'un bond et Roussel recula d'un pas. Il se rendit compte qu'il était allé trop loin et leva les bras, craignant que Hank ne le frappe. Mais le jeune homme se contenta de l'écarter d'un revers de bras et de s'éloigner de la table. Roussel fit volte-face et lui demanda :

- Ou vas-tu comme ça ? Tu es le chef de cette ville, tu dois nous aider !

Hank attrapa un manteau pendu à une patère, et tout en l'enfilant, répondit d'une voix méprisante à l'aubergiste :

- C'est Sin fo qui est la véritable dirigeante, et aucun de vous ne se soucie de son sort. Je ne vous dois rien !

Sur ces mots, il quitta la pièce en ignorant les appels répétés de Roussel. Dans la pièce principale, il tomba nez à nez avec Maxou.

- Hank ! Que fais-tu ici ? Je croyais que tu étais chez Indesit. Cette idée ne me plaisait pas trop d'ailleurs, elle a toujours été un peu étrange en ta présence, mais personne ne m'a écouté.

- Excuse-moi Maxou, mais je n'ai pas trop le temps.

- Bien sûr, je comprends cela. Je venais voir mon père. Tu sais, il est...

- Je dois vraiment y aller, l'interrompit Hank.

Il contourna le garçon, mais celui-ci le suivit jusqu'à la porte.

- Tu n'as pas l'air très en forme, tu ne veux pas que je t'accompagne ?

Hank le repoussa sans ménagement et lui cria :

- Fous-moi la paix !

Il ouvrit les deux battants de bois à la volée et s'élança dans la rue. Le froid le saisit malgré son manteau, et sa vision était encore troublée par les vertiges, mais il avança néanmoins d'un pas résolu. Il emprunta les mêmes rues que la veille au soir, son esprit fixé sur un seul but. Il croisa plusieurs voisins sans leur adresser la parole, ni même un petit signe. Il n'y avait qu'une personne au monde qu'il voulait voir. Enfin il arriva chez lui. Le garde n'était pas à son poste. Sans doute était-il resté avec sa famille. À cette pensée, le cœur de Hank se serra un peu plus. Il traversa en vitesse et en glissant la cour verglacée et se jeta contre la porte, qui grinça sous le poids. Il cria le nom de Sin fo, mais n'obtint aucune réponse.

Refusant de se rendre à l'évidence, Hank parcourut tous les couloirs, ouvrit toutes les portes, fouilla toutes les pièces. Dans le dernier couloir, la fatigue et la fièvre le rattrapèrent. Il pressa sa main gauche sur son front et dut s'appuyer le long du mur pour conserver l'équilibre. Il reprit son souffle quelques instants et poursuivit ses recherches. Finalement, il arriva dans le petit salon. Il s'approcha des fauteuils et vit sur la table les deux assiettes qu'il avait préparées la veille. Quelques heures seulement s'étaient écoulées, et pourtant Hank avait l'impression d'avoir perdu Sin fo depuis des mois. Il tomba à genoux sur le tapis, prit son visage dans ses mains, et pour la première fois depuis des années, il pleura.

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