chapitre 9

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Lucy se prépare, ce soir on est de sortie.

C’est vrai qu’au début on n’était pas très chaud. Le cas Jean-Clone nous avait un peu refroidis.

Mais après réflexion, on ne pouvait pas laisser ces gars en liberté.

Et puis Franck Wash nous avait bien précisé que les agents les plus dangereux étaient cloîtrés au QG.

QG qui a « accidentellement » été réduit en cendres avec ses locataires.

Donc, le plus gros est fait. On va s’occuper du reste.

Ça ne devrait pas être trop dur. Du moins, si on arrive à les retrouver.

C’est là tout le problème.

Mais faut bien commencer quelque part et j’ai ma petite idée.

- C’est bon je suis prête.

Lucy est divine comme d’hab. Mais ce soir pas question d’allumer des mecs au pif. Ce serait chercher une aiguille dans une botte de foin.

Ce soir, c’est moi qui m’y colle. J’ai mes sources.

- Bon ben, du coup on prend ta caisse, je lui dis d’un air désolé.

- On va où ?

- T’inquiète, je te guide, Lapin va mener l’enquête.

- Sérieux ? Tu sors comme ça ?

Ben ouais, je commence à être connu dans le milieu. Je prends ma batte, on ne sait jamais.

On sort.

Ce qui est bien avec Lucy, c’est qu’on n’a pas besoin de chercher sa caisse pendant trois heures.

Elle est toujours garée en vrac sur un trottoir, le cul à moitié sur la route, prête à se faire rentrer dedans.

No comment…

On rentre dans la voiture, elle prend le volant.

Elle ne me demande même pas si je veux conduire. C’est sa caisse.

Elle démarre, je la guide.

- Alors on va où ?

- Vas-y, prends la contre-allée et tu files direction le centre.

- T’as un plan ? Tu sais où chercher ?

- Yes, je connais des personnes qui ont pignon sur rue.

- Et c’est qui ?

- Des… personnes qui voient passer … beaucoup de monde.

On arrive dans le centre-ville, je m’équipe.

Micro, oreillette. Lucy fait de même.

Je lui demande de s’arrêter devant une brasserie.

- Bon, voilà le plan. Tu vas te caler dans le bar, tu restes en ligne. Je préfère y aller seul, ça passera mieux.

- Ok mais c’est où ?

- Là ! Juste la petite rue derrière.

Lucy regarde la rue. La reconnaît.

Elle me dévisage et me dit.

- C’est là ? C’est là que tu vas ? C’est la rue des putes ! C’est ça ton plan ? Tes relations, le milieu, tu me laisses dans un bar et tu va voir les putes ? Dans ma voiture ! Lucy s’énerve.

Je tourne la tête, regarde en l’air, je suis un peu gêné mais j’ai un plan et je lui explique.

- Bon ça va, c’est pour le boulot.

- Ouais le boulot…

- Écoute, ces gars sont chauds du cul, s’ils veulent faire leurs délires sans se faire remarquer, il ne leur reste plus que les professionnelles.

Lucy ne dit rien. Sort de la voiture. Je prends le volant. J’ouvre la fenêtre, elle se tient devant moi.

Elle est un peu sceptique.

Je lui demande.

- Par contre, t’as du fric sur toi ?

- En plus c’est moi qui régale ?

- Je suis en lapin, j’ai pas de poches, soit pas idiote.

Elle me sort quarante unités. Je les prends.

- C’est tout ce que t’as ?

Elle devient rouge. Je crois qu’elle s’énerve légèrement. J’insiste pas.

Elle file dans le bar, enfile ses oreillettes et dit dans le micro.

- T’as pas intérêt à rentrer bredouille, parce que moi tes couilles, je te les vide mais à coup de cutter.

- Oui... Oui... Je dis tout doucement.

Je démarre et longe la rue. Y’a du monde. Y’a du choix.

Je roule doucement. Les filles me matent.

Je dois trouver la bonne.

Qui je choisirais si j’étais un gros dégueulasse voulant assouvir un appétit sexuel démesuré.

Elle.

Je m’arrête.

La fille s’approche. Se baisse et s’appuie à ma fenêtre.

- Lapin ? Comment ça va bébé ? me dit Rita, toute contente.

Mon oreillette siffle. Lucy.

- Sérieux, tu la connais ?

Je lui réponds discrètement.

- Mais non, je ne connais pas cette fille.

Rita m’attrape par le cou et me lance.

- J’étais morte d’inquiétude, j’en parlais justement aux filles, c’est bizarre, c’est mardi et y’a pas Lapin.

- Pauvre mec…

- Tu montes ? je lui dis d’un air pressé.

Rita s’installe et me montre un endroit à l’ écart. Son endroit.

- On fait la spéciale comme d’hab. ?

- Non pas ce soir, je vais plutôt partir sur une classique, je suis crevé.

Rita fait une petite grimace tristounette, me caresse l’épaule et me lance un « pauvre chou » tout en baissant mon pantalon.

Elle fait son affaire...

- Ça va je te dérange pas ? me dit Lucy, agacée.

Serait-elle jalouse la petite sauvageonne ?

Retour aux affaires, je commence à la travailler.

- Plus doucement là.

Bon ça va, allez, je la questionne sérieusement.

- Dis-moi, t’as pas eu une clientèle un peu spéciale depuis quelques jours ?

Elle stoppe et me regarde.

- Spéciale, quel genre ?

Je lui rabaisse la tête entre mes jambes. Merde, j’ai quand même payé.

- Ben, genre des gars particuliers.

- Genre habillé en lapin ?

- Non genre vraiment bizarre, tu vois, qui font des trucs un peu contre nature, avec des capacités hors du commun.

- Ben y’a Carol qui rend visite à des clients qui ont des demandes spécifiques.

- Ah ouais, et elle bosse ce soir ? Elle prend combien ?

- Elle n’est pas là, mais un jour elle m’a demandé de l’accompagner chez un type. Un petit vieux. Barney. Il voulait deux filles. Je me suis dit, un petit vieux, ça doit être marrant, en plus Carol elle est trop drôle un jour elle m’a raconté une blague, c’est un gars qui….

- Oui je connais, c’est très drôle, je la coupe d’un ton sec.

- Et maintenant que t’en parles, le type était vraiment spécial.

- Continue…

- Il était vraiment très vieux, et il voulait nous baiser dans le noir.

- Pas très spécial ça, je dis un peu déçu.

- Attends. Une fois la lumière éteinte, le gars nous a baisées comme un jeune fou de vingt ans, il ne s’arrêtait plus, même Carol a fait une pause. Je suis restée encore un peu sur lui, son torse était musclé, tendu, rien à voir avec le petit vieux qui nous avait reçues

- Ben, ils étaient peut-être deux.

- Nan, il était seul. Une fois terminé, il a rallumé, il était là. Tout fripé, vieux. Il avait même du mal à remettre son froc.

Ça m’intéresse ça. Je lui file un calepin et un stylo.

- Tu peux me donner son adresse ?

- Bien sûr.

Elle l’écrit. J’ai une piste. On va pouvoir partir à la chasse.

- Merci Rita

- De rien mon lapinou.

- De rien mon lapinou, bon ça y est ? On peut y aller ? me dit Lucy, un brin blasée.

- Je vais y aller, on m’attend… Je regarde Rita, lui souris, et lui chuchote.

- Par contre t’es pro, tu finis le boulot.

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