Chapitre 20 Une étape reposante ? - Partie 2

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 Le soir, Hank descendit avec ses amis pour le dîner. Personne n'était sorti depuis une semaine, il n'y avait donc eu aucun problème avec les djaevels, et par conséquent aucun fait notable pour pimenter les conversations. C'est pourquoi nos héros provoquèrent une vague de murmures en pénétrant dans la cuisine ce soir-là.

 Beaucoup de choses avaient été dites sur Hank, mais comme personne ou presque ne l'avait vu, les allégations sur son aspect et sa santé étaient allées bon train. Personne ne s'était attendu à ce qu'il quitte sa chambre aussi vite, et certainement pas sur ses deux jambes. Quelques femmes firent également quelques commentaires discrets sur diverses parties de l'anatomie du jeune homme en gloussant. Nos héros firent semblant de ne pas entendre qu'on parlait d'eux et s'installèrent à leurs places habituelles, au bout de la table.

 Le repas se déroula normalement, et au moment du dessert, Hank se leva et demanda l'attention, ce qui s'avéra inutile, car tous les regards étaient déjà tournés vers lui. Le jeune homme n'était pas habitué à parler devant tant de monde, et il bafouilla un peu en commençant :

– Euh, bonsoir à tous, je pense que vous le savez, mais je suis Hank, le mari de Sin fo. Avant tout, je voulais vous remercier pour l'hospitalité dont vous avez fait preuve. Ensuite je tiens à rétablir la vérité à mon égard. J'ai entendu ce que vous disiez sur moi tout au long de ce repas. Certains d'entre vous m'attribuent des faits héroïques et une guérison miraculeuse. Tout ça est très gentil, mais je suis juste un type ordinaire qui a eu beaucoup de chance. D'autres au contraire me voient comme un monstre qui tue les gens et vole les innocents. C'est bien évidemment un tissu de mensonges ! Je le répète, je ne suis qu'un homme normal, qui tente de survivre et de protéger sa femme et ses amis. Quoi qu'il en soit, ce que vous pensez de moi, de nous, n'a plus vraiment d'importance, car nous partirons d'ici deux jours.

 L'homme à la barbe renifla bruyamment et lâcha un juron qu'il camoufla en quinte de toux. Hank lui demanda :

– Il y a un problème ?

– J'ai rarement vu un tel ego. Vous pensez réellement que votre vie et ce que vous en faites nous intéresse ?

 Hank fut pris de court par l'agressivité de l'homme. Sin fo se leva et prit le relais.

– Nous avons une dernière chose à vous faire savoir avant de vous laisser tranquilles.

 Elle lança un regard noir à son interlocuteur en prononçant les derniers mots.

– Peut-être vous fichez-vous de nos vies, mais ce que j'ai à vous dire vous intéressera sûrement. Je propose à tous ceux qui le souhaitent de venir avec nous.

– Pourquoi ferions-nous ça, questionna une femme en milieu de table.

– Tout simplement pour votre sécurité. Vous pensez être à l'abri ici, mais ce n'est pas le cas. Vous vivez au milieu de centaines de djaevels et vous ne faites rien pour les éliminer. Ces murs vous protégeront un temps, mais vous ne pourrez pas vous terrer éternellement, et quand vous sortirez, ils vous tueront.

– Donc ce que vous conseillez, c'est d'aller directement à leur rencontre ?

 Un rire parcourut l'assemblée.

– Bien sûr que non, répondit patiemment Sin fo. Je suggère de partir avant qu'il ne soit trop tard.

– Prendre la route, et vivre comme des vagabonds, comme vous ?

 En entendant cela, Tabatha se leva en sursaut et explosa :

– Je ne vous permets pas ! Comment osez-vous nous insulter de la sorte ?

– Calme-toi Taby, tempéra Sin fo en posant une main sur son poignet.

 Jacob tenta de la faire se rasseoir en lui saisissant la main, mais elle se dégagea.

– Non ! Laissons ces idiots se cacher comme des rats s'ils le souhaitent. Après tout, cela ne nous regarde pas !

– Non Tabatha, la sermonna son compagnon, ils nous ont recueillis, c'est la moindre des choses que de leur donner le choix.

 Sin fo reprit à l'adresse des convives :

– Vous avez une piètre image de nous, mais sachez que nous ne sommes ni des vagabonds, ni des bandits. Nous sommes en route pour mon village natal et tous ceux qui nous suivront y seront les bienvenus.

– Qu'est-ce qui vous fait croire qu'on sera plus en sécurité là-bas qu'ici ?

– Mon village a été bâti au milieu d'un lac, et au cours des siècles, personne n'a jamais pu entrer de force dans la ville. Je n’ai pas l’impression que les djaevels sachent nager, et la ville a été construite de telle sorte qu'on ne puisse y pénétrer que par un seul et unique pont.

 Plus personne ne parlait, et Sin fo vit que son discours avait touché son auditoire.

– Nous partirons dans deux jours. Que ceux qui veulent nous suivre commencent à rassembler leurs affaires. S'il vous plaît, ne vous encombrez pas inutilement, car nous ne savons pas combien de jours nous devrons marcher avant d'atteindre Ts'ing Tao. Merci de votre attention, bonne soirée à tous.

 Nos quatre héros se levèrent de table et quittèrent la pièce, laissant leurs hôtes à leur réflexion.

 Le lendemain, toute la maison était en effervescence. Des gens couraient d'une pièce à l'autre, s'interpellaient entre les étages, d'autres se réunissaient en petits groupes et parlaient à voix basse. Nos quatre héros descendirent de leur chambre en même temps et se séparèrent en bas des marches. Jacob partit vers le jardin avec les deux filles, tandis que Hank alla leur chercher de quoi déjeuner en cuisine.

 Là, il rencontra Falmina, qui touillait son café d'un air absent. Ils se saluèrent, et tout en servant quatre tasses de café, Hank demanda à la femme :

– Pourriez-vous nous rendre encore un service Falmina ? Nous voulons partir demain, mais nous n'avons plus rien. Bien sûr il nous reste nos vêtements et nos armes, mais toute notre nourriture est maintenant périmée. Alors si vous pouviez...

– Je vous arrête tout de suite, je n'ai rien à vous fournir. J'aurais aimé vous aider, mais je ne peux pas me départir de mes réserves, d'autant que l'hiver approche à grand pas. Je ne peux vous offrir que des couvertures et mes vœux de réussite. Je regrette que vous partiez, vous et vos amis. Vous m'étiez sympathiques. Et je ne vais pas perdre que vous. Votre femme a convaincu de nombreuses personnes de la suivre.

– Oui, elle sait être très persuasive, acquiesça Hank avec un sourire.

– Je vais vous faire une confidence. Je crois que c'est vous qui avez raison. Malgré tous les bons moments que j'ai passés entre ces murs, je sais qu'ils ne nous protégeront pas éternellement. Je vous aurais suivis si j'avais pu, mais je ne peux pas quitter ceux qui souhaitent rester.

– Vous pourrez toujours nous rejoindre si vous changez d'avis, proposa Hank. Nous ferons route plein nord. Ne vous inquiétez pas, nous nous débrouillerons pour trouver à manger. À plus tard.

 Hank prit les quatre tasses de café fumantes et les amena dans un équilibre plus que précaire jusqu'au jardin, où il retrouva ses amis. Après avoir bu quelques gorgées, Hank leur raconta sa conversation avec Falmina.

– Apparemment on aura pas mal de compagnie sur la route. Falmina peut nous fournir un peu de matériel, mais pour la nourriture, il va falloir qu'on cherche ailleurs. Je vais aller fouiller quelques maisons aux alentours, voir si je peux trouver quelque chose d'utile. Sin fo, tu veux bien m'accompagner ? Si je croise des djaevels, je serai bien content de t'avoir avec moi. Jacob de votre côté, essayez de savoir combien de personnes viennent avec nous, et qui ils sont exactement. Les tuiles ont un peu tendance à s'accumuler autour de nous, donc j'aimerais autant n'emmener avec nous que des personnes en qui nous pouvons avoir confiance. Taby, tu peux peut-être demander à Maxou de te renseigner.

– Maxou ? Qui est Maxou, questionna Jacob en fronçant les sourcils.

 Tabatha mit une claque sur le bras de Hank.

– Mais ce n'est pas vrai, tu es plus bavard qu'une pie !

– Bon, nous on vous laisse. Tu viens Sin fo ? Laissons-les s'expliquer.

 Tandis qu'ils s'éloignaient en hâte, laissant derrière eux la petite princesse criant à Jacob qu'il n'avait pas d'ordres à lui donner, Sin fo demanda à Hank :

– Taby s'est fait un ami ?

– On peut dire ça. C'est un drôle de garçon, qui a l'air gentil comme tout. J'espère qu'il viendra avec nous.

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