Chapitre 17

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- Madoff, laisse le tranquille, dit Lucy au gars.

C’est donc lui le fameux Madoff.

Si je n’avais pas les bras en compote je l’aurais bien atomisé à coup de carotte. Après tout ce qu’il a fait endurer à Lucy, ce ne serait pas trop cher payé.

Il la vise désormais.

- Je vois que tu t’en es sortie, mais pour combien de temps ?

- C’est à moi que tu en veux. Il n’y est pour rien, lui répond Lucy.

- C’est exact, je t’en veux énormément. Mais je vais le buter juste pour le plaisir. Et regarde-toi, lorsqu’on faisait équipe t’avais plus de classe, tu ressembles à une trainée. Une famille innocente ne te suffit pas ? Il faut que je décime une ville entière pour t’atteindre ? Non bien sur…Lucy n’a pas d’attache. Rien ne la touche.

Il retourne le flingue contre moi, le doigt sur la gâchette.

- Tu vois Lapin, tu ne manqueras à personne…

Il appuie sur la détente. Le temps s’arrête…

Je reste figé. Le coup part.

Je vais me prendre une balle dans la tête par un connard jaloux et égocentrique.

Je me suis cassé le cul à dérouiller une bande de mutants dépravés, j’ai neutralisé une fillette de six ans, tout ça pour crever sur le trottoir d’une boîte à partouze.

Je cherche Lucy des yeux, histoire de l’admirer une dernière microseconde, partir avec son image dans mon esprit.

Je ne la vois plus. Je ne la verrai plus.

Je ne vois que les clients de la boîte. Ils ont assisté à un carnage collectif, ils terminent leur soirée par une exécution de sang-froid. Tiens, ça se rafraichit on dirait. Manquerait plus qu’il pleuve.

Je n’aime pas la pluie.

Encore la pluie, bon ça va, le pire c’est le vent, t’allumes à peine une clope qu’elle se consume en deux secondes.

Et puis, tu prends de la poussière plein la gueule, ça te décoiffe, quoique, si tu mets la dose de gel, normalement ça bouge plus alors que s’il pleut, ça dégouline sur le front c’est…

Le temps reprend son cours.

Lucy se jette sur moi et me pousse sur la route. Elle se prend la balle dans le bras.

Ouf.

Surpris d’être encore vivant je reste inerte en plein milieu de la voie.

Décidément ça n’aura pas servi à grand-chose, une voiture fonce à toute allure dans ma direction.

Vu sa vitesse, elle n’aura pas le temps de freiner.

Le gamin à l’arrière de la caisse hurle à son père.

- Papa attention, le lapin !

Son père, pris de court, braque le volant.

Il me frôle. Passe à côté de moi.

Me regarde.

Doit se dire « ils sont grands les lapins dans la région » continue sa route, percute Madoff de plein fouet qui traverse le pare-brise et se retrouve à moitié sur le siège passager.

La place du mort.

Le véhicule finit sa course, froissé contre le mur du « Cachot ».

- Ça va, tu n’as rien ? me demande Lucy.

La fille s’est prise une balle dans le bras et me demande si je vais bien.

Une sirène de police retentit.

Normal, avec tout ce qui s’est passé. Et encore je trouve qu’ils ont pris leur temps.

- Faut pas trainer.

Lucy siffle un taxi. Il s’arrête. Elle me relève, me jette dedans et ferme la porte.

- Tu fais quoi ? Tu viens pas ? je lui demande.

- Non écoute, Madoff m’a mise dans une merde monstre, je ne veux pas que tu sois mêlé à ça. Je vais me mettre au vert pendant un moment, histoire de me faire un peu oublier. N’essaie pas de me contacter. C’est moi qui t’appelle… ok ?

Je suis abasourdi. Je reste sans voix. Les sirènes se rapprochent.

Elle me file un baiser sur le front, me fait un clin d’œil et tape sur le capot du taxi.

Il démarre.

Elle s’en va. Seule.

Le taxi me demande où l’on va.

Je lui réponds « tout droit » en regardant par la fenêtre. Qu’est-ce que je vais faire sans elle. Et surtout qu’est-ce qu’elle va devenir.

Le taxi insiste pour connaitre l’adresse exacte.

Il me gonfle.

Je m’approche du siège conducteur.

Le regarde.

- Oui ? Qu’est-ce qu’il se passe ? me demande le taxi.

Un taxi de taille moyenne, le front dégarni avec une petite moustache. Le genre de petit moustachu salace qu’on retrouve dans tous les coins un peu louches.

Mais combien y’a t’il encore de Jean-Clone dans cette putain de ville ?

Je lui dis.

- Arrêtez-moi par là.

- Par là ? me demande-t’il, mais il n’y a rien ici.

- Oui je sais.

Il n’y a rien.

C’est un coin tranquille comme je les aime.

Une ruelle sombre et sinistre.

Le pauvre. Personne ne va l’entendre mourir.

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