Chapitre 7

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Je ne l’écoute même plus je lance des petits crachats vers la fillette.

Elle hurle, tremble de plus en plus.

« Lapin! Lapin ! Lapin ! Lapin ! »

Sa voix se fait de plus en plus grave.

Franck me réprimande.

- Arrêtez, ne faites pas ça !

La fillette commence à se déformer tandis que sa voix devient rugueuse.

Ses coups sur la vitre font trembler toute la pièce.

- Elle est solide votre vitrine ? je demande à Franck d’un air victorieux.

- Ce n’est pas une vitre, mais un champ électromagnétique, arrêtez tout de suite ce cirque, on risque la surchauffe !!

Il est paniqué.

J’ai eu du flair. Ça marche comme prévu.

Je dirais même que ça marche un peu plus que prévu.

La fillette grandit. Grossit. Elle double de taille. Sa peau devient noirâtre.

Toujours dans le brouhaha des coups, Franck panique et cherche nerveusement quelque chose dans sa veste. Surement un flingue pour m’abattre.

« Lapin ! Lapin ! Lapin ! »

Sa voix devient caverneuse et puissante.

J’arrête de tirer la langue quand je m’aperçois que ce n’est plus une fillette que j’excite.

Lilly s’est transformée. Je suis figé devant ce spectacle.

Ce qui avait été une petite fillette a laissé place à un mastodonte de trois mètres avec une tête de sanglier.

Elle hurle à la mort.

Ses immenses bras musclés bourrinent le champ de force. Une brute bestiale, brutale, poilue, et … masculine.

En effet, détail choquant, sa forme monstrueuse est pourvue d’une paire de couilles et d’un énorme sexe qui virevolte pendant sa démonstration de force.

Une alarme retentit.

De la fumée s’échappe du plafond.

C’est l’heure de la surchauffe.

Lilly, enfin si on peut toujours l’appeler comme ça, porte un ultime coup ravageur.

Le champ de force éclate dans un vacarme assourdissant. Des étincelles jaillissent du plafond avant que celui-ci n’explose.

Le souffle de l’explosion est tellement puissant qu’il balaye tout sur son passage.

Je n’y échappe pas et décolle du sol pour atterrir deux mètres plus loin contre le mur qui stoppe net ma course. Ma chaise n’a pas résisté à l’impact et se brise.

Mais je crois que la chaise n’est pas la seule à s’être brisée à en croire la douleur qui me lance dans le dos.

Je me relève péniblement. Je me détache.

Je suffoque.

La fumée et les flammes ont envahi le salon.

Je distingue des corps inertes. Surement les voisins de Lilly. Pas de trace de Franck.

Le temps presse, faut que je retrouve ma Lucy au plus vite si on ne veut pas mourir brulés vifs.

Je rentre dans une des chambres, vide avant l’impact, elle contient en effet une sortie qui doit mener à la fameuse salle de jeux.

Mouais…

Pour l’instant elle mène à un long couloir donnant sur plusieurs pièces.

Je pars en courant en regardant furtivement des deux côtés du couloir.

À droite rien. À gauche rien.

Je cours.

À droite rien. À gauche rien.

Je cours.

À droite une fille allongée par terre. À gauche rien.

Je cours.

Je stoppe. Cligne des yeux. Secoue la tête.

Fais marche arrière et rentre dans la pièce.

Lucy enfin…

Je rentre dans la salle de jeux.

Je m’attendais à voir des billards, un baby-foot.

Une salle de jeux, quoi !

Les murs sont couverts de posters de bimbos, le genre de poster que tu retrouves dans les cabines de routiers.

Des tas de poupées gonflables bien entamées trainent dans les coins.

Et au milieu, gît Lucy, inconsciente, le jean et la culotte baissés jusqu’aux genoux.

Elle a dû passer un sale quart d’heure la pauvre.

Je m’approche d’elle, elle est trempée des pieds à la tête, toute collante et poisseuse…

Merde, elle est couverte de foutre.

J’essaie de la relever, elle respire encore. Elle râle.

Elle reprend ses esprits, lève les yeux vers moi, se retourne et vomit un énorme jet blanchâtre et visqueux.

Beurk, je manque de gerber à mon tour !

- Les bâtards ils m’en ont mis plein la tronche, éructe Lucy en crachant des restes.

- Merde, qu’est ce qu’ils t’ont fait ! Est ce qu’ils t’ont…

- Violé ? Non… Y’en a un qui a essayé mais il bandait mou, deux autres se sont branlés sur ma gueule et m’ont arrosée…

Elle tousse et reprend.

- J’ai cru que j’allais mourir noyée ! Ça doit faire des mois qu’ils n’ont pas envoyé la purée, putain !

C’est con mais ça me rassure. Une bonne douche et c’est plié.

Faut qu’on se tire d’ici au plus vite, les flammes ne vont pas tarder à nous coincer.

Lucy s’appuie sur mon épaule.

Mais au moment de sortir de la salle de jeux, elle tourne la tête et se dirige dans un coin de la pièce.

Je vois un gars recroquevillé par terre, en train de parler seul tout en se balançant.

« Je ne comprends pas, je ne sais pas ce qui s’est passé.

D’ habitude ça fonctionne très bien. Hein…personne ne s’est jamais plaint. Au contraire… Au contraire… J’ai toujours eu de très bons retours... Je… »

- C’est le connard qui a voulu me la rentrer, hurle Lucy tout en titubant vers le gars.

Je la suis, essaie de la rattraper, faut qu’on se dépêche.

Elle se jette sur lui et lui flanque un plat du pied dans la mâchoire.

Son pied s’enfonce dans sa tête et heurte le mur.

Elle le retire et le visage du gars reprend sa forme.

Je comprends maintenant pourquoi le type bandait tout mou… Il est aussi malléable que du caoutchouc.

Lucy insiste et s’énerve de plus en plus. Tous ses coups s’enfoncent dans le corps élastique.

- Laisse-le ça sert à rien, je lui dis.

- Nan ! Il va payer pour ses petits collègues.

Lucy attrape la lèvre supérieure du mec, la tire et lui recouvre la tête comme on retourne une chaussette.

L’effet est assez perturbant.

Elle le relève et le balance par terre. Le type rebondit aux quatre coins de la salle puis finit sa course en marmonnant un truc incompréhensible.

Pris de panique, il secoue ses bras dans tous les sens.

Il est en train de s’étouffer avec sa lèvre qui, le recouvrant en intégralité, l’empêche de respirer.

Il agonise quelques secondes puis meurt asphyxié.

Lucy le regarde crever avec dégoût.

Je peux la comprendre.

Elle aurait voulu s’occuper des deux autres qui l’ont souillée mais aucune trace d’eux. Ils ont dû se planquer quand le champ de force a explosé.

Mais maintenant faut se barrer si on ne veut pas finir grillés.

On retourne au salon en flamme, je distingue parmi l’écran de fumée, le couloir menant à la réserve du vidéo club.

Ça y est, on va s’en sortir.

Dire qu’on était tranquille chez moi en train de picoler, je n’aurais pas dû fumer la dernière clope…

Je sursaute.

Parmi le crépitement des flammes, j’entends un hurlement de terreur à vous en faire hérisser les poils.

Franck Wash.

Je dépose Lucy contre la porte.

- Attends-moi deux secondes.

Et file secourir Franck.

Je sais, il a voulu nous tuer, c’est un salopard mais bon dans ces moments là, on ne réfléchit pas.

Je ne fais que trois pas que je comprends pourquoi Franck hurle comme un taré.

Ce n’est pas la peur de mourir brulé qui le fait gueuler comme une gamine, mais de se faire dévorer vivant par Lilly.

Du moins son alter-ego poilu.

Elle se jette sur Franck et commence à lui bouffer les entrailles.

Franck tient dans sa main une petite bombe de parfum et l’agite avant de la laisser tomber par terre.

Elle roule et finit sa course à mes pieds.

Franck me regarde et me hurle.

« Asperge-la ! Le parfum… Asperge-la ! »

Je ramasse la bombe. Lucy m’attrape le bras. Me prend la bombe des mains.

- Laisse-le crever ce connard.

Elle franchit la porte menant à la réserve.

Je regarde Franck d’un air désolé, hausse les épaules.

En même temps c’est un salopard, il a voulu nous tuer.

Lilly s’en prend maintenant à sa gorge pour terminer par lui gober la tête. Elle s’en met de partout. Elle bouffe vraiment comme un cochon.

Je me retourne discrètement pour ne pas attirer son attention, suis Lucy dans la réserve et laisse Lilly digérer tranquillement, bien au chaud dans le salon enflammé.

- T’es garé où ? me demande Lucy.

- Là, je lui réponds en lui montrant ma caisse défoncée contre le comptoir du vidéo club.

Elle soupire.

- On va rentrer à pied, ça va me faire du bien de prendre un peu l’air.

Je lui souris.

- Tu vas surtout prendre une douche.

Elle me fixe.

Se branle la gorge et par à-coup, me lance des petits crachats sur la gueule.

Elle se marre et me dit.

- Tiens, tu vas voir ce que ça fait, tout en continuant de me balancer des giclettes.

On rentre à pied. Dure fin de journée.

« Au fait t’as pensé à acheter les clopes ? »

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